RIP, RIP et contre-rip
La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 énonce des droits “naturels”. Depuis 1971, il est reconnu à la Déclaration, visée par le Préambule de notre Constitution du 4 octobre 1958, une valeur constitutionnelle. Selon son article 1, « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Ce texte désignait à l’époque l’abolition des ordres sociaux et assurait l’égalité devant l’impôt. Plus généralement, c’est un principe d’égalité face à la loi qui était revendiqué. Sur le fondement de principes économiques radicaux, nous assistons aujourd’hui à une reformulation de l’égalité. Il n’est pas donné de définition de cette nouvelle égalité. Selon ces économistes médiatiques, au motif de critères moraux, voire moralistes, la redistribution des actifs et des richesses au profit des plus nécessiteux devrait aller encore au-delà de ce qui est pratiqué aujourd’hui. En France pourtant, le taux des droits de successions ou de donation peut aller jusqu’à 45 % (d’aucuns voudraient augmenter ce taux), et celui de l’impôt sur le revenu et charges sociales cumulés atteint 65 %. Ces penseurs prétendument modernes justifient ainsi la lutte des classes, en promouvant l’égalité par le partage. Il n’est donc dès lors pas étonnant que le droit de propriété s’effrite et que certains estiment légitime d’imposer leurs idées sans respect du processus démocratique. Il est possible de violer la propriété d’autrui, sa maison, ses terres agricoles ou sa forêt, sans en être empêché, sans conséquences immédiates, voire sans conséquences du tout pour les contrevenants.
Les opposants à la chasse l’ont bien compris. En pratiquant des stages de désobéissance civile, en s’inscrivant résolument dans la lutte des classes, en pénétrant dans les forêts privées, ils sont sûrs de leur impunité.
Ne pouvant se contenter des rixes isolées qu’ils suscitent, ils ont porté le combat sur un plan national. Le référendum d’initiative partagée (RIP), notamment en vue d’interdire la chasse, permettait le show approprié.
Si la propriété privée était réaffirmée, si elle redevenait le sanctuaire que chacun imaginait jusqu’alors, les opposants auraient infiniment plus de difficultés à mettre en oeuvre leurs provocations. En outre, nous préserverions la ruralité.
Pour les fondements de notre société, il paraît nécessaire de consolider ce droit. Indépendamment de la question de la chasse, au RIP, élevons un contre-rip, afin de renforcer le droit de propriété et les prérogatives des propriétaires, petits ou grands. Il sera intéressant à cet égard d’observer les parlementaires qui n’adhéreraient pas à la réaffirmation de ce droit.
Qui viendrait s’opposer au droit de propriété ?