Challenges

GREENTECH IMPACT

- Contact : lucie.doriez@k-ren.fr

L’argent afflue dans la tech écolo, qui a raflé un tiers des financemen­ts en 2023. La mobilité électrique joue les locomotive­s, avec notamment les levées de Driveco (bornes de recharge, 250 millions)… doublée en janvier par sa rivale Electra (300 millions). La transition vaut aussi pour les logements, profitant à Accenta (chauffage, géothermiq­ue, 108 millions) et Mylight150 (gestion de panneaux solaires, 100 millions). Et il y a aussi à faire pour décarboner l’industrie, la chimie, le BTP, le textile… Le secteur dépend cependant des réglementa­tions et aides dans le cadre du Green deal européen. Or le gouverneme­nt vient de rétropédal­er sur plusieurs mesures, semant le doute. Mais selon Maya Noël, de France Digitale, il n’y a pas de marche arrière possible, « grâce aux nouvelles normes comptables qui, d’ici à 2026, obligeront les entreprise­s à évaluer précisémen­t l’impact RSE de leurs activités ». Une arme anti‑greenwashi­ng. Biomemory CAPITAUX RECHERCHÉS 50 millions d’euros

Les data centers consomment 2 % de l’élec‑ tricité mondiale, émettent 2% du CO2,et leur croissance est exponentie­lle. Le biolo‑ giste du CNRS Stéphane Lemaire déve‑ loppe une alternativ­e verte avec le stoc‑ kage de données sur de l’ADN de synthèse.

« Le gain environnem­ental est énorme, explique Erfane Arwani, PDG de la start‑ up cofondée en 2021 avec Stéphane Le‑ maire et son collègue Pierre Crozet. L’intégralit­é des données de l’humanité pourrait être stockée dans l’équivalent d’une boîte à chaussures, sans besoin d’énergie. » De plus, alors que l’ADN de synthèse est habituelle­ment fabriqué avec des composants pétrochimi­ques, ici, il est biosourcé. Après avoir levé 5 millions d’eu‑ ros, Biomemory cherche des financemen­ts lourds pour développer d’ici à 2026 son

« serveur moléculair­e » capable de stoc‑ ker 100 petaoctets dans un rack standard. Contact : erfane@biomemory.com

Hylico CAPITAUX RECHERCHÉS 35 millions d’euros

La conversion des poids lourds à l’hydro‑ gène demande un investisse­ment prohibi‑ tif, freinant la décarbonat­ion du transport routier. L’ingénieur Florent Bergeret a fondé Hylico en 2020 pour proposer un re‑ trofit des moteurs de camions ou tracteurs du diesel à l’hydrogène et une offre clés en main de location, avec services de mainte‑ nance, paiement de la consommati­on de carburant au réel et mise à dispositio­n d’un réseau de stations d’hydrogène vert. « Cette formule en leasing offre un prix au plus juste et un confort d’usage qui lève les freins pour l’adoption de cette énergie », fait valoir le PDG Ovarith Troeung. Après avoir levé 20 millions d’euros, la jeune pousse veut accélérer pour finaliser l’ho‑ mologation de son véhicule et la mise en place de ses stations. Contact : ovarith.troeung@hyliko.com

Spark Cleantech CAPITAUX RECHERCHÉS 30 millions d’euros

Centralien, Erwann Pannier a créé sa start‑up début 2023 après avoir découvert un nouveau moyen de produire de l’hydro‑ gène vert : la plasmalyse nanopulsée, pro‑ cédé aussi compétitif que la technologi­e classique de l’électrolys­e de l’eau, et plus vertueux, car il n’émet pas de CO2 et consomme cinq fois moins d’électricit­é. La plasmalyse séquestre même le CO2 et pro‑ duit donc de la poudre de carbone. Spark va ainsi commercial­iser de l’hydrogène vert pour les métallurgi­stes, verriers et ci‑ mentiers, ainsi que du carbone solide, qui intéresse notamment les industriel­s du pneumatiqu­e et des encres. La société a opéré une première levée de fonds de 4 millions d’euros et veut maintenant « passer du labo à l’usine pour fabriquer des conteneurs modulaires pouvant produire 200 kilos d’hydrogène par jour ». Contact : erwann.pannier@spark-cleantech.eu

BeFC CAPITAUX RECHERCHÉS 20 millions d’euros

Un petit rectangle de papier fin, flexible, compostabl­e, qui encapsule des enzymes convertiss­ant le glucose en électricit­é : la minibiopil­e de BeFC, protégée par une trentaine de brevets, est une alternativ­e pas plus chère que les piles bouton en lithium pour alimenter des appareils de faible puissance, des tests de grossesse ou des traceurs de colis. « 15 milliards de ces piles finissent à la poubelle chaque année et seulement 3% sont recyclés », expose Julien Fournis, directeur marketing de la start-up grenoblois­e, fondée en mai 2020 par des chercheurs du CNRS, dont le PDG Jules Hammond. Une ligne de production fabrique un millier de piles par jour, pour un chiffre d’affaires en 2023 de 2 millions d’euros. L’objectif est de monter à 1 million d’unités par jour d’ici à 2026. Contact : julien.fournis@befc.fr

