Spiritueux Les whiskys d’écosse
L’an dernier à la même époque, et comme chaque année, nous étions dans l’insouciance et les préparatifs des fêtes. Si nous avions su ce que nous réserverait 2020, nous en aurions davantage profité. Eh bien, faisons-nous plaisir.
C’est la peste en provenance de l’asie via la Route de la Soie qui a répandu la distillation alcoolique au milieu du XIVE siècle un peu partout en Europe. Depuis le Ier siècle de notre ère, la distillation sèche se développait avec les alchimistes qui cherchaient à transformer le plomb en or. Puis les Arabes mirent au point la distillation hydraulique, pour produire cette eau de rose avec laquelle ils se parfumaient. Mais c’est en Italie à Salerne – et sous la plume d’un savant italien– vers 1230, que l’on retrouve la première trace de distillation alcoolique, à partir d’un vin épais. Avec la peste, la quintessence (quint essencia, cinquième élément en vieil italien) devient aqua vitae (eaude-vie) car elle permet de sauver quelques pestiféré(e)s. Et de faire mourir les autres dans des souffrances moins atroces.
Contre la pandémie que nous vivons, le vaccin ne viendra sans doute pas d’italie… Pas grave, on a trouvé des potions magiques ailleurs et, comme souvent, en matière de whisky, du côté de l’écosse. Diageo, le numéro un mondial des spiritueux, propose Rare by Nature, soit huit single malts en provenance de ses distilleries phare. Talisker 8 ans (57,9 %),
Cardhu 11 ans (56 %), Singleton of Duff
town 17 ans (55,1 %), Lagavulin 12 ans (56,4 %), Cragganmore 20 ans (55,8 %) valent le détour et restent accessibles.
Il vous faudra peut-être une ordonnance – ou l’accord de votre conjoint(e) – pour
Dalwhinnie 30 ans (51,9 %), Mortlach
21 ans (56,9 %) ou le rare Pittyvaich 30 ans (50,8 %), une distillerie fermée depuis 1993.
Dans le même registre (ou presque), savez-vous que l’on distille du rhum en Écosse ? Oui et c’est le brasseur Brewdog – le même qui a remis l’amertume au centre de l’attention en popularisant le style india pale ale (IPA, pour les intimes) – qui s’y colle dans sa distillerie dernier cri d’aberdeen. 500 Cuts (40 %) doit son nom au premier ouvrage de la botaniste Elizabeth Blackwell (1734) illustré de 500 planches originales et son goût épicé/ acidulé aux zestes d’orange, au gingembre, à la cannelle, à la cardamone et au clou de girofle. Le remontant idéal en cas de coup de mou cet hiver. Tout aussi médicinal, du moins en termes de profil aromatique, un bon vieux whisky de l’île d’islay peut aussi faire l’affaire. Et cela tombe bien car Bowmore propose un 30 ans (45,3 %). Pas donné mais les single malts aussi âgés ne courent plus les rues. Et le confinement n’y est pour rien. Pour le même prix, on pourra se rabattre sur 75 bouteilles de Bowmore 12 ans (40 %), au cas où le confinement durerait plus longtemps que prévu.
Pour quelques-uns, 2020 devait être une année de fête et de célébration. Le plus célèbre dandy écossais a fêté ses 200 ans. Bon anniversaire, Mr Johnnie Walker ! Pas de gâteau, ni de grande fête mais 4 embouteillages pour la marque de whisky la plus vendue au monde. Celebratory Blend (51 %) aussi doux que son prix, Blue Label 200 (40 %), Blue Label Legendary Eight (43,8 %), assemblé à partir des whiskies de huit distilleries historiques et Bicentenary Blend 28 ans (46 %). En France, la société Dugas a été fondée en octobre 1980. Au même titre que La Maison du Whisky, elle a contribué au renouveau puis au succès des spiritueux (rhum en tête, mais pas que) ces dernières années. Son emblématique fondateur et toujours patron François-xavier Dugas a sélectionné quarante cuvées d’exception. Quatre représentent bien la diversité du catalogue maison: le rhum martiniquais Depaz XO Small Batch (45 %), le whisky japonais Fuji Single Grain (50 %,), le bas armagnac Gelas 18 ans (40 %) et le single malt français
G. Rozelieures Triple Cask (43 %). Pas facile de faire un choix.
Toujours en France, on terminera cette sélection avec la curiosité du moment, signée Les Bienheureux, la société spiritueux de Jean Moueix (heureux propriétaire de Petrus). Thoreau (40 %) est un assemblage d’un rhum du Guatemala (70 %) et de cognac VSOP (30 %). Un petit plaisir gustatif et régressif qui peut en cacher un autre. Henry David Thoreau, essayiste américain est considéré comme le père de la désobéissance civile. Rhooo. En ces temps de privation de liberté et de confinement, n’y voyez aucune malice. C’est vraiment très bon.
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