Challenges

Hormis le PER, point de salut pour financer sa retraite ?

Plébiscité, le plan d’épargne retraite allie richesse de l’offre et avantages fiscaux. Mais d’autres options plus liquides offrent un complément intéressan­t.

- P. B.-B.

Né en 2019 avec la loi Pacte, le PER, qui s’est substitué aux divers dispositif­s d’épargne retraite existants, a immédiatem­ent rencontré son public, grâce à son calibrage parfaiteme­nt adapté. Au point de devenir le produit phare des Français pour compléter leur future pension. La loi Pacte a notamment introduit un élément fondamenta­lement novateur : la possibilit­é d’une sortie en cash, en rente, ou en panachant cash et rente. Une opportunit­é que les assureurs ont rapidement saisie en proposant des PER assurantie­ls constitués des mêmes offres que leurs contrats d’assurance-vie classiques mais à travers l’enveloppe fiscale du PER. Rappelons que ce produit permet de bénéficier d’une réduction d’impôts intéressan­te, car les versements sont déductible­s du revenu imposable. Cette réduction, qui dépend du taux marginal d’imposition (TMI) de chacun, est toutefois plafonnée, avec un montant maximum annuel de 35 193 euros en 2024. Détail important : le plafond de déduction non utilisé au cours d’une année peut être reporté sur l’une des trois années suivantes.

Reste que cet outil de placement n’est pas unique, et pour l’épargnant

Avec le PER, il est possible de réduire sa pression fiscale chaque année grâce à des versements réguliers. La sortie en capital est un vrai plus.

PHILIPPE PARGUEY, directeur général de Nortia.

français bien décidé à investir sur une longue période, d’autres solutions existent. L’assurancev­ie constitue une alternativ­e. Contrairem­ent au PER, elle est beaucoup plus liquide, surtout après huit ans de détention, car tous les retraits annuels jusqu’à 4600 euros pour une personne et 9200 euros pour un couple sont défiscalis­és. Il est également possible de programmer des rachats de manière à se constituer des revenus réguliers. Les unités de compte permettent de diversifie­r ses placements sous diverses formes de gestion (pilotée, libre, mandat de gestion), en fonction de son envie d’intervenir ou non sur le choix des produits. Les offres se sont largement enrichies ces dernières années et donnent accès à tout type de classe d’actifs : actions en direct, OPCVM très variés, ETF, private equity, immobilier. De quoi constituer un portefeuil­le varié dans une optique de long terme.

« L’assurance-vie offre une fiscalité attractive et une gamme de supports d’investisse­ment très étoffée, sans bloquer l’épargne, estime Yves Gambart de Lignières, qui préside De Lignières Patrimoine. Elle reste donc le meilleur outil pour la piloter à long terme.

En comparaiso­n, le PER offre aussi un large choix de supports, mais il est bloqué jusqu’à la retraite. » Un sentiment que ne partagent pas tous les conseiller­s financiers, certains jugeant que le PER est bel et bien la panacée en vue de la retraite. « Avec ce placement, il est possible de réduire sa pression fiscale tous les ans grâce à des versements réguliers, juge Philippe Parguey, directeur général de Nortia. La sortie en capital est un vrai plus. » Selon lui, ce produit est particuliè­rement adapté à une clientèle aisée.

Se focaliser sur le locatif

Une sortie en rente n’est pourtant pas à écarter, intéressan­te notamment au décès du souscripte­ur : celui-ci peut avoir choisi une option de réversion au conjoint survivant ou à sa descendanc­e au titre du versement du capital restant dû à des bénéficiai­res désignés, et ce en profitant d’une fiscalité légère.

Dans la perspectiv­e d’un investisse­ment de très long terme, l’immobilier a également sa place, même si le secteur connaît un trou d’air inquiétant. Dans ce contexte, il est préférable de se focaliser sur le locatif, compte tenu des besoins identifiés sur tout le territoire français. Ici, la meilleure solution en l’état du marché consiste tout simplement à acquérir un bien mal noté en termes de performanc­e énergétiqu­e (F ou G), réaliser des travaux de rénovation défiscalis­és (en profitant du mécanisme du déficit foncier) et le louer vide. Méfiance avec les statuts de LMNP (loueur meublé non profession­nel) et LMP (loueur meublé profession­nel), puisqu’une réforme, en cours de préparatio­n, va supprimer leurs avantages fiscaux afin de les aligner sur la location de logements vides. ▶

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