Chasse conservation Pourquoi la nier ?
Quoi qu’on en dise, la chasse est un outil de conservation de la faune et de préservation des milieux naturels. Pourtant ses bienfaits sont désespérément tus. Médias, écologistes, scientifiques, ONG… et même certains pays préfèrent l’entraver comme récemment l’état français. “Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.” Notre enquête révèle quelques vérités, toujours bonnes à dire !
Depuis plusieurs années, dans le monde de la grande chasse sportive, on ne parle plus de chasse aux trophées mais de chasse “conservation”. Car la chasse à l’étranger est devenue un outil de conservation pour les espèces de caprinés et de cervidés même rares. On s’est aperçu qu’il n’y avait rien de plus efficace que de soumettre à des communautés villageoises la gestion de leur faune sauvage.
Le premier programme de conservation d’une espèce rare est venu de Torcha un massif montagneux situé au nord du Baloutchistan pakistanais non loin de la frontière afghane où se trouvaient en 1985 les derniers markhors de Sulaiman (Capra falconeri jerdoni).
Grâce à la chasse de quelques vieux mâles par an, selon le docteur Mickael,r. Frisina pour L’US Fish & Wildlife – l’organisme fédéral des Étatsunis dépendant du département de l’intérieur qui s’occupe de la gestion et la préservation de la faune –, les markhors de Sulaiman sont passés d’une centaine de spécimens en 1985 à plus de 2500 en 2004 (qui fut le dernier comptage). Le premier comptage de 1994 – après seulement dix saisons de chasse – donnait déjà 700 markhors. Sans prédation le taux de reproduction des caprinés est situé entre 20 et 30 % par an. Ce qui augmente la population de façon exponentielle.
Une autre espèce a profité de ce même programme, l’urial d’afghanistan (Ovis ammon orientalis cycloceros), un mouflon d’asie centrale, intermédiaire entre les mouflons rouges (qui inclut le mouflon de Corse, voir notre dernière édition) et les argalis (ces mouflons géants d’asie centrale). La population d’urials qui était probablement légèrement supérieure à celle des markhors, est donc passée à plus de 3 000 dans le même laps de temps. Le premier comptage de 1994 donnait déjà 1 200 spécimens.
Ce programme de chasse “conservation” fut initié par les chefs de la tribu Kakar, des Pachtounes seminomades, qui ont fait accepter sur place la fin de la chasse coutumière de ces espèces en échange d’emplois (64 gardeschasses notamment) et d’aides diverses à l’éducation, à la santé et à l’élevage. Le financement fut trouvé par la vente de deux permis par espèce à de riches chasseurs étrangers. Entretemps le gouvernement pakistanais est intervenu auprès de la Cites pour permettre l’exportation des trophées car le markhor est en Annexe I. Il se chasse annuellement au Pakistan six markhors de Sulaiman et le même nombre d’urials de l’afghanistan.
Ce programme de conservation fut un exemple pour bien d’autres espèces, que ce soit plus au nord du Pakistan pour le markhor du Kashmir et celui de l’astor ou d’autres sousespèces d’urials (de Blandford et du Penjab). Le Tadjikistan et l’ouzékistan ont pu obtenir les mêmes succès pour la conservation du markhor de Bokhara (Capra falconeri heptneri) et d’argalis.
Par ces formidables succès, la chasse aux trophées a démontré qu’elle était un outil efficace dans la conservation d’espèces rares même dans des régions où la Kalachnikov orne souvent le dos des nomades.
Personne ne peut contester ces faits, ni l’union internationale de la conservation de la nature (UICN) qui a accepté ce principe, et encore moins le World Wildlife Found International (WWF) qui participe aussi au système de valorisation des espèces rares dans certains pays dont le Pakistan.
Que ce soit en Eurasie, aux Amériques ou en Afrique, la grande chasse sportive entre dans le même cadre que la chasse “conservation” tout en permettant la surveillance de milliers de kilomètres carrés et sa biodiversité avec. J’ai pu calculer dans les savanes du nord du Cameroun que la totalité des zones de
chasse pour l’éland de Derby représente la surface de la Bretagne. Les trois parcs nationaux (Faro, Bénoué, Bouba Ndjida) sont ainsi entourés et mieux protégés. Au sud du Cameroun, en forêt équatoriale, pour la chasse du bongo et de l’éléphant de forêt, la même surface est consacrée aux zones de chasse.
