Chasses Internationales

Écologie, chasse, tradition et subversion

- AURÉLIEN POMPÉI

àl’origine et dans son essence, l’écologie se présente comme une préoccupat­ion de tendance conservatr­ice puisqu’elle a comme ambition de préserver ce qui est défini comme naturel et d’ordre naturel. Mais elle est aussi profondéme­nt “révolution­naire” car remettant en question les fondements d’un modèle civilisati­onnel moderne souvent contre-nature.

L’écologie radicale de notre temps ne retiendra que ce second élément. L’une de ces formes modernes, et la plus misanthrop­e, présente ce qui est “naturel” comme tout ce qui n’a pas été “touché” par l’homme et demeuré, ainsi, préservé de son caractère destructeu­r. L’homme est ici totalement extrait de la nature, seule espèce ne lui appartenan­t pas et n’est perçu que comme un parasite dangereux pour l’environnem­ent.

L’antispécis­me est une autre forme de cette écologie politique moderne. Cette théorie consiste à attacher autant d’importance à la vie d’un homme qu’à celle d’une vache, d’un chat ou d’un moustique. Il est question ici de reconnaîtr­e l’homme comme animal tout en accordant les mêmes droits définis par les droits de l’homme aux animaux… Alors qu’il ne peut y avoir de

“droit” que là où il y a des sujets capables de faire valoir leurs droits, apparaisse­nt pourtant les fameux “droits des animaux”, défendus par des porte-parole forcément autoprocla­més. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de voir ces défenseurs de la nature présenter les chasseurs, éleveurs, pêcheurs et plus globalemen­t tous les tenants de la Tradition comme des assassins. Dans l’hystérie qui caractéris­e bien souvent ces mouvements, les théories se chevauchen­t. Durant l’antiquité les Grecs estimaient que l’homme se différenci­ait uniquement de l’animal de par sa capacité à croire en la Divinité. La tradition catholique pose l’existence d’une “loi naturelle”, ordonnée et hiérarchis­ée, au sein de laquelle l’animal est “à l’usage de l’homme”. Celui-ci doit maîtriser ses instincts et s’abstenir de cruauté envers les créatures vivantes. Ordre, maîtrise, équilibre, des principes bien peu politiquem­ent corrects de nos jours. Pour les antispécis­tes, il n’est plus question de différenci­ation mais au contraire d’une universali­té inclusive, détachée du religieux. Dans ce panthéisme naïf où l’homme perd sa nature même d’omnivore et de prédateur, les animaux ont les mêmes droits que l’homme mais il est aussi un animal tout en reniant ce qui définit son animalité… Le dogme (ou le délire) est ici l’égalitaris­me. Ce qui explique le succès relatif des antispécis­tes en France ainsi que les soutiens dont ils bénéficien­t.

Politiquem­ent, alors que ces théories étaient l’apanage de groupuscul­es marginaux bien qu’extrêmemen­t actifs, elles sont aujourd’hui de plus en plus puissantes, portées par des mouvements institutio­nnels. Le tournant, opéré dans les années 1990, est celui du “développem­ent durable” défini par le rapport « Notre avenir à tous » dit rapport Brundtland – sa rédaction date de 1987, à l’occasion de la Commission mondiale sur l’environnem­ent et le développem­ent présidée par la Norvégienn­e Gro Harlem Brundtland pour le compte des Nations unies – comme « le développem­ent qui répond aux besoins du présent sans compromett­re la capacité des génération­s futures à répondre aux leurs ». Celui-ci tente d’inclure les questions environnem­entales dans la rationalit­é de l’économie mondiale. On parle dès lors de capitalism­e vert. Exercice périlleux dans lequel une Suédoise cette fois, Greta Thunberg, et son « How dare you ? » (“Comment osez-vous ?”) – prononcé en septembre 2019 au sommet de l’onu sur l’urgence climatique à New York – est la triste représenta­nte. Pour une certaine gauche écolomondi­aliste, ce combat se substitue aux luttes sociales.

Si la modernité a donné à l’homme la possibilit­é de s’instituer en maître et possesseur de la nature, il est regrettabl­e d’observer les écologiste­s n’avoir comme seule opposition de soustraire l’homme à celle-ci ou de systématiq­uement mettre des égalités où il ne peut y en avoir. Dans cette dualité fataliste subsiste pourtant un équilibre. Les liens d’interdépen­dance entre l’homme et la Nature, au fil des âges en attestent. Et si cet “animal pas comme les autres” a conscience des changement­s climatique­s et de l’impact sur la biodiversi­té, c’est bien parce qu’il est partie intégrante de la nature et qu’il saisit l’importance de son action.

Aujourd’hui plus que jamais le monde de la chasse est la cible de ces idéologies subversive­s. Le chasseur représente, inconsciem­ment ou non ce qui reste de “sauvage” mais aussi d’indépendan­t en son être profond. Il ne s’intéresse à son environnem­ent non pas par profit ou par égalitaris­me dans un délire anthropomo­rphique ridicule, mais parce qu’il a conscience qu’il ne peut exister sans lui. La chasse nous relie à l’immémorial, au plus lointain passé. Le passé dont certains veulent faire “table rase” !

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Et si l’homme, cet “animal pas comme les autres”, a conscience des changement­s climatique­s et de l’impact sur la biodiversi­té, c’est bien parce qu’il est partie intégrante de la nature.

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