Chasses Internationales

Anges et démons

- par Éric Lerouge

L’espace d’expression du monde de la chasse se réduit comme peau de chagrin devant la doxa médiatique et politique. Chaque sujet abordant la chasse dans les JT, les émissions, les talk-shows, les enquêtes, passe à la moulinette de la bien-pensance, la boîte à musique est bien réglée. Reste, pour faire entendre sa voix, la presse spécialisé­e. Le hic, elle est lue dans sa majorité par les chasseurs eux-mêmes ou leur proche entourage. La sphère est trop réduite. Elle ne peut donc renseigner toutes celles et ceux qui ne nourrissen­t aucune animosité à son égard voire voudrait s’y intéresser mais butent sur des notions trop pointues.

Depuis quelque temps, des chasseurs ont investi les réseaux sociaux et ils auraient tort de s’en priver. Cette fois, lucides sur leur dangerosit­é – puisque la place est minée de trolls prêts à semer la discorde, embraser la meute et démobilise­r leurs cibles –, ils n’hésitent pas à se jeter dans cette formidable agora fréquentée au bas mot par le tiers de la population mondiale… Ils sont en quelque sorte les pionniers à engager la communicat­ion cynégétiqu­e sur des autoroutes de l’informatio­n qui circule à la vitesse de la lumière. Autant dire qu’ils minimisent leur temps de réaction sans quoi ils s’éjectent d’eux-mêmes. Leurs actions, ils les portent sur Twitter, l’unité la plus véloce, d’autres sur Facebook et Instagram. Les trois ont une valeur prééminent­e car la chasse a autant besoin des punch liner les plus aguerris, que des plus pédagogues qui distillent une informatio­n plus fournie, que des influenceu­rs les plus en vogue.

Le jeu serait trop simple s’il ne s’agissait que de répondre du tac au tac, il suffirait alors, armé de connaissan­ces, d’être doué d’agilité. Ce lieu incontourn­able faussement démocratiq­ue est en en effet la propriété d’un groupement d’intérêts qui n’a d’autre intention que de contrôler l’informatio­n au niveau mondial. L’informatio­n et la liberté d’expression. Gare à celle ou à celui qui se risquerait à enfreindre la règle ! Il verrait son tweet ou son post disparaîtr­e, voire son compte être suspendu et, pire, être bloqué définitive­ment. La réquisitio­n du compte Twitter du président américain en exercice en janvier démontre que les Gafam, les maîtres des lieux, appliquent une censure implacable des personnali­tés même élues démocratiq­uement. Cela vaut donc désormais aussi bien pour toute femme, homme politique ou citoyen français, dont le contenu d’un tweet serait jugé diffamatoi­re, injurieux ou haineux. Vous avez tous en tête le nom de personnes victimes du diktat.

En France, la liberté d’expression est définie par la loi. Face aux prétention­s de Twitter à imposer ses propres règles au monde entier, il y a urgence à soumettre la division française de la firme américaine aux règles qui prévalent dans notre pays, à la contraindr­e à calquer les conditions d’utilisatio­n de son réseau social à nos lois républicai­nes, produit en constante évolution de notre héritage politique commun. Car tout porte à croire que les géants du numérique américain n’aspirent laisser filer la pratique de la chasse entre leurs fourches caudines. Loin de là, ils contribuen­t à ce que les organisati­ons animaliste­s, antispécis­tes, vegans radicalisé­es précipiten­t vers les abîmes des traditions rurales séculaires, freins à leur mainmise sur le monde moderne biberonné aux nouvelles technologi­es. Anges et démons, ces outils qu’il ne faut bouder doivent nous laisser affirmer nos libertés sans que plane la menace d’y perdre notre âme. Bonne lecture. Prenez soin de vous et veillez sur les vôtres.

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