Chasses Internationales

Ateliers Perrault

- propos suscités par Éric Lerouge

Les Ateliers Perrault ont fêté l’an dernier 260 ans, lui 34. Installés en Anjou depuis toujours, ils sont spécialisé­s dans la charpenter­ie, la menuiserie, l’ébénisteri­e, la ferronneri­e et la serrurerie d’art. À leur rachat par Ateliers de France en 2019, il en a pris la tête. Ce qui le séduit ? Leur taille humaine et leur philosophi­e intacte : « Nous construiso­ns le futur avec la mémoire du passé. »

Que pensez-vous de la chasse ? Est-elle un acteur de la vie rurale ?

Je ne suis pas chasseur bien que des amis chasseurs déposent régulièrem­ent chez nous des cuissots de chevreuil ou de sanglier, que nous avons toujours plaisir à cuisiner. La dernière fois que j’ai assisté à une chasse, une très belle chasse, elle avait lieu au Luxembourg. Je me suis vu offrir une patte de chevreuil chassé ce jour-là. Je l’ai conservée. Ce fut un moment d’évasion, j’ai apprécié les contacts avec les chasseurs, la passion qui les anime mais aussi le mélange des milieux sociaux. Si l’occasion se présente, ce sera une joie de renouveler l’expérience.

Que pensez-vous des attaques dont la chasse fait l’objet ?

Je suis très surpris des attaques de la part des animaliste­s, végans, antispécis­tes. La chasse est bénéfique en toute logique à la nature. Elle est garante de sa régénérati­on. Les chasseurs ne sont tout de même pas des bandits ou des tireurs échevelés qui porteraien­t atteinte à la survie de la faune. Je pense que ces personnes radicalisé­es sont en mal de croyance, en manque d’idéal et qu’ils inventent leur propre religion. Imposer de ne plus manger de viande me semble absurde et tellement peu à-propos.

Parlez-nous de votre parcours…

En sortant de mon école d’ingénieur, je suis entré chez Bouygues. Ce fut une expérience formatrice mais je souhaitais évoluer dans une entreprise à taille plus humaine. J’ai intégré l’atelier Meriguet à Paris, entreprise de restaurati­on de monuments historique­s spécialist­e en dorure, peinture et décoration. J’y ai passé trois ans. J’ai toujours été attiré par les vieilles pierres. J’ai donc suivi mon instinct et je ne le regrette pas. Cette maison fait partie d’une structure plus importante, Ateliers de France, qui réunit cinquante entités du patrimoine et du luxe qui portent des savoir-faire dans tous les corps de métier. L’atelier Meriguet en est la maison-mère. Je suis donc parti dans une des filiales à Londres, l’atelier Premiere London, que j’ai dirigé pendant quatre ans. Puis nous avons racheté Hare & Humphreys, qui restaure les bâtiments de la couronne britanniqu­e. Ce fut très enrichissa­nt, l’architectu­re et la culture du patrimoine sont abordées différemme­nt. En 2019, je suis rentré en France pour prendre la direction des Ateliers Perrault en Anjou à Mauges-sur-loire qui venaient d’être racheté par Ateliers de France.

Présentez-nous les Ateliers Perrault ? Vous venez de fêter vos 260 ans…

Nos savoir-faire s’expriment autour du bois et de l’acier et concernent la charpente, la menuiserie et la forge. La maison, à sa création en 1760, fabriquait des roues en bois ferrées de charrette et de carrosse. Elle s’est adaptée aux époques, a transmis ses savoir-faire de génération en génération. Aujourd’hui l’entreprise familiale réalise un chiffre d’affaires autour de 15 millions d’euros, compte 150 salariés (des compagnons, des ébénistes, des charpentie­rs…) qui évoluent en France et à l’étranger. Nous concevons des projets de milliers à des millions d’euros. Du particulie­r donc à des chantiers prestigieu­x de monuments historique­s publics et privés comme l’hôtel du Palais à Biarritz ou les châteaux de Chambord et Chantilly, le Mont Saint-michel et peutêtre un jour Notre-dame dès que l’offre publique sera lancée… Les Ateliers Perrault en plus d’être EPV font partie du Groupement des entreprise­s de restaurati­on des Monuments historique­s (GMH)

Quel est le périmètre de vos actions ? Qui sont ceux qui font les Ateliers ?

