Un éléphant, ça trompe énormément
Au début juillet, Carrie Johnson, la responsable des relations publiques de la Fondation Aspinall (qui oeuvre pour la promotion de la conservation de la nature), accessoirement toute jeune épouse du premier ministre britannique Boris Johnson et redoutable activiste de la protection animale, a annoncé que la fondation caritative britannique, dans sa grande générosité envers le continent africain, allait lancer une souscription pour récolter un million de livres sterling afin de financer la translocation de treize éléphants d’un zoo du Kent vers le Kenya. Et la fondation de préciser fièrement que « l’aventure serait une première mondiale pour réensauvager un troupeau entier ».
Sauf que, à la suite de ce bel effet d’annonce, la fondation en question a oublié de demander au pays destinataire s’il était d’accord… non plus qu’elle ne s’est demandée si les éléphants concernés pouvaient affronter le soleil et la brousse africains si habitués au five o’clock tea ! Le grand élan de bonté est retombé comme un soufflé quand le Kenya Wildlife Service, apprenant la chose, a signifié qu’il n’avait pas été informé de ladite translocation. L’agence publique kényane de conservation de la nature a remis en question le bien-fondé de l’initiative, en s’interrogeant sur la capacité de survie d’éléphants de zoo dans les espaces sauvages d’afrique. Elle a rajouté que le Kenya n’avait pas besoin d’éléphants supplémentaires dans des zones sauvages de plus en plus restreintes du fait du doublement de la population humaine du pays depuis 1989 et l’explosion des conflits homme/éléphant.
Il faut souligner ici l’arrogance de ces militants occidentaux et souvent urbains, en mal de nature sauvage, qui estiment qu’ils savent mieux que les Africains comment protéger la faune africaine.
Pour qu’ils comprennent mieux les réalités de l’afrique et prennent ensuite des décisions sensées, il serait plus généreux de solliciter les sujets britanniques afin de financer un voyage initiatique aux membres de la fondation, pour une immersion totale dans une communauté rurale africaine et leur faire découvrir la vie en périphérie d’un parc national non clôturé, où ils pourraient jouir de toutes les interactions, bonnes et mauvaises, que les populations locales vivent quotidiennement avec la faune africaine.