Essentiel comme l’écrit par Éric Lerouge
Àl’heure où je rédige ces lignes, BFM, ce 23 novembre, vient de diffuser un 26 minutes à charge, une “enquête” sur « La Guerre de la chasse ». Ma consoeur y a réuni tous les documents de l’actualité brûlante de la rentrée et rencontré les personnes impliquées dans ces foyers intentionnellement allumés par les activistes antichasse. Partout, tout le temps, sans mesure, c’est la dénonciation calomnieuse. Sait-elle que, de l’autre côté du périphérique, les règles de la nature sont bien distinctes de celles que ces pyromanes de la rumeur veulent bien laisser accroire ? Je crains que non, pis, qu’elle soit elle-même le sherpa de ces mystificateurs. À dessein ? Le terreau des émotions engraine aujourd’hui mieux que celui de la mémoire. La télé, l’image, l’air du temps paraissent bien prédisposés en cette année bouleversée à ce que la mésinformation joue sur la corde sensible.
L’écrit résiste! Qui, dans sa conception même, détient
le privilège de la réflexion, s’il s’y frotte… « Je me demande ce qu’ont bien pu faire les gens avant Gutenberg », s’interrogeait Joseph Kessel en mai 1969, que Gallimard a eu la géniale idée de faire entrer à “La Pléiade”. Et après Gutenberg ? puisque nous vivons aujourd’hui la révolution numérique. Le digital, qui ne demeure qu’un outil parmi les autres, s’arroge les pouvoirs que l’on vient lui attribuer par convention et manipulation. Car le livre, nous l’avons vu au cours de ce second confinement, incarne un rôle essentiel, il est une nourriture terrestre impérieuse. Il cultive un carré d’air frais dans notre jardin personnel.
Si le métier de journaliste de presse écrite n’est pas celui de l’écrivain, de l’auteur, il n’en demeure pas moins qu’il appartient au livre dans une forme différente. Lui doit tenir pour primordiales, la vérité, la liberté, la confrontation des idées. Grâce à l’écriture, et à elle seule, il endosse les habits d’historien de l’éphémère. Ne l’oublions pas, il prend le pouls, c’est un témoin de son temps. Son job est de recueillir des témoignages confrontés à la réalité
– de terrain – et non de fantasmer la volatilité des idées de salon ou de son époque. La presse écrite, au même titre que le livre, irrigue la vie démocratique.
Je profite de ce plaidoyer afin de vous saluer, tous, lectrices et lecteurs, vous qui achetez presse et livres. Vous, qui êtes les fidèles et les ambassadeurs de notre trimestriel. Chasses Internationales signe ici son vingtième numéro et célèbre ainsi ses cinq ans.
Grâce à vous. Toute l’équipe de votre revue exerce son métier, tient le rôle de passeur de passion, dénoyaute l’irrationnel, lève les lièvres, si je puis dire, d’une actualité tronquée et avilissante pour les disciples de Saint-hubert. Votre confiance engage notre devoir de vérité. Encore plus aujourd’hui quand la chasse, un des piliers de la tradition française, est martyrisée.
Je ne saurais vous conseiller deux ouvrages – peut-être politiques mais la chasse y est désormais propulsée –, parmi les pépites, qui plaident en faveur de l’importance du livre et de l’écriture : Liberté d’inexpression d’anne-sophie Chazaud chez L’artilleur et L’équilibre est un courage de Pierre de Villiers chez Fayard. Et je livrerai un message à nos censeurs, de Rosa Luxemburg, une des théoriciennes de la pensée marxiste :
« La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement. » Nous vous souhaitons une chaleureuse fin d’année et de joyeuses fêtes. Prenez soin de vous et veillez sur les vôtres.