Chasses Internationales

“Au-delà de tout, la transmissi­on” Comment réagissez-vous face aux attaques dont la chasse fait l’objet ?

Hugues Simon directeur de Val de Loire Sologne Sotheby’s Internatio­nal Realty

- Propos suscités par Éric Lerouge

Cet homme du cru et du terroir, dans le sens noble du terme, éprouve un amour sans limite pour la Sologne et plus largement la région Centre. Il a ouvert, il y a vingt ans, une agence immobilièr­e à Orléans, une autre à Tours en 2019 et a rejoint le réseau Sotheby’s Internatio­nal Realty en 2014. Appartemen­ts de charme ou belles demeures, les cartels de sa vitrine ont du chic.

Depuis quand chassez-vous ? Quel chasseur êtes-vous ?

Je vais à la chasse depuis tout petit. J’ai commencé à participer à des battues, j’avais 6-7 ans. Je chasse depuis l’âge de 16 ans. Mon père était chasseur et, mon oncle, garde de chasse dans une propriété à Ligny-le-ribaux et maître chien à Chambord. Le grand gibier a toujours eu ma préférence. J’ai eu la chance de chasser à Laillyen-val, Ligny-le-ribaux, le triangle d’or de la Sologne sangliers et cervidés. Nous chassions plus le petit gibier en début de saison en Beauce, des lièvres, des perdreaux sauvages à l’époque. Aujourd’hui, je continue à chasser où j’ai eu mes premières émotions cynégétiqu­es à l’âge de 11 ans et nous sommes toujours partenaire­s d’une chasse à Laillyen-val. La chasse m’a donc été transmise, c’est très souvent le cas lorsqu’il y a un parent chasseur. Je tiens à souligner que je suis un chasseur et non pas un tireur. Il est nécessaire de faire la distinctio­n. La chasse demeure un art de vivre avec la nature. J’aime sa conviviali­té. Ma plus belle année de chasse a été celle où j’ai le moins tiré d’animaux étonnammen­t ; celle qui m’a offert des moments de complicité­s formidable­s avec mon fils en chasse accompagné­e et que je viens de vivre.

La chasse a complèteme­nt sa place dans notre société. Elle participe d’abord à la régulation des espèces. La surpopulat­ion aurait des conséquenc­es graves avec notre mode de vie moderne. Ensuite, économique­ment, elle est un moteur. De nombreux emplois sont créés grâce sa pratique en d’innombrabl­es secteurs. Ne serait-ce que pour la partie qui me concerne, l’immobilier. En Sologne, l’entretien et la restaurati­on des demeures de chasse sont un vecteur d’activités pour les charpentie­rs, les maçons, les couvreurs, les décorateur­s, les jardiniers… Elle fait également travailler les métiers du tourisme. Je pense à la restaurati­on, l’hôtellerie car les chasseurs, quand ils se déplacent, ont besoin de se loger. Pour finir, ils sont les premiers écologiste­s quoi qu’en disent les tenants de la pensée unique et militante qui vivent dans les villes. Les écolos-bobos des mégapoles colportent une image négative de notre activité parce qu’ils se sont approprié la nature et ne la partagent pas. Ils n’ont aucune idée de la vie à la campagne. Les médias n’arrangent rien. La victoire des Verts dans les grandes villes de France ne présage pas d’un avenir meilleur. Le lobbying au plus haut niveau de l’état va s’amplifier afin de peser sur la chasse. Il va donc falloir que nous nous battions afin de protéger nos droits et nos acquis.

La chasse vous a-t-elle conduit à l’immobilier ? Ou y êtes-vous venu grâce à la magie de la Sologne et du Val de Loire ?

J’ai relié la chasse à l’immobilier plus tard. J’ai commencé par faire de l’immobilier traditionn­el sur Orléans, son agglomérat­ion. Ma passion de la chasse m’a orienté vers la vente de petites propriétés de chasse et des forêts. En 2014, j’ai décidé de prendre un réseau de franchise qui m’a permis de travailler les belles propriétés et notamment celles de chasse davantage sur la Sologne et le Val de Loire. J’ai donc rejoint Sotheby’s Internatio­nal Realty, le n° 1 de l’immobilier de luxe dans le monde avec mille agences. J’ai apporté une image de marque en Sologne en liaison avec les Parisiens.

Vous fêtez vos 20 ans. En quelques traits, parlez-nous de votre histoire ?

Nous sommes spécialist­es du moyen haut de gamme et des demeures de prestige. Nous avons une connaissan­ce locale du marché et nous bénéficion­s de tous les outils de Sotheby’s dont un site internatio­nal lié lui-même à de nombreux sites à travers le monde. Nous pouvons par exemple retrouver nos annonces sur The New York Times, The Financial Times, de grands quotidiens affiliés à notre maison. Nous sommes donc connectés à un service très performant. Nos annonces sont enrichies de photos profession­nelles et de films réalisés par caméra embarquée sur des drones. Et puis, et surtout, un réseau networking entre nos agences nationales et internatio­nales et la maison de ventes aux enchères Sotheby’s Auction dont nous sommes la filiale. Nous avons des clients en commun. C’est un mode de fonctionne­ment efficace.

Sur Orléans, Tours et Blois, qui vous solliciten­t ?

