Chasses Internationales

CZ 550 Safari Classics II .458 Lott

- par Charles-henri de Noirmont

L’armurier tchèque Ceska Zbrojovka est connu des chasseurs pour ses carabines d’une robustesse et d’une fiabilité à toute épreuve, mais plus sous le nom de CZ. Nombreux sont les chasseurs et guides profession­nels qui les utilisent, notamment en Afrique, car elles résistent parfaiteme­nt aux conditions éprouvante­s de ce continent. La Sidam, importatri­ce exclusive de CZ pour la France, m’a confié une carabine CZ 550 Safari Classics II (finition Glossy) en .458 Lott.

Dans les années 1950, la littératur­e, les films sur la chasse en Afrique ont poussé des Américains fortunés à s’aventurer sur le continent noir à la chasse du grand gibier dangereux. Le roman d’ernest Hemingway les Vertes Collines d’afrique (1935), le livre de Jack O’connor Outdoor Life (1956) celui de Robert Ruark Horn of the Hunter (1951), le film les Neiges du Kilimandja­ro (1953), les reportages filmés des chasses d’osa et de Martin Johnson y ont beaucoup contribué.

Cependant, les fabricants d’armes américains ne produisaie­nt pas de cartouches ni d’armes de gros calibres adaptées à cette chasse. Le boîtier de culasse de leurs carabines à verrou était, pour la plupart, celui du fusil militaire Springfiel­d en calibre 30-06, copié sur celui du Mauser modèle 1898, largement utilisé par les fabricants, mais trop court pour accueillir les grosses cartouches anglaises couramment utilisées avec succès en Afrique et aux Indes depuis la colonisati­on, telles que la .375 Holland Holland, la .416 Rigby. La .450 Nitro Express de John Rigby chargée à la Cordite, la première poudre sans fumée anglaise, était considérée comme la meilleure. L’industrie américaine entreprit de fabriquer une cartouche dupliquant les performanc­es balistique­s de cette dernière, compatible avec la longueur du boîtier de culasse du

Springfiel­d. Les ingénieurs choisirent la douille de la cartouche .375 Holland Holland Magnum raccourcie à 2,8 pouces (71,12 mm), une balle de 500 grains (32,4 grammes) d’un diamètre de 458 millièmes de pouce (11,63 mm)

Ainsi, en 1956 naquit la .458 Winchester Magnum. Très performant­e à ses débuts, grâce à sa grande surface frontale, au poids et à la vitesse initiale de son projectile, elle souffrait cependant à l’origine d’un inconvénie­nt majeur : une forte compressio­n de la poudre pour loger dans la courte douille la longue balle de 500 grains. Sous le soleil brûlant d’afrique, la poudre d’origine, fortement compressée, pouvait se solidifier, produire des vitesses initiales erratiques et certains chasseurs eurent des sueurs froides après avoir blessé des éléphants, des buffles, à cause d’une combustion incomplète de la poudre.

Après avoir éprouvé la fureur d’un buffle blessé avec une carabine en .458 Winchester Magnum, l’américain Jack Lott (1920-1993), un personnage de roman, eut l’idée géniale d’adopter la douille originale de la .375 Holland Holland, d’en élargir tout le collet au calibre .458 et ainsi d’en augmenter le volume interne afin d’éliminer la compressio­n de la poudre et augmenter les performanc­es. La .458 Lott fut ainsi créée. Une des meilleures cartouches de gros calibre, elle devint très populaire chez les chasseurs africains d’autant plus que les armes chambrées dans ce calibre pouvaient aussi tirer la .458 Winchester Magnum, très répandue. Il ne restait plus qu’à convaincre des fabricants de produire des carabines dans ce calibre et le succès fut au rendezvous, notamment avec CZ…

Mais venons-en à notre CZ 550 et commençons par le canon. D’une longueur de 63,5 cm, d’une épaisseur des parois à la bouche de 3 mm, il porte une bague-grenadière ce qui permet d’abaisser la hauteur de l’arme portée à la bretelle et contribue à donner à cette arme l’allure classique des carabines de safari. Le polissage et le bronzage noir brillant sont sans défaut. L’âme est polie ”brillant”, les six rayures à droite sont nettes, le tonnerre comporte un évent de dégazage en cas de surpressio­n suivie d’une rupture du culot de la cartouche.

Le guidon à boule est monté sur rampe striée antireflet, protégé par un gros protègegui­don ajouré. La hausse Tropicale est montée sur une semelle montée à queue-d’aronde, dérivable, sur un pied de hausse soudé au canon. Elle comporte trois feuillets en V ouvert, le premier, fixe, pour le tir à 100 m et deux feuillets rabattable­s pour les tirs à 200 et 300 m. Chacun porte un trait repère blanc vertical. Le boîtier de culasse est dérivé du célèbre Mauser Magnum à la sûreté de fonctionne­ment inégalée grâce à son grand extracteur à lame, son effet de came à l’extraction, son

éjecteur porté par le boîtier. Fabriqué par Mauser entre les deux guerres, plus long que le boîtier du modèle militaire de 1898 et doté d’un verrou plus épais, il équipait notamment les carabines de Rigby pour pouvoir chambrer les grosses cartouches anglaises de calibre .416 Rigby. Après la destructio­n de l’usine Mauser d’oberndorf am Neckar par les Français en juillet 1946, il a été fabriqué et modifié par CZ : suppressio­n du troisième tenon, dit “de sécurité” placé sous le verrou et dont l’utilité n’a pas été démontrée, nouvelle noix de percuteur, sûreté latérale à deux positions. Quand le percuteur est armé, un indicateur d’armement fait légèrement saillie à l’arrière de la culasse tandis que la sûreté, une fois mise, bloque son ouverture et la queue de détente

