Des billets d’avion à petits prix
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Ryanair lance 500 000 sièges à partir de 12,99 euros. » Le 19 avril, la compagnie irlandaise propulsait une de ces promotions agressives qui font le bonheur des voyageurs et l’ont imposée en leader du continent. Plus besoin de casser sa tirelire pour envisager un week-end à Venise ou des vacances à Prague. Ryanair et ses rivales low cost easyJet, Volotea, Transavia ou Wizz Air ont démocratisé l’avion, avec des billets sous 50 euros pour bien des destinations en Europe. La plupart des touristes l’ignorent mais ils doivent ces bas tarifs à l’Union européenne, qui a mené entre 1987 et 1997 une dérégulation du ciel européen pour permettre à tout transporteur établi sur son sol de relier librement deux destinations au sein des pays membres. En trois décennies, ce cadre réglementaire a permis l’essor des compagnies à bas coûts. Partant de presque zéro en 1998, elles ont capté près d’un tiers du marché en 2022, d’après une étude d’Eurocontrol.
La vive concurrence créée a fait chuter les prix. Selon le comparateur Liligo, un billet d’avion de la France vers Londres valait en moyenne 161 euros en 2011 mais plus que 79 euros en 2021. « Pendant longtemps, l’usage de l’avion était élitiste, mais aujourd’hui il est utilisé même par des ménages à faible revenu, note l’économiste Emmanuel Combe, qui ajoute : les low cost ont aussi décloisonné l’Europe, grâce à un quadrillage impressionnant. » Le dernier rapport d’Airports Council International montre ainsi leur croissance post-Covid spectaculaire dans des villes excentrées, comme Trapani, au bout de la Sicile. En parallèle, l’Union européenne a conçu un cadre protecteur pour les consommateurs.
« Une directive de 2004 a ouvert le droit à une indemnisation obligatoire des passagers en cas de retard de plus de trois heures », pointe Laurent Timsit, délégué de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers. Gros bémol : la hausse des émissions de gaz de serre. L’Union a aussi impulsé l’ouverture des lignes de train à la concurrence, obligatoire depuis 2021. Va-t-elle également faire baisser les prix et créer un vrai usage paneuropéen de ce moyen de transport écologique ? Le modèle économique du rail est bien différent. A même méthode, pas de garantie d’obtenir les mêmes effets.