Chasses Internationales

DINANDERIE

- DE ANNIE GONDRAS*

Les réalisatio­ns de ce métier presque oublié nous étaient pourtant familières dans les cuisines de nos grandsmère­s, aux temps des bons vieux chaudrons en cuivre et des confitures d’antan…

Ce savoir-faire ancestral est l’art des “batteurs de métal”. Ce martelage du laiton, du cuivre, de l’étain, voire de l’argent et de l’or, va de l’usage culinaire à la réalisatio­n de pièces magistrale­s. 4000 ans avant notre ère, le cuivre était déjà travaillé en Égypte et à Chypre. Les Gaulois ont utilisé le procédé pour fabriquer leurs casques et boucliers. Au XIE siècle, cet art prend son envol, en particulie­r dans la vallée de la Meuse. Notamment implantée à Dinant (actuelle Belgique), la confrérie des batteurs de métal essaime au-delà des frontières. Au XIVE siècle, ces artisans d’exception sont baptisés dinandiers en référence à leur ville d’origine.

La technique repose sur le martelage d’une feuille de métal, entrecoupé de temps de chauffe destinés à l’assouplir. Les principale­s étapes en sont l’emboutissa­ge et la rétreinte pour la mise en forme, l’assemblage puis le sous-planage et le planage pour la finition. À la base, ce procédé servait à la fabricatio­n de récipients répondant à des besoins utilitaire­s, dans des matériaux variant selon les castes sociales : chaudrons, bassines, pichets, assiettes… Au Moyen Âge, son développem­ent dans la vallée de la Meuse donne naissance à une tradition liturgique associant métaux et matériaux précieux dans la réalisatio­n des châsses, reliquaire­s, croix et reliures

(art mosan). Ces savoir-faire ont trouvé un nouvel élan au XIXE siècle, quand l’intérêt pour le Moyen Âge remet le métal martelé à l’honneur. À titre d’exemples, les majestueus­es statues de cuivre de trois mètres de haut qui se sont envolées dans le ciel de Paris quatre jours avant le grand incendie. Oeuvres de dinandiers, elles parachevai­ent la restaurati­on de Notre-dame par Viollet-le-duc.

Et maintenant? La dinanderie est une technique oscillant entre la chaudronne­rie, l’orfèvrerie et la sculpture. La différence réside dans le fait qu’elle repose sur un travail d’une extrême finesse. On ne compte plus qu’une cinquantai­ne de dinandiers en France. Ils oeuvrent pour les métiers du luxe ou de l’hôtellerie et à la restaurati­on de pièces anciennes. Saviez-vous que le cuivre est réputé pour sa longévité ? Restauré, il peut durer plusieurs siècles ! De quoi donner envie de ressortir nos vieilles casseroles… n

(*) Annie Gondras est présidente de l’associatio­n Savoirs-patrimoine­s.

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