Hamish Mackie
Étoile filante de la sculpture animalière anglosaxonne, le très créatif Hamish Mackie poursuit une brillante carrière en n’ayant de cesse de s’adapter et de se réinventer.
Confinement après confinement, un climat délétère s’est partout installé. Questionner un artiste à l’époque actuelle était courir le risque d’ajouter le spleen d’un sculpteur à une ambiance déjà morose. La surprise fut grande car Hamish Mackie fait partie des élus auxquels le succès sourit envers et contre tout. Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance pour ce sculpteur britannique autodidacte en dépit de son enfance heureuse dans une ferme d’élevage de Cornouailles, entouré d’animaux et de nature. Pas de background familial, pas de relations ni de hautes études. Il a financé une année de design avec ses premiers essais de sculptures, puis s’est envolé pour l’afrique. Le déclic a eu lieu au Kenya, à la Lewa Wildlife, sanctuaire de faune couvrant plus de 26 000 hectares. C’est là qu’il a réalisé des sculptures en cire avant de prendre la décision de se lancer dans une carrière artistique.
« Ça n’a pas été évident. Mais aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de ma passion quand d’autres paient très cher pour aller étudier les animaux », dit Hamish, lucide. Sa liste de commanditaires en ferait blêmir plus d’un. Citons-en quelques-uns pour terminer de planter le décor : la cavalerie des Household, Berkeley Homes, le Four Seasons Hotel London at Park Lane (Mayfair, Londres), Charles Saatchi, le National Trust, la Barclays, l’université Chapman (Californie, États-unis)…tantôt naturaliste, tantôt plus vibrant, Hamish Mackie possède deux styles distincts : un toucher épais et boueux et un autre lisse et “parfait”, comme s’il parlait deux langues différentes et qu’il en maîtrisait l’écriture, comble pour un dyslexique. La surface se fait alors reflet de l’intimité de la créature dans une sorte d’indissociation du fond et de la forme. Le sculpteur réserve un traitement plus fluide à certains animaux aquatiques, à ses squelettes ou à ses fossiles à l’aspect limpide et pur.
Son faire devient naturellement plus “brut” et rugueux pour aborder la faune terrestre : boeufs, lièvres, rhinocéros que l’on imagine évoluer dans les rivières et les champs poussiéreux ou boueux d’angleterre ou la brûlante savane africaine. Afin d’élaborer ses projets, Hamish utilise à la fois la terre,
l’argile et la plasticine qu’il modèle éventuellement sur des structures métalliques afin de rectifier les compositions et d’ajuster les attitudes. Il a parfois eu recours à la taille directe dans du plâtre. Son dernier projet: une tête de lièvre aux lignes épurées, inspirée par les objets égyptiens admirés au musée du Louvre lors de son séjour parisien en 2016.
L’influence des arts anciens se retrouve également dans son Amphora, sa Mud tablet qui évoque les tablettes cunéiformes mésopotamiennes, ou encore dans son relief de taureau (Bull Relief), réminiscence des peintures rupestres des grottes de Lascaux (Dordogne). Si parmi tous les musées qu’il a parcourus, Hamish Mackie donne sa préférence au musée d’orsay, c’est bien auprès de la nature que l’artiste puise l’essentiel de son énergie créatrice et de sa matière : « Je suis inspiré par le monde naturel qui m’entoure. Parfois, un oiseau, parfois un objet, une coquille ou un fossile. » L’artiste a eu le privilège d’observer les animaux sauvages aux quatre coins du monde : « L’observation des animaux dans leur propre environnement est essentielle pour comprendre les traits physiques et instinctifs du sujet. Par exemple, la disposition d’un prédateur captif est très différente de celle d’un prédateur sauvage. » Parmi ses destinations, citons l’europe, l’australie, les Émirats arabes unis, l’inde et, bien sûr, l’afrique, si chère à son coeur.
Situation sanitaire oblige, l’artiste a privilégié en 2020 l’étude d’une faune plus locale avec des déplacements aux Hébrides intérieures, en Cornouailles et sur les plages du Norfolk tant prisées des ornithologues. Confiné une grande partie du temps dans son atelier, il a ainsi réalisé, en plus de têtes de guépards, une nouvelle collection de volatiles comme son impressionnante Chouette hulotte, ou encore un merle, une sittelle et des roitelets. Le répertoire d’hamish Mackie semble infini. Passionné par les cerfs et les sangliers, il a néanmoins l’afrique dans la peau. Pour lui, il n’y a rien de mieux que de sculpter un éléphant à l’arrière d’un Land Rover dans la brousse, entre deux études de guépards. La photographie reste incontournable pour l’exactitude anatomique sur laquelle repose en grande partie son approche artistique: « Aujourd’hui, avec des appareils photographiques modernes et les ressources d’internet, il est assez facile pour un artiste d’étudier un animal sauvage dans son habitat naturel. Je prends également des centaines d’images et de vidéos que je peux ensuite utiliser comme référence dans mon atelier. Un bon exemple de cela serait mes lions grandeur nature. » 1. Éléphanteau pourchassant un phacochère. L’artiste a notamment étudié les éléphants au nord du Kenya. 2. Cette Lionne a fait la couverture de son dernier catalogue, distribué à plus de 17 000 exemplaires ! 3. et 4. Du puissant Buffle au gracile Léopard courant, Hamish maîtrise tous les registres. 5. Chouette
hulotte. Réalisés en 2020, les douze exemplaires ont déjà trouvé acquéreurs.