Bourgeoisie écologiste
Les dangers de la mécanisation et de l’industrialisation à l’encontre de notre planète auront été révélés assez tôt dans l’histoire des temps modernes. Toutefois, il aura fallu deux guerres hémorragiques, un développement économique anarchique assorti d’une compétition politique sans précédent à l’échelle mondiale (la “guerre froide”), pour qu’enfin collectivement nous acceptions de reconnaître les dommages causés et que notre monde naturel est grandement menacé.
Ce dont l’homme a rêvé, il l’a fait. Pour autant, les êtres supérieurs donneurs de leçon d’aujourd’hui sont passés pendant des années à côté de ce péché d’orgueil.
Ils ont vu trop tard l’industrialisation de l’agriculture et la généralisation des matières plastiques ainsi que leur expansion dans tous les compartiments de la Nature. On peut toujours refaire l’histoire, avec d’un côté les bons, et de l’autre les méchants, mais le monde entier a collaboré en étant complice de ce grand marché du possible, des fraises à Noël, du thon rouge tous les jours, de la profusion des rayons des supermarchés, de l’utilisation d’énergie sans limite. Une consommation de masse sollicitée par une exigence de masse. Pas plus les capitalistes que les communistes n’ont anticipé les conséquences de ce développement. L’industrialisation de l’agri-assisterons culture a même été conçue comme un progrès. L’amélioration inédite du niveau de vie et la croissance démographique ont progressé simultanément, à quel prix écologique.
Les résistants de dernière heure sont devenus des censeurs actifs. Un boulevard des idées s’ouvre à eux, souvent au mépris de l’histoire et de la Connaissance. Si nous n’y prenons garde, nous, communs des mortels, serons assujettis à ces nouveaux censeurs clivants et à leurs nouvelles idées. Ils auront tôt fait de nous emmener dans un monde tout aussi excessif que le précédent, sans pour autant sauver la planète. On protégera des poussins de la destruction, mais on permettra l’avortement jusqu’à neuf mois pour des raisons de confort psychique. Nous partagerons voitures, maisons de vacances, résidences principales avec d’autres personnes qui nous seront désignées. Nous à une gigantesque nationalisation des ressources devenues “biens communs”, la forêt appartient déjà à tout le monde. Des commissions se réuniront pour autoriser ou non l’abattage des arbres. Les juges des animaux condamneront les propriétaires d’animaux à des travaux d’intérêt général. Des récompenses et des médailles seront accordées à ceux qui dénonceront des comportements déviants. Ce sera le royaume des chats, du chienchien à sa mémère et de la bonne conscience de cette nouvelle bourgeoisie écologiste. Un vrai progrès. Il est grand temps de nous mobiliser car bientôt nous ne monterons plus à cheval, nous ne mangerons plus de viande sous le prétexte d’une méthanisation excessive, nous ne toucherons plus aux plantes sensibles. Nous nous nourrirons alors de corps humains “reconditionnés” comme dans Soylent green d’harry Harrison. Ce sera pour notre bien.
Ne pas réagir contre ces utopies restrictives et les fantasmes de ceux qui croient savoir parce qu’ils sont émus, serait une erreur considérable. Nous continuerions à nous désincarner, à nous “désanimaliser”. Notre avis ne vaut pas moins que celui d’activistes souvent frustrés qui mélangent écologie et lutte des classes. Demandons-nous aujourd’hui à qui profite le crime. ■