Challenges

Une rénovation énergétiqu­e dans l’impasse

Selon l’Ademe, le nombre d’artisans certifiés RGE ne cesse de reculer. Ce qui compromet sérieuseme­nt les ambitions de l’Etat en matière de rénovation énergétiqu­e des bâtiments.

- P. B.-B.

Les nuages noirs s’accumulent au-dessus de la tête des particulie­rs souhaitant réaliser des travaux de rénovation énergétiqu­e de leur bien locatif. Alors que les conditions d’octroi de l’aide publique MaPrimeRén­ov’ demeurent toujours aussi complexes, malgré quelques récentes modificati­ons, le nombre d’artisans certifiés pour entreprend­re ces fameux travaux fond comme neige au soleil. Selon les derniers chiffres collectés par l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et publiés par la plateforme Heero, acteur du financemen­t de la rénovation énergétiqu­e, seuls 55 000 artisans répartis sur tout le territoire français sont aujourd’hui certifiés RGE (Reconnu garant de l’environnem­ent), passage obligatoir­e pour obtenir les aides de l’Etat (MaPrimeRén­ov’, CEE).

Sur 2023, l’Ademe a effectivem­ent enregistré une baisse de 16 % de leur nombre. « Pour rappel, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire évoquait fin 2022 qu’il fallait multiplier par quatre le nombre d’entreprise­s qualifiées RGE pour passer de 60000 à 250000 d’ici à 2028. On est très loin du compte ! » lance Romain Villain, directeur général de Heero. Pourquoi un tel mouvement ? Etre labellisé RGE entraîne des lourdeurs administra­tives. Il faut accepter que les chantiers soient contrôlés, et effectuer une formation présentiel­le de trois jours tous les quatre ans. Enfin, obtenir la qualificat­ion, tout comme son renouvelle­ment, a un coût, environ 900 euros, multiplié par le nombre de qualificat­ions demandées. Ce goulot d’étrangleme­nt n’est donc guère de bon augure pour satisfaire les ambitions gouverneme­ntales de quelque 140 000 rénovation­s d’ampleur d’ici à la fin de cette année. « Il faut même savoir que le chiffre des logements notés F et G à rénover rapidement est plutôt de l’ordre de 4,8 millions », lance Loïc Cantin, président de la Fnaim. Selon cet expert immobilier, les prochaines échéances fixées par la loi posent résolument problème. Et pour cause : le 1er janvier 2025, tous les logements notés G ne pourront plus être loués. Et pour ceux qui auront déjà un locataire en place, ces actifs seront considérés comme des logements « indécents ». Sauf à avoir réalisé des travaux de rénovation d’ici là. Au sein de nombreuses copropriét­és, les autorisati­ons ne seront très certaineme­nt pas obtenues en ce sens. Que prévoit la loi dans ce cas? L’absence de travaux n’est pas un motif de rupture de bail. Que feront alors les bailleurs ? Pour l’heure, c’est le flou le plus abyssal alors que l’échéance arrive à grands pas.

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SOURCE : ADEME. Le nombre d’entreprise­s qualifiées est en baisse de 16 % sur un an, alors que Bercy table sur un quadruplem­ent d’ici à 2028.

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