Écologie, chasse, tradition et subversion
àl’origine et dans son essence, l’écologie se présente comme une préoccupation de tendance conservatrice puisqu’elle a comme ambition de préserver ce qui est défini comme naturel et d’ordre naturel. Mais elle est aussi profondément “révolutionnaire” car remettant en question les fondements d’un modèle civilisationnel moderne souvent contre-nature.
L’écologie radicale de notre temps ne retiendra que ce second élément. L’une de ces formes modernes, et la plus misanthrope, présente ce qui est “naturel” comme tout ce qui n’a pas été “touché” par l’homme et demeuré, ainsi, préservé de son caractère destructeur. L’homme est ici totalement extrait de la nature, seule espèce ne lui appartenant pas et n’est perçu que comme un parasite dangereux pour l’environnement.
L’antispécisme est une autre forme de cette écologie politique moderne. Cette théorie consiste à attacher autant d’importance à la vie d’un homme qu’à celle d’une vache, d’un chat ou d’un moustique. Il est question ici de reconnaître l’homme comme animal tout en accordant les mêmes droits définis par les droits de l’homme aux animaux… Alors qu’il ne peut y avoir de
“droit” que là où il y a des sujets capables de faire valoir leurs droits, apparaissent pourtant les fameux “droits des animaux”, défendus par des porte-parole forcément autoproclamés. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de voir ces défenseurs de la nature présenter les chasseurs, éleveurs, pêcheurs et plus globalement tous les tenants de la Tradition comme des assassins. Dans l’hystérie qui caractérise bien souvent ces mouvements, les théories se chevauchent. Durant l’antiquité les Grecs estimaient que l’homme se différenciait uniquement de l’animal de par sa capacité à croire en la Divinité. La tradition catholique pose l’existence d’une “loi naturelle”, ordonnée et hiérarchisée, au sein de laquelle l’animal est “à l’usage de l’homme”. Celui-ci doit maîtriser ses instincts et s’abstenir de cruauté envers les créatures vivantes. Ordre, maîtrise, équilibre, des principes bien peu politiquement corrects de nos jours. Pour les antispécistes, il n’est plus question de différenciation mais au contraire d’une universalité inclusive, détachée du religieux. Dans ce panthéisme naïf où l’homme perd sa nature même d’omnivore et de prédateur, les animaux ont les mêmes droits que l’homme mais il est aussi un animal tout en reniant ce qui définit son animalité… Le dogme (ou le délire) est ici l’égalitarisme. Ce qui explique le succès relatif des antispécistes en France ainsi que les soutiens dont ils bénéficient.
Politiquement, alors que ces théories étaient l’apanage de groupuscules marginaux bien qu’extrêmement actifs, elles sont aujourd’hui de plus en plus puissantes, portées par des mouvements institutionnels. Le tournant, opéré dans les années 1990, est celui du “développement durable” défini par le rapport « Notre avenir à tous » dit rapport Brundtland – sa rédaction date de 1987, à l’occasion de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland pour le compte des Nations unies – comme « le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Celui-ci tente d’inclure les questions environnementales dans la rationalité de l’économie mondiale. On parle dès lors de capitalisme vert. Exercice périlleux dans lequel une Suédoise cette fois, Greta Thunberg, et son « How dare you ? » (“Comment osez-vous ?”) – prononcé en septembre 2019 au sommet de l’onu sur l’urgence climatique à New York – est la triste représentante. Pour une certaine gauche écolomondialiste, ce combat se substitue aux luttes sociales.
Si la modernité a donné à l’homme la possibilité de s’instituer en maître et possesseur de la nature, il est regrettable d’observer les écologistes n’avoir comme seule opposition de soustraire l’homme à celle-ci ou de systématiquement mettre des égalités où il ne peut y en avoir. Dans cette dualité fataliste subsiste pourtant un équilibre. Les liens d’interdépendance entre l’homme et la Nature, au fil des âges en attestent. Et si cet “animal pas comme les autres” a conscience des changements climatiques et de l’impact sur la biodiversité, c’est bien parce qu’il est partie intégrante de la nature et qu’il saisit l’importance de son action.
Aujourd’hui plus que jamais le monde de la chasse est la cible de ces idéologies subversives. Le chasseur représente, inconsciemment ou non ce qui reste de “sauvage” mais aussi d’indépendant en son être profond. Il ne s’intéresse à son environnement non pas par profit ou par égalitarisme dans un délire anthropomorphique ridicule, mais parce qu’il a conscience qu’il ne peut exister sans lui. La chasse nous relie à l’immémorial, au plus lointain passé. Le passé dont certains veulent faire “table rase” !
n
Et si l’homme, cet “animal pas comme les autres”, a conscience des changements climatiques et de l’impact sur la biodiversité, c’est bien parce qu’il est partie intégrante de la nature.