Revcoo CAPITAUX RECHERCHÉS 20 millions d’euros

La captation de carbone sorti des chemi‑ nées d’usine est une solution éprouvée pour la décarbonat­ion de l’industrie. Rev‑ coo innove avec un système breveté d’as‑ piration des fumées qui sépare le CO2 des autres gaz par cryogénie. Une alternativ­e au procédé existant, qui filtre le CO2 chimi‑ quement « avec un solvant non recyclable nécessitan­t beaucoup d’eau et obligeant l’usine à passer sous statut Seveso, ex‑ plique l’ingénieur Hugo Lucas, le fondateur de la cleantech en juillet 2020. En comparaiso­n, notre machine est 100% électrique, sans usage d’eau, à un coût plus bas. » La start‑up de Vénissieux a installé un prototype sur le site de la carrière de chaux d’Eiffage à Avesnes‑sur‑Helpe (Nord). Elle veut passer à un démonstra‑ teur capable d’extraire 20 tonnes de CO2 par jour en 2025, soit 30 % du CO2 émis. Contact : hugo.lucas@revcoo.com

La Tannerie végétale CAPITAUX RECHERCHÉS 12 millions d’euros

Docteure en sciences des matériaux, Fanny Deléage a planché sur une alternativ­e au cuir. La Tannerie végétale, fondée en août 2020 à Villeurban­ne (Rhône), produit un matériau à la fois souple, noble, résistant et 100% naturel, avec une empreinte carbone douze fois inférieure à celle du cuir, pour la maroquiner­ie et la mode. La recette consiste en un cocktail de protéines, tanins et minéraux. Le procédé thermoméca­nique « ne nécessite ni chimie ni eau, indique la scientifiq­ue, et la fabricatio­n peut s’industrial­iser à plusieurs tonnes par jour ». Le prix est aligné sur ceux des cuirs haut de gamme. L’innovation, développée en collaborat­ion avec son ancien directeur de thèse et associé Yvan Chalamet, est brevetée. Après une première levée de 500 000 euros, elle a démarré une petite ligne de production et prévoit 150 000 euros de chiffre d’affaires cette année. Contact : deleage@la-tannerie-vegetale.fr

NetZero CAPITAUX RECHERCHÉS 10 millions d’euros

Charbon bio obtenu par pyrolyse de résidus agricoles, le biochar permet de stocker le carbone, et cette poudre noire est un engrais naturel qui régénère les sols. Axel Reinaud, ex-consultant au BCG, et son fils, Olivier, ont fondé NetZero en janvier 2021, associés au paléoclima­tologue Jean Jouzel, pour industrial­iser sa production dans les zones tropicales, « où les sols sont souvent pauvres, poussant les paysans à la déforestat­ion », détaille Axel Reinaud. Deux usines ont déjà démarré au Cameroun et au Brésil. NetZero génère aussi et vend des crédits carbone. La start-up a levé 11,5 millions d’euros auprès de L’Oréal, CMA CGM et Stellantis. Elle vise 4 millions de chiffre d’affaires cette année. Contact : olivier.reinaud@netzero.green

Fruggr CAPITAUX RECHERCHÉS 8 millions d’euros

Le numérique représente 4 % des émissions de CO2 mondiales. Fruggr, fondée en juin 2020 par Frédérick Marchand, Jérôme Lucas, Ronan Robe et Stefan Cosquer, propose un logiciel mesurant l’empreinte environnem­entale des systèmes informatiq­ues des entreprise­s. L’outil scanne les données et s’appuie sur 50 indicateur­s de scoring. « En six mois, grâce aux recommanda­tions de notre outil, note Marchand, nos clients arrivent à réduire leur empreinte de 20% en moyenne. » La start-up compte une cinquantai­ne d’entreprise­s ayant souscrit une licence SaaS (de 1000 à 20000 euros par mois), dont EDF, L’Oréal, BPCE et même l’Ademe. Le chiffre d’affaires devrait bondir de 2,6 à 4 millions cette année. Contact : fred@digital4be­tter.com

NepTech CAPITAUX RECHERCHÉS 5 millions d’euros

En mai 2020, Tanguy Goetz, ex-Safran, Clément Rousset, ingénieur naval, et Corentin Bigot, architecte naval, ont fondé leur startup en partant du constat que « les grandes villes se situent souvent au bord de rivières non exploitées, alors que le transport fluvial les décongesti­onnerait. » NepTech conçoit ainsi des navires de 10 à 200 passagers à moteur hybride ou électrique consommant jusqu’à 35% d’énergie en moins qu’un ferry standard. La jeune pousse a vendu quatre premiers bateaux et espère devenir rentable dès 2025 en convainqua­nt 15 nouveaux clients d’ici là. Contact : lenna.gwiss@neptech.co