Le verrou de culasse bronzé et “bouchonné” porte le numéro de série de l’arme. Son coulisseme­nt dans le boîtier est fluide, grâce au polissage des tenons de verrouilla­ge, de ses rainures de guidage. Le ressort élévateur est bronzé, la planchette élévatrice du magasin bronzée et bouchonnée, la rampe d’alimentati­on est polie, le ressort du verrou de portière de magasin souple. Tous ces soins apportés aux divers composants du boîtier contribuen­t à rendre l’arme d’une parfaite fiabilité, une donnée importante à la chasse au grand gibier dangereux africain. Toutes les surfaces sont nettes et bien polies, sans trace d’usinage.

La détente est livrée avec un stecher réglable, et à la demande, sans ce dispositif. L’arme d’essai avait une détente sans stecher, réglée à un kilo et demi, très douce, ce qui permet un parfait “lâcher de balle”.

La monture est d’une pièce, en très beau noyer, l’extrémité du fût est en ébène. Le quadrillag­e, très soigné à 6 lignes au centimètre, accroche bien la main. Il est enveloppan­t sous le fût, ce qui permet un très bon maintien de l’arme avec des mains mouillées par la pluie ou l’émotion et décoré d’un beau trophée de

buffle Caffer Caffer.

Elle porte deux entretoise­s massives sous le boîtier de culasse et une grenadière. La poignée-pistolet légèrement pentée reçoit le même quadrillag­e que le fût sur toutes ses faces ce qui permet une très bonne préhension de la main forte. La crosse est droite, dotée d’une joue, d’une plaque de couche épaisse, cintrée, en caoutchouc noir épais de 2 cm et ornée d’un trophée de buffle.

La monture est recouverte d’un vernis brillant, satiné (glossy) qui protège bien le bois. L’arme est équilibrée au milieu de la portière de chargement et monte facilement à l’épaule.

◆ Résultats du tir

J’ai procédé à des tirs avec les organes de visée métallique à 50 m sur appui. Le chargement des cartouches dans le magasin, l’alimentati­on, l’extraction et l’éjection des douilles sont sans défaut. Un tir de 4 cartouches a donné 4 impacts inscrits dans un rectangle H = 5 cm + L = 4 cm, avec trois impacts jointifs, preuve de la précision de cette arme. Pour le tireur, la justesse serait à améliorer par un échange d’un guidon plus haut et un réglage latéral du support de hausse pour obtenir un point visé/point touché.

D’où la recommanda­tion importante: toujours vérifier soi-même la justesse de son arme avant une chasse, y compris en tirant avec les organes de visée ouverts ; hausse + guidon.

◆ J’aurais aimé

– Un guidon plus volumineux et plus visible pour les chasseurs qui n’ont plus 20 ans. Un guidon plus volumineux est également plus rassurant pour une prise de visée rapide et un tir certain, sur un animal dangereux.

– Les feuillets de hausses multiples, avec un V trop fin, peuvent se révéler inefficace­s dans le bush et entraîner une erreur de visée. D’autre part, il n’est pas prudent de s’aventurer à tirer au-delà de 50 m, afin d’être certain de bien placer sa balle dans un organe vital. La trajectoir­e tendue de la .458 Lott sur 90 mètres permet de tirer d’autres gibiers, non dangereux, jusqu’à 100 mètres sans correction de hausse.

– Enfin lors de la recherche d’un animal blessé, circonstan­ce dans laquelle l’emploi d’une lunette est à proscrire, il importe de pouvoir acquérir rapidement la ligne de mire pour un tir au juger, même dans les pires conditions de visibilité, de stress, ce que n’optimisent pas ces organes de visée fins.

◆ Je suggère

– Un oeilleton escamotabl­e sur le pont arrière de la culasse, comme sur la Brno ZKK 602. – Ou un oeilleton réglable et un guidon Partridge référence CZ 527 N.104 à monter sur le rail du pont arrière du boîtier de culasse. Il permet de prendre la ligne de mire rapidement. – Ou un guidon avec une grosse boule blanche, associé à une hausse unique avec un grand V d’express réglée pour un tir à 50 m, distance de tir habituelle sur le gibier dangereux.

C’est cet ensemble, monté sur la CZ 550 Safari en calibre .375 HH Magnum, par Éric Briano, armurier à Montrouge (Hauts-deseine) et spécialist­e des armes de gros calibre, qui m’a permis d’arrêter la charge d’un buffle blessé surgissant du bush à 30 mètres d’un tir au jeté et d’une balle au front. Un souvenir et une émotion à la hauteur de la performanc­e de l’arme…

 ??  ?? En brillant (Glossy) ou en mat (Matte), la CZ 550 Safari Classics II existe en calibres .300 Holland Holland, .375 Holland Holland Magnum, .458 Lott, .416 Rigby et .404 Jeffery.
En brillant (Glossy) ou en mat (Matte), la CZ 550 Safari Classics II existe en calibres .300 Holland Holland, .375 Holland Holland Magnum, .458 Lott, .416 Rigby et .404 Jeffery.
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