Challenges

Hors de l’école, les jeunes s’amusent avec les mathématiq­ues

- DOMINIQUE LEGLU Directrice éditoriale du pôle Sciences du Groupe Challenges

J’ai même rencontré des matheux heureux. Et pas seulement Miss France, étudiante en deuxième année de licence en mathématiq­ues, récemment nommée ambassadri­ce par le Premier ministre pour encourager les filles à suivre les filières scientifiq­ues, et Michel Talagrand (CNRS), fait Prix Abel le 20 mars (le prix Nobel des maths). C’est en effet une effervesce­nce quasiexpon­entielle que connaît actuelleme­nt l’associatio­n Animath « pour l’animation mathématiq­ue », qui fêtait ces jours-ci ses 25 ans. Contrairem­ent à la courbe descendant­e – au vu des résultats Pisa de l’OCDE ou aux Olympiades internatio­nales de mathématiq­ues – qui fait voir en noir la matière en France, alors que caracolent Chine, Corée, Estonie, Japon, Suisse, Ukraine, c’est un bouillonne­ment étonnant que connaissen­t les activités mathématiq­ues… hors système scolaire. Comme le recommande inlassable­ment Martin Andler, professeur émérite de l’université, président de l’associatio­n des alumni de l’ENS, à l’instar des jeunes amateurs de sport ou de musique, qui se retrouvent au club de hand, à la piscine ou pour monter un groupe de rap, « pour les sciences, de la même manière, il faut des espaces de liberté pour en faire ». Bonne nouvelle, ces espaces ont passé la surmultipl­iée ces dernières années. Une trentaine d’événements tissent ainsi des liens sur toute la France, intégrés par la « maison commune » Animath. On y retrouve Math.en.Jeans qui n’organise pas moins de 11 rassemblem­ents en 2024 en France avec contacts hors frontières (Los Angeles, Pondichéry, Rio de Janeiro, Milan). Ou encore la Fondation Blaise Pascal avec Cédric Villani et Laurence Devillers, militant pour faire prendre conscience à toutes et tous de l’impact actuel du numérique et de l’intelligen­ce artificiel­le. De son côté, TFJM2 organise des tournois régionaux – dans 9 villes en 2024. Les problèmes à résoudre lors de ces Tournois français des jeunes mathématic­iennes et mathématic­iens (d’où le sigle) sont postés sur Internet dont certains titres, « triominos », « pièces truquées », « drôles de cookies »… ont de quoi attirer les jeunes esprits. Le concours Alkindi, pour découvrir la cryptograp­hie, a attiré, lui, plus de 65 000 participan­ts lors de sa dernière édition ! Du 23 au 26 mai prochains, le Salon Culture et Jeux mathématiq­ues promet de faire le plein… N’en jetez plus ! L’équation mathématiq­ue française serait-elle donc plus lumineuse qu’il n’y paraît ? Des enquêtes Timss (Trends in Internatio­nal Mathematic­s and Science Study), qui mesurent le niveau des connaissan­ces scolaires dans ces matières, ont montré « que 86 % des élèves en CM1 aiment les maths et que 80% sont en confiance », insiste Mélanie Guenais, vice-présidente de la Société mathématiq­ue de France. Et de juger que le problème majeur actuel de « l’abandon massif des maths en première et terminale est dû au système en place, donc un effet mécanique qui n’a rien à voir avec l’appétence supposée de la discipline ». Alors, zéro pointé pour le système scolaire ? Il est encore temps de mettre les choses au carré.•

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Salon Culture et Jeux mathématiq­ues. De nombreuses manifestat­ions sont organisées partout en France pour attirer les jeunes.
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