Faut-il mettre son argent entre les mains d’un conseiller augmenté ?
De nouveaux acteurs bousculent les codes de la gestion de patrimoine avec un mélange d’IA et d’autonomie. Leur cible : les quadras biberonnés aux applis.
Plateforme de gestion de patrimoine en ligne, multi family office digital, Amazon de l’investissement… Difficile de trouver une définition à ces nouveaux acteurs de la finance, qui veulent dépoussiérer l’image du conseil en gestion de patrimoine et de la banque privée. Et pour cause, « les nouveaux intervenants sont variés, il y a différentes typologies et ils évoluent avec le temps », lance Mounir Laggoune, PDG de Finary, qui fait partie de cette nouvelle génération. Ces acteurs ont néanmoins quelques points communs. A commencer par leur cible. « Nous sommes face au plus grand transfert de patrimoine de l’histoire »,
explique Olivier Herbout, cofondateur de Ramify, « avec des baby boomers qui transfèrent leur richesse à leurs enfants et petits-enfants ».
Des clients plus jeunes que les habitués des banques privées et plus complexes aussi : « Ces quadra qui se retrouvent à la tête d’un patrimoine ne sont pas satisfaits de la façon dont est géré leur argent. On constate un désenchantement, et une forte recherche d’alternatives »,
illustre Olivier Herbout.
Sécurité renforcée
Cette nouvelle clientèle est notamment sensible à l’innovation. « Car elle a été biberonnée aux applis, à la digitalisation. Et n’ambitionne pas de se retrouver face à face avec son conseiller attitré », rappelle Mounir Laggoune. Même écho du côté de Souleymane-Jean Galadima, cofondateur et directeur général de Sapians : « Nos clients sont du genre à se connecter en ligne le dimanche après leur cours de tennis pour finaliser une opération. » Tous ces acteurs proposent donc une plateforme moderne et opérationnelle, à base d’intelligence artificielle (IA), qui permet à la fois d’agréger et de suivre tous les comptes des clients, de remplir la documentation nécessaire comme le profil de risque de l’investisseur, de pratiquer la signature électronique, d’accéder à de l’information sur des produits… Avec au passage un gain de temps, une sécurité renforcée et une meilleure visibilité sur la situation patrimoniale des clients. « Le fait d’être une plateforme en ligne nous permet de dégager du temps pour nous concentrer sur notre coeur de métier : accompagner les investisseurs particuliers dans la gestion de leur patrimoine », confirme Mounir Laggoune. Un atout de taille pour séduire ces clients plus à l’aise avec la finance que leurs aînés. « Ils ne veulent pas déléguer leur gestion à 100 %, ils veulent comprendre, apprendre et investir à leur tour », ajoute Souleymane-Jean Galadima.
Offre large et 100 % numérique
Ils sont également adeptes des produits financiers innovants. Chaque plateforme a sa gamme. Ramify propose à ses clients premium (qui souhaitent investir entre 100 000 et 5 millions d’euros) « l’accès à toutes les classes d’actifs avec toutes les enveloppes d’investissement pour investir de façon ultradiversifiée. » Des fonds de private equity, de l’immobilier, de l’art…
« Et bientôt des cryptomonnaies. Avec un conseil d’experts », ajoute Olivier Herbout.
Pour les moins fortunés, une gamme adaptée avec des solutions d’investissement 100 % numérique est également disponible. A Sapians, on met en avant « un vrai travail de sourcing pour proposer une offre large : immobilier, fonds d’infrastructures, fonds de dette privée, fonds de private equity, cryptos… », recense Souleymane-Jean Galadima. Enfin, si à l’origine Finary proposait à ses clients une vision globale de la situation patrimoniale et des conseils de gestion, depuis six mois elle a franchi un nouveau cap : dotée de l’enregistrement PSAN (prestataire de services sur actifs numériques), elle propose désormais à ses clients d’investir dans plus de 25 cryptomonnaies. L’entreprise souhaite à terme proposer d’autres types d’investissements. De quoi séduire le plus grand nombre, d’autant plus que ces structures se rémunèrent essentiellement sur les produits et les frais de gestion et que le patrimoine est placé auprès de partenaires financiers, ce qui évite de tout perdre en cas de fermeture de ces plateformes. ▶