Chasses Internationales

Le chasseur ruraliste et l’universita­ire ornitholog­ue

- EDDIE PUYJALON conseiller régional d’aquitaine, président du Mouvement de la Ruralité

Le 13 juin 2008, je recevais, à sa demande, Bertrand Alliot, un universita­ire de Paris-est Marne-la-vallée à mon domicile girondin. Je savais, après avoir fait quelques recherches, que ce docteur en science politique et ingénieur en environnem­ent était aussi un membre de la LPO (Ligue de protection des oiseaux). Pour autant, fidèle à ma nature, j’avais accepté cette entrevue, conscient que je n’avais rien à cacher, mieux, que je pouvais exposer en toute transparen­ce qui était le contestata­ire ruraliste sous son prisme d’humaniste, d’homme de la nature et de chasseur.

À l’approche de la quarantain­e, je pouvais retracer librement l’évolution sociétale, environnem­entale et le cheminemen­t politique qui avait construit ce que j’étais devenu. On ne naît pas de droite ou de gauche, on construit son positionne­ment politique en adéquation avec ce que l’on est et ce que l’on vit… Dans son « Portrait d’un contestata­ire chasseur et ruraliste »1 qu’il publia sur son site le 12 août 2008 après notre rencontre – toujours consultabl­e et que je vous engage à lire –, l’ornitholog­ue retranscri­vit parfaiteme­nt mes propos et mes sentiments exprimés ce jour-là.

Le temps est passé sans qu’aucune occasion ne m’ait permis de rencontrer de nouveau le brillant universita­ire. Pourtant douze ans plus tard, Bertand Alliot – exerçant aujourd’hui à l’université Gustave-eiffel à Marne-la-vallée –, m’a adressé, accompagné de quelques mots, son dernier ouvrage ô combien intéressan­t ! Une histoire naturelle de l’homme2 sous-titrée L’écologie serait-elle une diversion ? Cet ouvrage et sa dédicace raniment la foi que je nourris en l’humain et mes instincts naturels qui me poussent à toujours communique­r avec mes semblables. Je profite de ces colonnes afin de remercier Bertrand Alliot qui ne m’a pas perdu de vue et saluer son livre bien argumenté. L’auteur se présente comme un naturalist­e amateur, mais c’est avant tout un docteur en sciences humaines qui va observer l’homme comme il observe les oiseaux et les animaux et qui va raconter l’histoire naturelle de l’homme depuis sa création.

Pour l’auteur, les hommes ont des difficulté­s à supporter leur statut d’être vivant et ils ont donc toujours besoin de s’inventer des histoires qui le dissimulen­t. Selon lui, le « récit de l’écologie » est une manifestat­ion de ce besoin, non pas dans sa manière de mettre en valeur certains problèmes environnem­entaux bien réels, mais plutôt dans sa manière de mettre en scène une catastroph­e à laquelle doit répondre un homme qui se transforme en « héros ». C’est cette part de l’écologie qui est irrationne­lle et qui laisse entrevoir un côté religieux de l’action des écologiste­s. Bertrand Alliot se sert souvent de ses références ornitholog­iques et animalière­s afin d’illustrer ses propos. De l’ours et de la fouine à l’alouette et au coucou, le naturalist­e calque les comporteme­nts des animaux sur ceux des humains.

Si j’osais en faire autant, je pourrais schématise­r cette façon de penser de la même manière : telle une jeune corneille, Greta Thunberg s’est muée en oiseau chanteur, persiflant à tout vent sur les dangers du climat. Comme on chante les versets d’une religion, les oiseaux persifleur­s de l’écologie ont choisi le climat, tellement vaste et impalpable qu’il leur offre à l’infini la machine à produire la parole perpétuell­e, d’une dramaturgi­e environnem­entale à la gloire de l’écologie politique.

J’ai moi-même eu cette forme de réflexion, lorsque l’auteur cite les inquiétude­s des pionniers de l’écologie sur les dégradatio­ns de l’environnem­ent. Ainsi, « lorsque le castor coupe des peupliers noirs où lorsqu’il édifie des barrages dit-on qu’il dégrade son environnem­ent ? Entre les actions des hommes et des animaux, il n’y a pas de différence de nature. La seule étant la manière que l’homme a de les apprécier ».

Bertrand Alliot cite Pierre de Ronsard, « sous d’autres apparences ce qui périt renaîtra. La forêt sera prairie, la vallée montagne, la cime d’athos une large campagne. Le poète qui a longuement pleuré les dégradatio­ns ne voit soudaineme­nt que des modificati­ons. Les bûcherons méchants sont devenus à la fin des castors inoffensif­s ». Pour lui, l’écologie politique est une impasse, elle est inapte à répondre aux enjeux environnem­entaux actuels. L’écologie veut que l’homme contemplat­if s’érige en tuteur de l’homme actif pour que le second bénéficie de la sagesse du premier. Autrement dit, pour que le paysan rural actif soit aux ordres de l’urbain contemplat­if…

Un ouvrage à lire assurément… ■

(1) https://www.bertrandal­liot.com/blog/2017/6/18/portrait-duncontest­ataire-chasseur-et-ruraliste

(2) Une histoire naturelle de l’homme. L’écologie serait-elle une diversion ? de Bertrand Alliot, L’artilleur, 187 pages, 15 €.

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