Chasses Internationales

L’interdit, nouvel opium

- DOMINIQUE LELYS

C’était il y a longtemps désormais, sans doute si loin qu’on l’a oublié : notre pays était chanté par Trenet qui célébrait la Douce France. À cette époque, on faisait la queue chez le coiffeur de quartier ; au marché, on emballait le poisson dans du papier journal, tandis que les jambons pendaient au plafond de la boutique du charcutier ; les terrasses célébraien­t le petit vin blanc, le vitrier se promenait dans les rues en criant ; on partait en vacances en 4L, en DS ou en Panhard, je portais une cagoule et des culottes courtes en velours côtelé bleu marine, tout le monde allait à la messe et Montand évoquait les charmes de la bicyclette. On était heureux.

Puis vinrent les crises, laissant émerger de nouveaux politiques: les premiers écologiste­s. Personne ne pouvait imaginer ce qui allait suivre…

De fait, des décennies plus tard, de l’ambiance aimable faite de courtoisie à la française et de joie de vivre, s’effacèrent les sourires et les bons mots des visages de ceux qui naguère chantaient : la planète était en danger, cela faisait quarante ans qu’il y avait urgence, on gaspillait et on polluait…

Ainsi a-t-on doucement glissé de l’écologie bon enfant à celle de nos élus actuels, un monde punitif parfois teinté de nostalgie soviétique. Qui plus est, le politique, écolo ou pas, qui n’est plus là pour le bien commun mais pour préserver sa carrière tout en imposant sa petite dictature personnell­e, a bien compris l’adage “Diviser pour régner”.

Rien qu’à Paris, les exemples sont criants. Projets démesurés sans concertati­on, saleté repoussant­e de la ville, déficit abyssal mais aussi, et surtout, discrimina­tion selon la vieille technique du cliquet : “Mort au Diesel”, puis “Mort aux vieilles voitures”, “Mort aux Crit’air 4”, bientôt “Mort à la voiture” elle-même si elle n’est électrique… Après tout, les transports en commun ne sont pas faits pour les chiens! En revanche, le vélo obtient les grâces de la maire : pistes cyclables démesurées, carrefours impraticab­les autrement qu’en deux-roues, et autorisati­on d’emprunter les sens interdits.

Mais nous voici au coeur du sujet. Le sens est interdit si l’on ne va pas dans la direction du progressis­me : le piéton et le cycliste, dont on a changé la nature en leur accordant un privilège, deviennent arrogants, et l’automobili­ste n’a le choix qu’entre l’émigration, l’humilité et la colère qui, comme chacun sait, est mauvaise conseillèr­e. Devant cette gabegie, l’élu outrepasse désormais ses prérogativ­es et reprend le sens interdit à son compte. Dans ce changement sociétal où les minorités s’agitent pour montrer qu’elles existent, celles-ci auront leurs faveurs qui contribuer­ont, par mimétisme ou par utopie, à déconstrui­re notre histoire et notre civilisati­on.

Pour ce faire, quoi de mieux que le sens interdit ? Des dégradatio­ns de miradors filmés et impunis, des graffitis insultants pour nos éleveurs, des intrusions intempesti­ves, des laisser-courre perturbés par des illuminés, des antichasse reçus par Bérangère Abba – secrétaire d’état chargée de la Biodiversi­té –, Muriel Fusi porte-parole du Parti animaliste qui confond perdreau et faisan, Barbara Pompili, – ministre de la Transition écologique et solidaire – qui défend l’éolien sans cacher son rejet des traditions, David Rachline et Bruno Bilde élus RN qui avouent leur détestatio­n de la chasse, le député LREM Dimitri Houbron ou encore le député européen progressis­te Raphaël Glucksman qui soutient et accompagne un collectif saboteur de chasses à courre, pendant que l’on donne la parole à quelques histrions médiatique­s se servant, à ce titre, de la désinforma­tion et du mensonge. On gardera une pensée attendrie pour Quentin Bernier-gravat, élu EELV de Vincennes qui souhaitaie­nt supprimer les subvention­s du yacht-club sous prétexte qu’il pollue alors que tous leurs bateaux sont à voile… Cependant la ruralité demeure le coeur battant de notre pays.

Le bon sens, qui lui n’est pas interdit, a été dicté par l’expérience acquise au cours des siècles ; et si tout est perfectibl­e, un élu n’est pas là pour imposer à ses électeurs des principes “novateurs” alors qu’il ne comprend rien à ce qu’il souhaite réformer. Ego, quand tu nous tiens !

On en vient à conclure que vivre comme nos aïeux, c’est prendre un nouveau sens interdit, c’est être sujet à la réprobatio­n d’une bienpensan­ce n’ayant pour objet que la soumission des population­s à une pseudo-dictature qui ne dit pas son nom.

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La ruralité est le coeur battant de notre pays. Le bon sens, qui lui n’est pas interdit, a été dicté par l’expérience acquise au cours des siècles.

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