Francs-tireurs inclassables
La maison de ventes Tajan propose, le 10 avril prochain, une vente d’oeuvres signées par « les francs-tireurs de l’art : bruts, naïfs, singuliers et autres outsiders ». L’expert Bruno Montpied est à l’origine de ce titre : « Il fait écho à l’exposition de 1978 au musée d’Art moderne de Paris, sur les singuliers de l’art. C’est une manière de nommer tous les artistes difficiles à ranger dans une case, mais qui ont été particulièrement inventifs chacun à leur façon. » Une tête de file se dégage dans cet univers éclectique : Michel Macréau (1935-1995).
« C’est un Basquiat français, que l’on a essayé de rattacher à l’art brut, au mouvement CoBrA, à la figuration libre », avance l’expert. Deux acryliques figurent au catalogue, estimées entre 20 000 et 50 000 euros. Autre nom à redécouvrir ; Anselme Boix-Vives (1899-1969), avec des toiles figurant des personnages stylisés sur des fonds à motifs végétaux. « Lui était un vrai artiste brut. Epicier d’origine catalane installé en Savoie, il a fréquenté André Breton et les surréalistes. Il n’a pas produit beaucoup et je pense qu’il est encore sous-estimé », ajoute Bruno Montpied, qui a prudemment coté la majorité de ses oeuvres autour de 3 000 à 7 000 euros. Terminons avec Henry Speller, représentant du courant afro-américain Black Folk Art, très présent dans cette vente : il est l’auteur d’un pastel et feutre sur papier (1 000 à 1 500 euros) caractéristique de son travail autour de personnages féminins aux visages inquiétants et habillés de rayures.