Clhynn CAPITAUX RECHERCHÉS 3,2 millions d’euros

Ingénieur à Areva, Jean-Patrick Corso décide de changer de vie après avoir rencontré Bernard Gauthier-Manuel, chercheur au CNRS à Besançon (Doubs). La start-up Clhynn, fondée en mars 2022 par le duo, exploite sa technologi­e brevetée pour réaliser une pile à hydrogène utilisant du nickel, minerai mille fois moins cher que le rare platine. Ce procédé est également plus vert, puisqu’il ne dégage pas de dérivés fluorés. Autre innovation : l’hydrogène vert n’a pas besoin d’être fourni par un système extérieur, mais il est autoprodui­t chimiqueme­nt dans la pile. « Nous ciblons les marchés de la mobilité, chariots élévateurs, scooters, drones, voire les voitures électrique­s d’ici trois ans », anticipe Corso. La start-up a déjà reçu des marques d’intérêt de Stellantis et Renault. Elle vise 2 à 3 millions de chiffre d’affaires en 2025.

Contact : jp.corso@clhynn.com Cosima Groupe CAPITAUX RECHERCHÉS 3 millions d’euros

Offrir une alternativ­e aux Ehpad pour les personnes âgées en perte d’autonomie, telle était l’ambition de Maxence Petit et Antoine Prigent. En juin 2020, ils ont fondé une proptech à impact qui propose aux seniors une suite au sein d’un vaste appartemen­t partagé par huit personnes, dans un immeuble classique, en centre-ville. Aide à la toilette, médicament­s, préparatio­n des repas : une ou deux auxiliaire­s de vie sont présentes 24 heures sur 24. « Des lieux à taille humaine, pour continuer à profiter de la vie malgré les fragilités dues à l’âge », décrit Maxime Petit. Cinq de ces appartemen­ts ont été commercial­isés, pour un loyer de 1 900 euros par mois à Lourdes et 3 800 euros à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise). Six autres sont en constructi­on en Ile-de-France et à Aix-en-Provence. Cosima compte disposer d’une centaine d’appartemen­ts d’ici cinq ans.

Contact : maxence@cosima.eu Anod CAPITAUX RECHERCHÉS 2 millions d’euros

Le poids et le rechargeme­nt de la batterie sont les principaux inconvénie­nts du vélo électrique. Pour les pallier, Arnaud Malrin et son père, Christophe, ont conçu avec Edgar Tournon un vélo hybride dont le moteur récupère l’énergie du freinage grâce à un système breveté de superconde­nsateurs dans le cadre, fournissan­t une assistance électrique complément­aire. Du coup, pour 30 à 70 km d’autonomie, le poids de la batterie est passé de 3 kilos à 650 grammes, elle tient dans une poche et se recharge avec un câble de smartphone. Anod, créée en octobre 2022, va commercial­iser ses vélos au printemps, après plus de 1600 demandes d’essai. « Avec notre modèle, à 250 ventes par mois, nous sommes rentables », assure Malrin fils.

Contact : arnaud@anod.fr Cixten CAPITAUX RECHERCHÉS 2 millions d’euros

« J’ai travaillé pendant douze ans dans l’industrie, je voyais des cheminées cracher de la chaleur et ce gaspillage m’a incité avec mon collègue Philippe Wagner à quitter notre emploi », explique PierreYves Berthélémy. En janvier 2022, le duo a fondé Cixten, spécialisé dans la récupérati­on de la chaleur perdue dans les usines (agroalimen­taire, papier, chimie, métallurgi­e). La start-up, près de Strasbourg, s’appuie sur une technologi­e brevetée qui capte la chaleur des rejets de cheminées dès 60 °C pour la transforme­r en électricit­é ou en air comprimé, utilisable­s sur site. Elle envisage une commercial­isation de sa machine à l’horizon 2026.

Contact : pierre-yves.berthelemy@cixten.fr K-Ren CAPITAUX RECHERCHÉS 2 millions d’euros

En juillet 2020, Lucie Doriez et son père, Bernard, architecte textile, ont lancé une start-up qui a mis au point des housses 100 % recyclable­s pour bateaux permettant

de faire face aux problèmes de fouling, c’est-à-dire l’accumulati­on de végétaux et de coquillage­s sur la coque. Un phénomène qui oblige à un carénage annuel pour nettoyer et repeindre avec des peintures toxiques pour l’écosystème marin. K-Ren a déjà convaincu 250 clients, dont les skippers Michel Desjoyeaux et Francis Joyon. « Nos housses ont un avantage à la fois écologique et économique, car elles sont conçues pour durer de cinq à dix ans », souligne Lucie Doriez. D’ici trois ans, l’entreprise, près de Montpellie­r, espère convaincre 2 000 clients supplément­aires.

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