Benjamin de Rothschild
Aux salons si familiers tu préférais la nature et les sensations fortes. Armainvilliers, cadre fastueux des chasses de ton enfance, offrait un horizon trop plat pour ta soif d’aventure et ton goût du risque. Ta passion de l’afrique est survenue au Cameroun avec Henri Eyt-dessus puis multipliée lors d’innombrables safaris à travers les territoires les plus sauvages.
De l’alaska au Kamtchatka, de l’arctique à la Mongolie, du Cameroun au Mozambique comme dans toutes les contrées voisines, tu as collectionné les émotions et les expéditions. Au Mozambique, ton choix se porta à Niassa sur l’immensité vierge que nous avons découverte entre les rivières Lugenda et Metapiri. Au Cameroun en association avec Pierre Guerini, tu as développé une organisation de premier plan sur le beau territoire de ton premier safari.
Tu aimais les longs séjours dans tes camps de ces pays pour y déployer discrètement ta générosité au bénéfice des populations et de la faune sauvage. En Autriche, la chaleureuse intimité du chalet d’ischgl récompensait les efforts vertigineux imposés par l’approche d’un chamois ou d’un bouquetin. Bien des amis chasseurs ont été reçus aux Trente Arpents en Seine-et-marne où tu partageais avec une totale simplicité le plaisir de converser avec invités et rabatteurs.
« Là où il y a une volonté, il y a un chemin », disait André Gide. En 2010 lorsqu’un nuage de cendres paralysa le trafic aérien en Europe, tu as contourné par l’asie la moitié du monde pour rejoindre, à l’heure dite, le safari qui t’attendait au Botswana.
Tu as apporté à la banque privée une forte croissance avec cette même détermination et autant d’intuition. En y ajoutant l’élégance de détendre les plus sérieux conseils d’administration par un trait d’humour décapant.
En connaisseur cultivé et mécène averti, tu encourageais le travail des artisans de talent invités à compléter tes collections d’armes fines, beaux couteaux, voiliers de compétition, bolides et oeuvres d’art.
Décontracté et jamais dilettante, singulièrement attachant, tu illustreras pour longtemps dans nos mémoires la liberté et la générosité.
Adieu Benjamin, ami exceptionnel. ■