Chasses Internationales

Story parfumeur Patricia de Nicolaï

Patricia de Nicolaï fondatrice des Parfums de Nicolaï

- Par Estelle Boutheloup

Paris Ier, 28, rue de Richelieu. Sous-sol d’une luxueuse boutique. Patricia de Nicolaï m’attend. Elle a installé ici son bureau, derrière une baie vitrée, avec vue sur son laboratoir­e et sa palette du parfumeur aux 300 huiles essentiell­es, absolues et synthèses. Les meilleures… Au mur, un papier peint, ton vert amande avec imprimés fantaisie, donne une ambiance de cabinet de curiosités. Sur sa table, des touches à sentir en éventail, des dizaines de petits flacons à échantillo­ns, et le livre des 25 ans de la maison qu’elle ouvre sur une photo pleine page noir et blanc. « Ici ma mère, Nadine de Nicolaï, et là, avec un renardeau dans les mains, ma grand-mère, Francine Guerlain, deuxième femme lieutenant de louveterie en France. Elle chassait les renards avec ses fox-terriers. Elle adorait la chasse. Mais la chasse naturelle, la chasse devant soi : une chasse de luxe à l’époque, car il fallait avoir des hectares pour la pratiquer. » Et des hectares en Sologne, il y en avait. C’est d’ailleurs dans le Loir-et-cher, du côté de Bracieux où vivaient ses grands-parents, que Patricia a été en partie élevée. « Ma grand-mère m’a appris à observer la nature, chasser sous terre, à avoir le sens des animaux, à les connaître, ne pas en avoir peur ». De quoi faire naître sa fascinatio­n pour le cerf. Le roi des cervidés à qui Patricia de Nicolaï a réservé une de ses toutes premières créations, Cologne Sologne. L’idée? Avoir une eau de Cologne assez classique mais de très belle qualité. « Aussi chic qu’une chasse en Sologne… », prévient le message publicitai­re : un complexe d’agrumes avec, entre autres, une très bonne bergamote d’italie, du citron de Sicile et un sublime néroli de Tunisie. « Un vent de fraîcheur pour la toilette et fugace pour les hommes qui n’aiment pas laisser un sillage derrière eux. » Celui-là même que recherche Patricia chaque jour, travaillan­t sur des accords et des vibrations jusqu’aux mélanges les plus harmonieux. « Je mène trois à quatre créations en parallèle. Nous venons de sortir une eau de yuzu et, là, je travaille sur une note solaire, une verveine d’ambiance pour la maison et un musc floral pour un parfum d’hiver. C’est une cadence, une discipline, un travail en continu, nécessaire­s pour animer une marque. » Chaque parfum de Patricia de Nicolaï touche, emporte, fait chavirer. Sa signature ? « De l’élégance, du chic, de l’originalit­é, de la puissance mais sans entêter. » Bref, de la haute parfumerie. Innovante dans la tradition,

Patricia crée ses parfums en puisant dans sa culture familiale – elle représente la sixième génération des Guerlain – sa passion et ses douze ans, déjà, à la tête de l’osmothèque de Versailles. Attentive aux aspiration­s de l’époque, sensible à une odeur qu’elle croise, un parfum qui flotte dans une rue…, elle ne donne aucune limite à ses inspiratio­ns. « Le parfum est un voyage. Il faut se mettre en condition de rêves et d’imaginatio­n quand on crée un parfum. Le nom doit guider le client tout en conservant un certain mystère… ». Avec Baïkal Leather Intense, Patricia a ainsi ressuscité le mythique cuir de Russie, s’inspirant des steppes, des taïgas et du lac Baïkal. Un voyage transsibér­ien aux origines d’un cuir tanné à l’écorce de bouleau. Puissant mais pas capiteux, résultat de l’accord parfait du bois de gaïac et de l’essence de pin fumé. Yuzu, safran ou encore musc blanc… font le reste.

Patricia a lancé également une gamme de parfums d’ambiance et de bougies, qui invite à des “voyages immobiles”. « Havane est une odeur qui plaît beaucoup aux chasseurs : une bougie à allumer le soir autour d’un bon cigare ». Elle se souvient que, toute petite, elle tendait la boîte aux convives. « Je trouvais cette odeur divine. J’ai eu envie d’en recréer une. Une odeur de tabac mais pas de cigare brûlé. Il faut entre cinq minutes et toute une vie pour créer un parfum. » Mais beaucoup moins pour atteindre le bout du monde lorsque vous libérez une de ses gouttelett­es.

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