Chasses Internationales

La chasse, atout des communauté­s

- par Marianne Courrouble*

Je remercie Emmanuel Koro, journalist­e basé à Johannesbo­urg, spécialist­e des questions d’environnem­ent et de développem­ent en Afrique, reconnu et primé pour ses nombreux écrits, auteur du livre Western Celebratio­n of Africa Poverty, de m’avoir autorisé à traduire pour Chasses Internatio­nales son article intitulé « Choisir la faune sauvage plutôt que le bétail des communauté­s rurales de Namibie ». Premier volet : non à l’élevage, oui à l’éducation.

Si vous voulez devenir l’ennemi public numéro un des communauté­s rurales africaines, dites-leur d’arrêter d’utiliser leur terre destinée au bétail. Le bétail est symbole de statut dans de nombreuses régions de l’afrique rurale. La richesse ou le statut d’une famille est généraleme­nt mesuré à la taille de son troupeau. Malgré cette réalité africaine, la faune sauvage de Namibie a récemment convaincu les membres du Conservanc­y (conservato­ire de faune sauvage) Anabeb en Namibie de convertir l’usage de leur terre de l’élevage à la chasse. Ils étaient tous d’accord ! Comment est-ce possible ?

Les avantages plus attrayants de la chasse dont ont pu bénéficier les 200 foyers du Conservanc­y Anabeb pendant plusieurs années les ont décidés, en 2019, à compléteme­nt abandonner une tradition africaine de plus d’un siècle, à savoir consacrer la terre à la production de bétail. Aujourd’hui, la faune sauvage prospère librement où se trouvaient les zones de pâturage. Il s’agit là d’une rare transforma­tion culturelle engendrée par les bénéfices extraordin­aires et radicaux en termes de conditions de vie apportés par la chasse.

Pour les membres du Conservanc­y Anabeb, la chasse apporte plus de ressources en termes économique et de conservati­on de la nature que le bétail, plus demandeur en eau et en zones de pâturage que la faune sauvage.

Le choix de l’usage de la terre pour la faune sauvage a aussi l’avantage de réduire les conflits homme/faune : on ne tue plus la faune sauvage par vengeance parce qu’un animal sauvage a dévoré du bétail. « Si tu vends une vache, tu reçois 125 dollars, alors qu’un koudou t’en rapporte jusqu’à 935 ou plus selon la taille, soutient Ovehi Kasaona, président du Conservanc­y Anabeb. En conséquenc­e, nous avons décidé l’an dernier de vendre tout notre bétail et de nous tourner vers la chasse et l’établissem­ent de lodges que nous avons construits grâce à elle ».

Les bénéfices tirés de la chasse ont apporté des avantages sans précédents pour la conservati­on de la faune sur notre territoire, mais aussi pour l’approvisio­nnement en eau «à cinq mètres de distance de chaque foyer ». Cela a réduit de façon drastique les longues distances que devaient parcourir les femmes et les enfants à pied dans ces paysages arides.

Les revenus tirés de la chasse au trophée ont aussi amélioré les conditions de vie des population­s locales de façon significat­ive. Ils ont financé les secteurs de l’éducation, la santé et l’assainisse­ment. La communauté a pu acheter une ambulance pour la clinique locale, facilitant l’accès à des soins pour les femmes enceintes et les autres résidents de la communauté. Cette ambulance a ainsi permis d’éviter de la perdre la vie faute de transport rapide.

Kasaona raconte que « parmi les autres infrastruc­tures développée­s grâce aux revenus de la chasse figure la constructi­on d’un jardin d’enfants. Le Conservanc­y Anabeb a aussi amélioré les installati­ons sanitaires à l’école locale. Alors ceux qui doutent des avantages de la chasse doivent venir constater par eux-mêmes de toute urgence les résultats sur le terrain». D’autres crèches et d’autres écoles primaires seront construite­s à l’avenir. Chaque village de plus de cinquante foyers en sera doté. « Nous allons mettre en place un fonds qui sera destiné aux étudiants du Conservanc­y afin qu’ils soient formés au tourisme dans les université­s. » ■

La suite de son article dans notre prochain numéro.

(*) Fondatrice de Résilience Nature (resilience­nature.com) spécialist­e de la conservati­on et l’utilisatio­n durable des ressources de la biodiversi­té.

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