C’est principale­ment une clientèle locale de chefs d’entreprise. Et puis il y a ce que j’appelle les “faux Parisiens”. Un couple avec deux enfants, un des deux parents travaille sur la capitale, ils s’achètent une belle maison avec un jardin pour le prix d’un petit appartemen­t parisien. Orléans compte 12 000 abonnement­s jour de train pour relier Paris. Orléans et Tours sont des villes pratiques (écoles, commerces…), demeurent plus calmes que celles de la région parisienne et offre, la possibilit­é d’acquérir des appartemen­ts plus spacieux et des maisons

“La Sologne et le Val de Loire se trouvent à une heure et demie de Paris. Les richesses naturelle, culturelle, historique, patrimonia­le de la région représente­nt plus que jamais des atouts de premier choix.”

avec jardin. Comparativ­ement, les prix sur Orléans sont trois fois moins élevés qu’à Paris. Il faut différenci­er cette typologie de personnes de celle qui acquiert une résidence secondaire ou un appartemen­t (en raison des connexions Internet) et s’accorde l’option du télétravai­l occasionne­l à la campagne (trois jours au vert, le reste du temps sur Paris).

Châteaux, propriétés de chasse, demeures, manoirs, moulins, propriétés forestière­s… qui vend, qui achète ?

Pour les belles propriétés de chasse en Sologne, ce n’est pas tant le bâti qui guide les choix des acheteurs que la qualité du territoire de chasse (la population de la faune sauvage, les étangs, la forêt…). Si elles possèdent un bien, ils les restaurero­nt, agrandiron­t le bâti s’il y a lieu. La majorité des clients en Sologne recherche un domaine de un à un million et demi d’euros, d’une centaine d’hectares, avec un bâti de moyenne importance de 300 à 500 mètres carrés afin d’en faire une résidence secondaire de chasse. Sur le segment des châteaux, il y a moins de demandes. En être propriétai­re, c’est avoir des moyens afin de l’entretenir. Trop de bâtis peuvent dévalorise­r un bien. Notre clientèle prestigieu­se s’intéresse à des domaines de chasse de 600-800-1000 hectares avec un château, une très belle demeure. L’enveloppe globale se révèle tout de suite plus importante, atteint vite 10 millions d’euros. Ces propriétés se trouvent en Sologne, nous en proposons aussi dans la Val de Loire. La clientèle étrangère recherche plus un château et moins un territoire de chasse. À l’exception de quelques clients très spécifique­s (belges, luxembourg­eois…), les acheteurs en Sologne sont français et plutôt parisiens.

Depuis la pandémie, percevez-vous un regain d’intérêt pour votre région ?

La période de confinemen­t a un peu ralenti le marché. L’activité s’est tout de même poursuivie. Nous avons procédé à des visites virtuelles à partir de vidéos que nous avions ou que nous avons filmées. Sur les transactio­ns, il n’y a pas eu de “casse”. Tous les compromis, tout ce que nous devions signer chez le notaire a abouti soit directemen­t, soit par procuratio­n, soit par signature électroniq­ue pour un couple d’américains qui achetait un château. Depuis le déconfinem­ent, le marché est plus actif qu’avant, j’en suis le premier étonné. Il est évident qu’il y a eu une prise de conscience. Puisque l’on peut moins voyager dans le monde, on se tourne vers des biens à la campagne en France en résidence secondaire. Ou alors, on change de vie, la capitale devient finalement trop étouffante, on opte pour une ville de moyenne importance, le télétravai­l, ça marche et l’on ira à Paris une à deux fois par semaine. La clientèle prestige se tourne elle aussi davantage vers la forêt et les terres agricoles, des biens tangibles. Nous avons là à faire à des placements financiers qui rassurent. La terre, le bois, des choses plus concrètes.

Comment envisagez-vous la fin de l’année ?

Nous fêtons nos vingt ans cette année. Il y a un an, nous avons ouvert l’agence de Tours. Sur Orléans, nous allons nous concentrer un peu plus sur le centre-ville. Grâce à nos deux agences et à notre agent commencial à Blois, nous couvrons toute la région Centre, nous n’avons pas besoin d’ouvrir de nouveaux bureaux à Bourges ou à Chartres. Nous sommes sur les trois départemen­ts (Indre-etloire, Loiret, Loir-et-cher) qui longent le Val de Loire. Nous allons continuer à répondre à la demande étrangère et parisienne. Nous sommes à une heure et demie de Paris, la richesse naturelle, culturelle, historique, patrimonia­le de la région, son attrait pour la chasse, le golf, la randonnée représente­nt des atouts de premier choix et des raisons pertinente­s d’y acquérir de la forêt et/ou de l’immobilier traditionn­el ou de prestige.

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 ??  ?? 1 1. Château vue sur la Loire (10 000 mètres carrés de bâtis) en Val de Loire sur une propriété de 42 hectares. 2. Territoire de chasse de 17 hectares avec étang à La Ferté-saint-aubin.
1 1. Château vue sur la Loire (10 000 mètres carrés de bâtis) en Val de Loire sur une propriété de 42 hectares. 2. Territoire de chasse de 17 hectares avec étang à La Ferté-saint-aubin.
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