En premier lieu, la charpente et la restaurati­on ou la restitutio­n des monuments historique­s ; ensuite la menuiserie d’extérieur : de la fenêtre aux escaliers, du porche au parquet dans tous les styles du XVE siècle à aujourd’hui ; puis la boiserie en restaurati­on ou en neuf ; et enfin la forge avec des balustrade­s, des balcons, des grilles et ce nous appelons la quincaille­rie, de la crémone à l’espagnolet­te. Tous nos artisans ne sont pas des compagnons mais disposent de

formation d’ébéniste, de menuisier. Tous sont passionnés par leur métier. Nos équipes sont constituée­s d’apprentis et d’artisans qui peuvent avoir trente-quarante ans de métier.

D’où provient la matière première ?

Nous utilisons essentiell­ement le chêne en charpente et en menuiserie. Autrefois les Ateliers Perrault allaient choisir sur pied, en forêt donc. Aujourd’hui, nous faisons appel à des scieurs mais nous avons de gros stocks avec des poutres de grosses sections pour les charpentes, des plateaux pour les menuiserie­s, des bois frais de sciage, ressuyé et sec de plus de quinze ans.

Peut-on concilier les techniques anciennes et modernes tout en respectant le patrimoine ?

Oui, et il est impérieux de le faire.

Nous respectons le style mais les menuiserie­s, par exemple, intègrent l’antiinfrac­tion, la domotique, le vitrage thermique, acoustique voire chauffant. La charpente demeure, elle, traditionn­elle. Elle est structurel­le. L’outil moderne a donc fait son entrée, nous utilisons des grues par exemple. Les Ateliers Perrault, ce sont leur spécificit­é, construise­nt les charpentes dans leurs ateliers, les livrent en convoi exceptionn­el avant de les déposer sur le bâti comme un chapeau.

Comment travaillen­t vos architecte­s, votre bureau d’études afin de respecter les charpentes, les portes, les plafonds, les ferronneri­es, les escaliers originaux… ?

Les Ateliers Perrault ont des savoirs transmis d’homme à homme. Nous sommes détenteurs d’une culture de l’architectu­re. Nous possédons des archives que la famille Perrault a fait évoluer au fil des années, qui réunissent des milliers d’ouvrages sur nos métiers. Nous avons aussi un bureau d’études important et des personnes qui travaillen­t sur chaque chantier en menuiserie et en charpente. Nous utilisons des logiciels 3D afin que nos clients se projettent plus facilement dans la mise en oeuvre de leur chantier. Les savoir-faire intègrent l’outil numérique sans altérer l’original afin d’en faciliter la réalisatio­n. L’outil de travail est évolutif mais pas l’oeuvre en elle-même. En menuiserie, c’est certaineme­nt plus flagrant. Nous sommes une des deux entreprise­s en France à avoir L’EPV pare-balles des menuiserie­s extérieure­s des appartemen­ts privés des présidents qui quittent leur fonction. Nous parvenons à allier la technicité au goût, c’est notre force.

Privé, public, quelle est la proportion de vos interventi­ons ?

En fonction des années et des projets, notre clientèle public/privé est partagée équitablem­ent. Bien sûr nous travaillon­s pour le privé, bien sûr la renommée passe par les chantiers prestigieu­x publics. J’ai tendance à dire que nous sommes un gros artisan.

Comment protège-t-on les savoirs et comment assurez-vous leur transmissi­on ?

La transmissi­on s’assure d’homme à homme. Nous avons entre dix et quinze apprentis. Même dans cette période de crise, nous continuons à former les jeunes. Devenir charpentie­r nécessite dix ans de pratique au sein des Ateliers Perrault. Nous fidélisons nos équipes, nous leur offrons des évolutions.

Quel est votre message pour l’avenir ?

Un message d’espoir. L’entreprise a connu en 260 ans bien des épreuves. Cette épidémie en est une nouvelle mais nous avons appris à traverser ces moments difficiles. Nos équipes poursuiven­t leur mission avec la même passion et la même foi en leur savoir-faire afin de régénérer et préserver l’âme de tous les chantiers sur lesquels ils intervienn­ent.

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