L’interdit, nouvel opium
C’était il y a longtemps désormais, sans doute si loin qu’on l’a oublié : notre pays était chanté par Trenet qui célébrait la Douce France. À cette époque, on faisait la queue chez le coiffeur de quartier ; au marché, on emballait le poisson dans du papier journal, tandis que les jambons pendaient au plafond de la boutique du charcutier ; les terrasses célébraient le petit vin blanc, le vitrier se promenait dans les rues en criant ; on partait en vacances en 4L, en DS ou en Panhard, je portais une cagoule et des culottes courtes en velours côtelé bleu marine, tout le monde allait à la messe et Montand évoquait les charmes de la bicyclette. On était heureux.
Puis vinrent les crises, laissant émerger de nouveaux politiques: les premiers écologistes. Personne ne pouvait imaginer ce qui allait suivre…
De fait, des décennies plus tard, de l’ambiance aimable faite de courtoisie à la française et de joie de vivre, s’effacèrent les sourires et les bons mots des visages de ceux qui naguère chantaient : la planète était en danger, cela faisait quarante ans qu’il y avait urgence, on gaspillait et on polluait…
Ainsi a-t-on doucement glissé de l’écologie bon enfant à celle de nos élus actuels, un monde punitif parfois teinté de nostalgie soviétique. Qui plus est, le politique, écolo ou pas, qui n’est plus là pour le bien commun mais pour préserver sa carrière tout en imposant sa petite dictature personnelle, a bien compris l’adage “Diviser pour régner”.
Rien qu’à Paris, les exemples sont criants. Projets démesurés sans concertation, saleté repoussante de la ville, déficit abyssal mais aussi, et surtout, discrimination selon la vieille technique du cliquet : “Mort au Diesel”, puis “Mort aux vieilles voitures”, “Mort aux Crit’air 4”, bientôt “Mort à la voiture” elle-même si elle n’est électrique… Après tout, les transports en commun ne sont pas faits pour les chiens! En revanche, le vélo obtient les grâces de la maire : pistes cyclables démesurées, carrefours impraticables autrement qu’en deux-roues, et autorisation d’emprunter les sens interdits.
Mais nous voici au coeur du sujet. Le sens est interdit si l’on ne va pas dans la direction du progressisme : le piéton et le cycliste, dont on a changé la nature en leur accordant un privilège, deviennent arrogants, et l’automobiliste n’a le choix qu’entre l’émigration, l’humilité et la colère qui, comme chacun sait, est mauvaise conseillère. Devant cette gabegie, l’élu outrepasse désormais ses prérogatives et reprend le sens interdit à son compte. Dans ce changement sociétal où les minorités s’agitent pour montrer qu’elles existent, celles-ci auront leurs faveurs qui contribueront, par mimétisme ou par utopie, à déconstruire notre histoire et notre civilisation.
Pour ce faire, quoi de mieux que le sens interdit ? Des dégradations de miradors filmés et impunis, des graffitis insultants pour nos éleveurs, des intrusions intempestives, des laisser-courre perturbés par des illuminés, des antichasse reçus par Bérangère Abba – secrétaire d’état chargée de la Biodiversité –, Muriel Fusi porte-parole du Parti animaliste qui confond perdreau et faisan, Barbara Pompili, – ministre de la Transition écologique et solidaire – qui défend l’éolien sans cacher son rejet des traditions, David Rachline et Bruno Bilde élus RN qui avouent leur détestation de la chasse, le député LREM Dimitri Houbron ou encore le député européen progressiste Raphaël Glucksman qui soutient et accompagne un collectif saboteur de chasses à courre, pendant que l’on donne la parole à quelques histrions médiatiques se servant, à ce titre, de la désinformation et du mensonge. On gardera une pensée attendrie pour Quentin Bernier-gravat, élu EELV de Vincennes qui souhaitaient supprimer les subventions du yacht-club sous prétexte qu’il pollue alors que tous leurs bateaux sont à voile… Cependant la ruralité demeure le coeur battant de notre pays.
Le bon sens, qui lui n’est pas interdit, a été dicté par l’expérience acquise au cours des siècles ; et si tout est perfectible, un élu n’est pas là pour imposer à ses électeurs des principes “novateurs” alors qu’il ne comprend rien à ce qu’il souhaite réformer. Ego, quand tu nous tiens !
On en vient à conclure que vivre comme nos aïeux, c’est prendre un nouveau sens interdit, c’est être sujet à la réprobation d’une bienpensance n’ayant pour objet que la soumission des populations à une pseudo-dictature qui ne dit pas son nom.
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La ruralité est le coeur battant de notre pays. Le bon sens, qui lui n’est pas interdit, a été dicté par l’expérience acquise au cours des siècles.