Sweet home Barbary Chesneau
Ce jour-là, j’ai pris un café en Afrique… À deux pas d’un Caffer caffer, d’un grand éland de Derby et d’un bubale… Impressionnants, massifs et magnifiques à la fois, ils m’invitaient, figés dans leur force tranquille, à embrasser la savane…
« L’afrique, c’est l’univers dans lequel j’ai grandi : je suis fille d’un taxidermiste passionné d’afrique, raconte Hélène Barbary, 32 ans.
Un univers de voyages aussi, de guides de chasse… ».
Installée au coeur de la Sologne, près de l’atelier où son père redonne vie à des animaux chargés d’aventures, de sueurs et de traques, Hélène a développé en 2018 avec Florian Chesneau, son compagnon, une activité singulière unique en France: la création de pièces de déco, de maroquinerie et de mobilier à partir de trophées de chasse.
« L’idée était de perpétuer cette tradition du trophée en sortant du traditionnel trophée mural, mais en amenant un regard neuf à la taxidermie à travers des réalisations originales et sur mesure », expliquent-ils.
Hélène et Florian ont mis en commun, pour cela, leur héritage et leur savoir-faire artisanal – l’architecture intérieure et le travail du cuir acquis aux Ateliers Grégoire à Paris « où l’on forme les petites mains de chez Hermès », pour elle; la menuiserie et l’ébénisterie « qui me donnent l’occasion de me familiariser avec de magnifiques demeures décorées avec goût en Sologne », pour lui – laissant ainsi libre cours à leur imagination.
C’est un chasseur de retour d’afrique qui leur offre leur première réalisation : un meuble télé en peau de crocodile et cuir de vachette. Émergeront alors de nouvelles créations comme cette superbe lampe d’un mètre vingt de haut, fabriquée à partir de cornes de grand koudou montées sur un socle en ébène.
« C’est dans les stocks de mon père que nous avons trouvé ces étuis. Il garde tout depuis des années ! Alors on fouille et ce que l’on trouve nous inspire. » Cuirs, peaux, cornes, essences de bois, bois de cerf… tout ou presque va nourrir l’enthousiasme et l’esprit créatif d’hélène et Florian. Car pas question de gâcher la moindre chute non utilisée en taxidermie. « Nous optimisons ce qui reste en valorisant les matières dans le plus grand respect de ce que la nature nous offre. Et parfois, l’inspiration nous vient de l’expérience quotidienne des chasseurs eux-mêmes. »
Peaux d’antilopes, de zèbre, d’élan, de koudou, cuir de buffle, de crocodile ou encore d’éléphant, que peuvent fournir les clients, sont ainsi tannés et minutieusement travaillés pour habiller des fauteuils, des assises ou des bancs, ou encore façonner d’incroyables mobiliers et objets de décoration : coiffeuses en zèbre, consoles à l’esprit colonial, bougeoirs avec des cornes… Les morceaux de peaux servent, eux, à la fabrication de jolis produits de maroquinerie tels que des porte-cartes, des flasques à alcool mais aussi des sièges de battue, des gibecières, des colliers pour chien ou encore de ravissantes mallettes à cartouches capitonnées d’une suédine. « Les mallettes comme celles-là sont en contreplaqué, avant elles étaient en chêne et cousues main avec une alêne. Ces savoir-faire qui se perdent, nous souhaitons les conserver comme nous tenons à garder nos fournisseurs français de bois, de boucles et de fonderies. »
Dans le showroom de l’entrée qui jouxte l’atelier de taxidermie, les créations d’hélène et Florian laissent dévoiler leur originalité, chic et élégante. Au mur, un fourreau de carabine, doublée d’un tartan écossais avec rabat de protection, le nom est marqué à chaud avec de la dorure. J’entends l’appel de l’afrique… ■