Art animalier Marine Oussedik
Que de chemin parcouru sur un seul et même sentier. Son aventure, sa trajectoire, Marine Oussedik l’a dessinée toute jeune, enfant, dès 5 ans. Difficile à croire et pourtant… Un premier cheval sur du papier, puis deux, puis trois, la joie d’aller au jardin du Luxembourg où la nature est son domaine, les poneys à proximité du grand bassin et les allers-retours à la campagne. « Toute petite, je savais ce que je voulais faire et où je voulais vivre: la maison où je suis actuellement – à côté de celle que mon arrière-grandpère a bâtie dans l’oise. Je n’ai donc pas perdu de temps. J’aime dessiner, sculpter, monter à cheval. »
C’est cet amour du trait, du cheval et la soif de connaissance qui ont édifié l’harmonie qui se dégage de sa personnalité et de son oeuvre. Jusqu’au bac, elle dessine beaucoup, tout le temps et partout. Elle se défend aussi en français et en philo; quand un auteur lui plaît, elle s’intéresse à toute son oeuvre, c’est le cas de Baudelaire par exemple. Après le bac, elle touche du doigt ses rêves en poussant la porte de Penninghen, l’école des arts graphiques à côté de chez elle. « Ce fut idyllique pendant cinq ans. J’y ai appris la composition, le dessin, le croquis de nu… J’y ai travaillé la calligraphie, la photographie avec Peter Knapp. J’y ai exercé en réalité mon oeil. Je sors de l’école après une thèse sur les courses de chevaux, en 1990. » Une première exposition dans une petite galerie de la rue de Buci dans le VIE arrondissement parisien. Amaury de Louvencourt qui dirige La Cymaise
rue du Faubourg-saint-honoré, dans le VIIIE découvre alors son travail dans une revue d’équitation. Bientôt, grâce à lui, ses dessins voyagent aux quatre coins de France, en Europe et un peu partout dans le monde : d’anvers à Lausanne, de Londres à Dubaï mais aussi à Shanghaï, New York… Puis c’est au tour d’yves Bienaimé, fondateur du Musée vivant du Cheval dans les Grandes Écuries de Chantilly, de succomber. Il lui demande d’accrocher ses chevaux arabes dans une salle qui lui serait destinée. Les chevaux arabes, Marine en est profondément amoureuse. Sans doute ses origines kabyles par son père animent-elles cet engouement sans limite. « Les chevaux sont très importants dans ma vie mais le pur-sang arabe a quelque chose de singulier, il est magique, expressif, gracieux, puissant, populaire, attachant, doté d’une intelligence supérieure. Les Bédouins entretiennent un lien singulier avec lui. L’émir Abdel-kader a loué son génie. » Au fusain, au crayon, à l’encre, aquarellés, ils dévoilent partout leur fougue sur les feuilles, les collages, les bronzes de Marine. À telle enseigne qu’un beau jour, avec la Faïencerie de Gien, elle élabore tout un service les Chevaux du vent en 2011 puis un autre les Chevaux du soleil en 2013. Forte de sa curiosité, de son adaptabilité, de sa quête de savoirs, elle acclimate sa technique aux supports, signe des ouvrages puissants avec des écrivains comme Guillaume Henry (Une histoire de l’équitation française, Belin 2014), Carlos Henriques Pereira (les Chevaux de rois, Martelle Éditions, 2003) ou sollicite des plumes comme celle de Jean-noël Jeanneney dans les Chevaux de Marine Oussedik (Actes Sud, 2015). Si la chasse et le cheval se rencontrent en forêt avec la vènerie, Marine les fait chevaucher ensemble avec la fauconnerie, grâce aux oiseaux de proie. Toujours avec le même soin, la même attention. Observez le détail des plumes de ces faucons, leur chaperon, leurs jets, leurs filières, comme pour les harnachements d’un attelage, une selle du XVIIIE, un sans-faute. Marine ne badine pas avec les erreurs d’époque, de forme, de couleur par respect de la justesse. Elle est capable de s’enfermer des heures dans une bibliothèque et de se plonger dans les ouvrages historiques pour décrypter chaque particularité. Sur ses illustrations, des sloughis y déploient aussi leurs belles enjambées. Le club de la Chasse et de la Nature l’a accueilli en 2015 et elle a exposé par deux fois à Animal Art Paris en 2011 et en 2012.
Pour célébrer ses trente ans de dessin, à deux pas de son atelier – évidemment très proche de son écurie –, sa galerie privée a fraîchement ouvert ses portes afin d’exposer sa production où elle a décidé d’habiter toute petite, le repaire de sa ligne de vie.
n