Entre l’or et le bitcoin, comment choisir?
Alignant les records, ces actifs aux caractéristiques opposées attirent. D’un côté la valeur refuge type, de l’autre une cryptomonnaie qui gagne en maturité.
Plus vite, plus haut, plus fort » : l’or et le bitcoin surfent sur la devise des jeux Olympiques depuis quelques semaines en battant tous deux leur record historique. Mais la comparaison s’arrête là, car les moteurs de ces envolées diffèrent largement. En hausse de 63 % depuis le 1er janvier, le bitcoin a dépassé les 73000 dollars avant de se replier autour de 70 000 dollars. Il bénéficie de l’approbation en janvier par la SEC, gendarme de la Bourse américaine, d’une dizaine de fonds indiciels cotés en Bourse (ETF) gérés par de grandes sociétés de gestion (BlackRock, Fidelity…).
« Ces produits détiennent des bitcoins en direct, précise Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marché à IG France. Ils donnent donc la possibilité aux investisseurs d’y accéder via un produit financier classique, sans passer par une plateforme spécialisée dans les cryptomonnaies. Cela se traduit par des flux d’investissement massifs. » Une façon, pour les particuliers, de se prémunir contre les risques d’escroquerie. Ces titres cotés ont collecté 50 milliards de dollars en quelques jours, entraînant la cryptomonnaie vers de nouveaux records. Au même moment, le métal jaune a inscrit un nouveau point haut historique à 2 211 dollars.
L’envolée des deux actifs stars de ce début d’année 2024 se traduit par un clin d’oeil amusant : un lingot d’or d’1 kilo vaut 65 000 euros, soit à peu près à peu près autant qu’un bitcoin. « L’once d’or a cassé en mars le plafond de verre contre lequel elle se cognait depuis quatre ans grâce aux anticipations de baisse des taux d’intérêt durant l’été par la Réserve fédérale américaine », constate Jean-François Faure, président fondateur d’AuCoffre.com et de CrypCool. Le métal jaune est en effet ultrasensible aux taux d’intérêt, car ne délivrant pas de rendement (contrairement aux actions ou aux obligations), il apparaît plus attractif lorsque les taux d’intérêt sont faibles. Il ne s’agit pas de spéculation, mais
On peut profiter d’un repli du bitcoin vers 50 000 dollars pour acheter, et revendre à l’approche des 70 000 dollars.
ALEXANDRE BARADEZ, responsable de l’analyse marché à IG France.
d’une hausse régulière reposant sur des fondamentaux solides. Est-ce le moment de vendre son or pour investir en bitcoin ? « Le métal jaune reste bien orienté à court terme puisque la baisse des taux d’intérêt va intervenir progressivement », note Alexandre Baradez, qui voit l’once se diriger progressivement vers 2 500 dollars dans quelques trimestres. De plus, il fait office de valeur refuge, phénomène qui se manifeste à chaque regain de tensions géopolitiques, comme ce fut le cas le 7 octobre après l’attaque d’Israël par le Hamas.
Point haut en vue
De son côté, la star des cryptos reste soutenue par l’afflux de capitaux liés aux ETF, et par la perspective d’un événement technique, le halving, intervenant tous les quatre ans. Le prochain devrait avoir lieu ce mois-ci. Il s’agit de la division par deux de la récompense accordée aux « mineurs » participant au réseau. Historiquement, le halving prélude à l’inscription de nouveaux records de cours. « Le bitcoin va rester extrêmement volatil, prévient Alexandre Baradez. On peut donc profiter d’un repli vers 50 000 dollars pour se positionner à l’achat, et prendre des bénéfices à l’approche des 70000 dollars. » A condition d’avoir le coeur bien accroché : les investisseurs ayant acheté lors du précédent record à 64 000 dollars en novembre 2021 ont attendu près de deux ans et demi pour voir le cours dépasser ce niveau. « L’euphorie peut s’arrêter dans cinq minutes ou dans cinq ans, avec un nouveau scandale sur une plateforme de cryptomonnaie, comme la faillite de FTX en 2022 », relève Jean-François Faure.