Il serait intéressant de procéder de la même façon dans tous les pays de grande chasse africains notamment en Tanzanie, au Zimbabwe, en Zambie, en Namibie et ailleurs en Asie centrale, au Kirghizstan, au Kazakhstan et au Tadjikistan. Pourquoi ne pas calculer aussi la surface que forment les centaines de milliers de kilomètres carrés qui sont consacrés à la chasse “plaisir” visible sur la carte page 58 ? Ce qui permettrait de se poser la question: “Où la faune et la biodiversité sontelles les plus riches?” Dans les pays où la chasse est organisée ou dans ceux où la chasse est interdite ?
La forte diminution de la faune sauvage notamment des éléphants au Kenya et en Côte d’ivoire depuis la fermeture de la chasse dans ces deux pays nous donne une première réponse. Comme démontré au Cameroun, la disparition de la chasse aux trophées en Afrique ferait disparaître des milliers de kilomètres carrés de territoires protégés dont les revenus proviennent de quotas de quelques vieux animaux mâles.
Au Kenya, la fermeture de la chasse, sur les territoires qui jouxtaient les réserves et les parcs nationaux a entraîné la perte d’une biodiversité inestimable car remplacés par des champs de fleurs et de haricots verts. Certains diront : “Ils sont chez eux et ils font ce qu’ils veulent.” Je veux bien l’entendre mais ailleurs en Afrique australe quand Mokgweetsi Masisi, le président du Botswana démocratiquement élu, décide d’ouvrir à nouveau la grande chasse, ce sont encore les mêmes qui s’insurgent.
Les ingérences de la part des ONG environnementalistes, parfois de la Cites ou des ministères de Transition écologique et de l’environnement qui interdisent de façon unilatérale l’importation des trophées entraînent le slogan de l’afrique australe « Let’s live Africa ». (“Laissons vivre l’afrique”). Au Botswana, Mokgweetsi Masisi et son gouvernement se sont aperçus que les centaines de milliers d’hectares de savane arbustive situées à l’est de l’okavango, au sud du Parc national de Chobé et au nord du Kalahari n’étaient pas visitées par les touristes. Ces espaces de savane arbustive ne sont pas adap
tés au tourisme de vision, ils ont donc été remis dans les mains d’organisations de chasse avec l’avantage de rapporter beaucoup plus de devises pour moins de touristes reçus. En plus, ces organisations luttent efficacement contre le braconnage tout en valorisant la faune sauvage auprès des villageois. Enfin, elles créent des emplois et le maintien d’activité ce qui limite (un peu) l’exode inéluctable vers les grandes villes.
On a tendance à généraliser une vision apocalyptique sur la planète mais je connais de nombreux endroits bien plus sauvages aujourd’hui qu’il y a trente ans. Notamment en Centrafrique, au Myanmar, au Cambodge et ailleurs en Afrique et en Asie. Les guerres y sont pour beaucoup mais pas toujours. Certaines régions sont devenues inaccessibles en Russie extrêmeorientale car le système soviétique, aujourd’hui écroulé, maintenait des activités dans des régions isolées. Mais d’une façon plus globale l’éducation augmente l’exode rural. Les jeunes qui savent lire et écrire ne veulent plus garder les troupeaux domestiques mais aspirent à trouver un emploi en ville.
Tout ça pour dire qu’en matière de biodiversité au niveau mondial, la situation n’est pas celle que l’on nous rabâche à longueur de journée sur tous les médias qui aiment colporter l’ignorance de Greta Thunberg. Et pour cause, elle ne voyage pas !
Ce qui est valable làbas l’est aussi chez nous dans le monde occidental. Depuis les années 1970, nous sommes passés de la chasse “cueillette” à la chasse « gestion ».
Par la mise en place des plans de chasse, nous avons vu les populations de chevreuils, de cerfs, de chamois et de mouflons fortement augmenter. Par le conseil aussi de ne plus tirer les laies meneuses, nous avons vu les populations de sangliers décupler. En résumé depuis quarante ans, l’exode rural, le développement des forêts, l’augmentation de certaines cultures et la connaissance de l’éthologie des espèces ont favorisé toutes les espèces de grands animaux en France, en Europe tout comme en Amérique du Nord.
