Avec Éric Meens en Ouganda
En direct du… lac Mburo
Quand deux de mes amis me demandent où nous pouvons chasser les buffles, je saisis l’occasion de leur dire : « Eh bien, allons en Ouganda ! » Ce pays où peu de chasseurs sont allés, est enclavé entre le Soudan du Sud, du Kenya, de la Tanzanie, du Rwanda et la République démocratique du Congo. Il regorge d’une densité incroyable d’espèces.
Situé sur l’équateur, ce pays d’afrique de l’est n’enregistre que très rarement des températures supérieures à 27 °C-28 °C. Partir chasser au petit matin tout au long de l’année, à la rosée, habillé d’un pull et d’une veste, demeure un bonheur unique. Nous sommes loin de l’image que l’on en a.
Nous rejoignons donc les concessions de mon ami Kaka et Vickram voisinant le parc national du lac de Mburo habité de milliers de zèbres, d’impalas et de tant d’autres espèces. Le biotope de plateaux herbeux, de collines boisées est le refuge des buffles. Particularité du buffle ougandais, il est le lien entre le buffle équinoxial (Syncerus caffer aequinoctialis) de Centrafrique Congo et du buffle d’afrique (Syncerus caffer caffer) que l’on trouve en Tanzanie. Certains trophées ont une forme très caférisée à la dimension proche du mètre et au buffle quasiment plat de Centrafrique.
Chaque matin et après-midi, nous recherchons des traces fraîches à proximité des pistes ou plus simplement interrogeons les bergers qui mènent leur troupeau de boeufs au pâturage. Ils sont les mieux renseignés. Le “téléphone de brousse” ne perd jamais la connexion ! La particularité des blocs sur lesquels nous chassons appartient à une multitude de propriétaires et une partie de la taxe d’abattage leur revient systématiquement. Le game scout qui nous accompagne prend le relevé GPS de façon à ce qu’il n’y ait aucune ambiguïté par la suite.
En règle générale, le pistage des buffles est relativement court mais parfois compliqué dans cette végétation arbustive épaisse. Nous “tapons dedans”, tout démarre et nous recommençons jusqu’à trouver une fenêtre de tir pour prélever un beau spécimen.
Les approches sont relativement faciles mais c’est sans compter les zèbres en très grand nombre qui donnent l’alerte et occasionnent la dispersion de tout ce petit monde à plein galop ! Finalement si la chasse du buffle était simpliste, elle n’aurait aucun charme.
Une fois nos buffles tirés, nous nous mettons sur les traces de topis (un petit damalisque korrigun), d’éland de Patterson et de guib du Nil qui est très proche en termes de robe du guib harnaché et, en termes de mesure de trophée et de poids, du guib sylvatique. Certains sont roux, d’autres noirs.
Que ce soit le topi, l’éland ou les autres espèces chassables, il est important de prendre son temps lorsque vous trouvez un vieux mâle.
Quelle que soit l’espèce, nous en voyons beaucoup chaque jour et nous finissons toujours par trouver le spécimen idoine dans chacune d’elles. Quand je vous disais que ce territoire offre une densité incroyable d’espèces, j’oubliais de vous signaler que sa diversité est à nulle autre pareille.
Notre campement bénéficie d’un confort exceptionnel : nos tentes à l’anglaise sont montées sur pilotis et dominent un grand lac; la nourriture reposant principalement sur nos chasses est cuisinée avec distinction. Je vous accorde que j’avais des doutes sur l’art culinaire ougandais, pourtant chaque plat est concocté avec soin et imagination.
Il est tout à fait possible si votre safari se termine rapidement d’aller voir les gorilles en grand nombre à la frontière du Rwanda à trois heures de voiture ou tout simplement au parc national habité d’une variété considérable d’animaux dont la célèbre girafe de Rothschild. Cette ancienne colonie anglaise qui est une belle destination cynégétique vous mènera de (bonne) surprise en surprise. C’est toujours mon cas, pourtant le pays ne m’est plus du tout étranger.