Chasses Internationales

D’ici et d’ailleurs

- Manue Piachaud

Le 17 mars, dans un arrêt portant sur la compatibil­ité de la législatio­n française avec le droit de l’europe, la Cour de justice de l’union européenne avait estimé qu’« un État membre ne peut pas autoriser une méthode de capture d’oiseaux entraînant des prises accessoire­s dès lors qu’elles sont susceptibl­es de causer aux espèces concernées des dommages autres que négligeabl­es ». Restait donc à prouver que la capture aux gluaux était dommageabl­e. Le Conseil d’état s’en est passé puisque, le 28 juin, il l’a jugée illégale, en invoquant qu’elle était contraire au droit européen… Il a précisé qu’« il n’est pas démontré que les autres oiseaux capturés accidentel­lement avec cette méthode le sont en faible nombre et sans conséquenc­e grave ». Oui des images horribles ont été filmées grâce à des pièges photos sur des propriétés privées. Non il n’était pas courant de voir des baguettes engluées laissées sur place toute la journée, des oiseaux agonisants, des plumes arrachés, des animaux jetés… Dans les postes, où le gluau était correcteme­nt utilisé, à 11 heures tous les pièges de colle étaient enlevés, c’est ce qui était prévu par la loi. Tout ce qui a été vu sur ces vidéos de la LPO était les infraction­s de quelques glueurs malveillan­ts: des braconnier­s donc, pas des chasseurs. Parce que la surveillan­ce et les sanctions n’étaient pas assez efficaces ? C’est le mode vie de 6 000 personnes qui a été balayé. Et il faut le vouloir pour aménager un poste où des baguettes engluées sont destinées à prendre des grives surtout (et des merles). Scier, clouer, visser, se camoufler, ruser… C’était ça aussi la passion de ces gars (lire ma chronique en page 34).

N’aurions-nous pas pu travailler sur l’éthique du piégeage à la glu? Énumérer les aspects qui devaient être conservés. Énoncer ce qu’il fallait adapter. Montrer qu’un groupe de chasseurs est capable d’évoluer pour préserver ce qui, pour certains, est une raison d’exister. Ce savoir-faire ne causait pas plus de torts aux espèces que les filets avec lesquels les oiseaux sont attrapés pour être bagués par des ornitholog­ues. Un suivi des comporteme­nts des animaux semble pourtant moins naturel qu’une capture qui sert à avoir des appelants pour ensuite se nourrir des fruits de la nature.

L’interdicti­on d’une pratique de chasse en France n’est jamais arrivée et l’on peut se demander quelle va être la prochaine. Dans notre monde où la domesticat­ion du sauvage paraît si cohérente, l’ingéniosit­é de la prédation a moins de sens que la technologi­e au nom des sciences de la vie ? Échafauder des théories assis dans son fauteuil devant son écran semble bien plus convaincan­t que de vivre en toute sérénité une pratique ancestrale dans les collines en plein air.

À titre informatif, la terminolog­ie est la “chasse aux gluaux” plutôt qu’“à la glu” et plus précisémen­t “capture aux gluaux” serait plus juste. Ce n’est donc pas de la glue au sens où nous l’entendons communémen­t mais bien du gluau, aussi écrit glu comme me l’ont corrigé plus d’une fois les passionnés. Leur voix n’a pas été assez forte face à celles de la LPO et de Onevoice et n’a pas été entendue par l’état. Maintenant ils n’ont d’autre choix que de se taire…

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