Malheureusement l’introduction du loup est en train de changer la donne. C’est un autre sujet déjà abordé dans ces colonnes (lire notre enquête dans Chasses Internationales n° 16) mais sur lequel on devra revenir. Cela pour dire que, dans les pays où elle est contrô
lée, la chasse ne peut plus être tenue pour responsable de la disparition d’une quelconque espèce. Bien au contraire, elle participe à la conservation des milieux naturels et donc de leur biodiversité.
Sans les chasseurs de gibier d’eau, combien de prairies humides et de marais auraient disparu ? La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) qui ne manque pas une occasion pour dénigrer la chasse a fait un point sur la situation globale des oiseaux communs en France.
Nous pourrions nous interroger sur les protocoles de Suivi des oiseaux communs avec seulement 304 observateurs venant de 68 départements mais je vais quand même me baser sur leurs observations rédigées dans le bilan de 30 années de comptage de la LPO que l’on trouve sur le Net.
Une espèce aurait disparu de France en 2020, il s’agit de la piegrièche à poitrine rose dont on n’a trouvé aucun nid cette annéelà. Outre qu’il faille être spécialiste pour la distinguer de la piegrièche grise, ce n’est pas, bien sûr, la chasse qui est à l’origine de la disparition de cette espèce mais plutôt le fait que le sudest de la France, où elle était aperçue, se trouve à l’extrême ouest de répartition de cette espèce plutôt orientale. Quarantetrois espèces seraient en régression dont la plupart sont des oiseaux des villes et des champs (milieux agricoles). En milieux bâtis, la chasse n’est pas concernée puisque c’est la transformation des bâtiments et la rénovation des façades qui détruisent les cavités dans lesquelles nichent certaines espèces d’oiseaux notamment les martinets noirs. Quant aux petits oiseaux des jardins nous savons tous que le chat domestique participe à la disparition du rougegorge familier, du troglodyte mignon, du verdier d’europe, des différents roitelets, des fauvettes et des pipits.
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En milieux agricoles, seules cinq espèces sont en forte régression tout en étant dans la liste des espèces chassables: la perdrix grise, la perdrix rouge, l’alouette des champs, la caille des blés et la tourterelle des bois.
La chasse n’est pas responsable de la diminution en France de ces deux dernières espèces car leur migration vers l’afrique coïncide généralement avec l’ouverture de la chasse. C’est l’agriculture extensive qui avait multiplié le petit gibier en France au début du XXE siècle mais c’est l’agriculture intensive (et l’utilisation des pesticides) qui a fait régresser les oiseaux des plaines au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Sachant que les poussins de beaucoup d’espèces granivores, dont la perdrix grise et la caille des blés, sont insectivores juste après leur naissance. Sans les efforts de chasseurs, ces espèces auraient probablement disparu.
Le plus amusant dans la liste de la LPO est la présence de 12 espèces chassables dans la liste des 32 espèces en augmentation.
Ce n’est pas étonnant, pour nous chasseurs, qui parcourrons les campagnes, de voir que la corneille noire, la pie bavarde, le geai des chênes et le choucas des tours sont en augmentation. Non plus que d’apprendre que les populations de canards colverts, de faisans de Colchide, d’étourneaux sansonnets, de merles noirs et de tourterelles turques sont des espèces en augmentation.
Mais le plus intéressant est de voir en tête de liste des espèces en forte progression, les trois pigeons présents en France; le pigeon colombin, le pigeon biset et le pigeon ramier. Ce dernier, autrement appelé “palombe” pour sa population migratrice, est pourtant un des oiseaux les plus chassés en France.
Pour justifier sa volonté d’interdiction de la chasse avec l’aide de pantes (vastes filets posés à terre) ou celle à l’aide d’appelants disposés autour des palombières, la LPO ne va pas pouvoir se reposer sur une diminution des effectifs de pigeons ramiers.
En conclusion, personne aujourd’hui ne peut affirmer que la chasse dans sa globalité diminue la biodiversité et certainement pas Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, qui a eu le culot d’écrire que l’interdiction de la capture à la glu était « une avancée pour la biodiversité » (sic) après que le Conseil d’état a statufié, le 28 juin dernier
(lire aussi pages 12 et 36), sur la décision de la Cour de justice de l’union européenne, en estimant qu’elle était contraire au droit français. Quelle avancée ? Puisque la capture à la glu ne concerne que les appelants vivants pour la chasse des grives et, qu’en plus, selon la LPO, les populations ne régressent pas.
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