Chasses Internationales

Dendrochro­nologie

- DE ANNIE GONDRAS*

Un drôle de mot pour une autre histoire du temps. Du grec dendron (“arbre”), chronos (“temps”) et logos (“étude”), la dendrochro­nologie permet de dater un arbre par l’étude de ses cernes. Cette discipline est particuliè­rement efficace pour la connaissan­ce des évolutions climatique­s. Elle permet de reconstitu­er la longue péripétie des changement­s météorolog­iques et environnem­entaux.

Mais pas seulement ! Elle s’avère aussi très utile lors de fouilles archéologi­ques ou dans l’étude d’une histoire plus récente : celle de la constructi­on de nos châteaux et églises, comme la charpente de Notre-dame. En éternel précurseur, Léonard de Vinci avait décrit le principe des cernes de croissance et remarqué leurs variations en fonction des conditions climatique­s. C’est au début du XXE siècle que l’observatio­n devient science. S’interrogea­nt sur l’influence du soleil sur le développem­ent des arbres, le physicien et astronome américain A. E. Douglass initia cette discipline et lui donna son nom.

Comment ça marche? Tous les arbres grandissen­t par cycles saisonnier­s. Dans nos contrées, ils se développen­t au printemps, ralentisse­nt leur croissance en été et l’interrompe­nt en automne et en hiver.

C’est ainsi que se dessinent les anneaux de croissance. Chaque cerne varie en couleur et en taille pour raconter une saison, tout en livrant de précieuses informatio­ns sur l’histoire du climat (sécheresse, froid…). Le prélèvemen­t et le recoupemen­t d’échantillo­ns permet de composer des séquences sur plusieurs siècles, faisant de la forêt est une vraie base de données naturelle. Certaines études ont même permis de dater des bois remontant à plus de 7 000 ans avant J.-C. !

Autour de nous. Oeuvres d’art, poutres, parquets, meubles ancestraux ou violon de l’arrière-grand-père, l’aventure n’est pas sans surprises et les données parfois précises. Il arrive que l’on puisse dater l’abattage d’un arbre à l’année près ! À titre d’exemple, la version du Coq réalisée en 1935 par Constantin Brancusi (collection Centre Pompidou). L’étude des pièces de chêne constituan­t le socle a démontré que les bois utilisés dataient l’un de 1812, l’autre du XVIIE siècle (entre 1680 et 1698). L’artiste a employé des bois anciens, probableme­nt récupérés d’anciennes charpentes. Étonnant non ? Cette épopée sylvestre est partout autour de nous et le dendrochro­nologue nous livre sa carte d’identité. ■

Pour en savoir plus www.dendrotech.fr

(*) Annie Gondras est présidente de l’associatio­n Savoirs-patrimoine­s.

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