Le loup sous cloche en Espagne
La décision a été applaudie par… les associations de défense de l’environnement, mais « certaines régions autonomes et groupements d’éleveurs craignent pour la sécurité des cheptels », a indiqué le quotidien El País. Le jeudi 4 février, l’espagne a donc mis un terme à la chasse du loup sur la totalité de son territoire lors d’un vote au sein de la Commission d’état pour le patrimoine naturel et la biodiversité, auquel ont participé les régions autonomes et le ministère de la Transition écologique et du défi démographique.
La mesure a été rejetée par la Galice, les Asturies, la Cantabrie et la Castille-et-león. Ces quatre régions concentrent 95 % de la population de loups sur la péninsule ibérique. Elles regrettent que les voix de certaines régions aient pesé dans la balance en faveur de l’interdiction de la chasse aux loups alors qu’elles n’ont qu’une faible voire aucune population sur leurs terres.
Pour rappel, la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’europe, dite Convention de Berne, a été adoptée au niveau européen en 1979. Elle possède une annexe II listant les « espèces strictement protégées » dans laquelle figure le loup. Si la France a ratifié le texte, l’espagne avait, elle, exigé le passage du loup à l’annexe III contenant les « espèces protégées », pour lesquelles les moyens de régulation de la population peuvent être mis en place plus aisément. L’espagne avait ainsi plus de liberté pour réguler ses loups et les faire cohabiter avec le pastoralisme. À la différence de la France où un plafond est fixé par arrêté ministériel, à charge aux préfets d’autoriser des tirs de défense ou de prélèvement, chaque région d’espagne pouvait décider du contrôle des effectifs de loups.
Depuis les années 1960, la population de loups ibériques en Espagne est passée de quelques centaines à plus de 2 000 individus. En tant que prédateur de pointe, le loup se nourrit de la faune locale et tue aussi quelque 15 000 animaux d’élevage dans tout le pays selon le Coag, syndicat espagnol des éleveurs et des agriculteurs ! ■