Bernard Lozé
Malraux soutint un jour qu’« Il est des idées dont la rencontre est aussi présente que celle des êtres. » Eh bien, mon cher Bernard, je puis attester que tu fus à la fois l’homme des idées et celui des belles rencontres. C’est à la chasse que je fis ta connaissance et c’est à la chasse que j’aimais te croiser, toujours en ami. En tout domaine avec modestie, tu nourrissais ta lucidité naturelle de connaissances glanées au cours de tes nombreux voyages sur tous les continents.
Du lapin de garenne de notre Sologne
– et de notre jeunesse – au grand gibier d’afrique en passant par ceux de l’europe et de l’asie, tu détenais en toi un dictionnaire cynégétique à nul autre pareil que guides et pisteurs t’avaient aidé à enrichir. Et ce savoir ne fut pas anodin quand j’appris que tu fus nommé président du Conseil international pour la protection du gibier et de la faune sauvage (CIC). Une chance pour toi, une chance pour la chasse durant les années où tu en fus un capitaine passionné. Ton esprit brillant, ta capacité à fédérer, ton ouverture sur le monde et sur ses cultures, ton combat pour la faune contribuèrent à une meilleure compréhension de la chasse et de la préservation des espèces consubstantielle à la pratique de l’art cynégétique.
Les idées innovantes que tu y insufflas découlaient du grand entrepreneur que tu étais. Pionnier dans l’industrie des fonds alternatifs en Europe, tu travaillas aux côtés des gérants de hedge funds légendaires. Les nombreuses décorations qui auréolèrent ta vie – chevalier de la Légion d’honneur, chevalier du Mérite agricole, décoré de l’ordre Gloire et Honneur 1re classe en Russie et Prix de l’amitié russe – honorèrent ton engagement pour la France et ton opiniâtreté à rapprocher les peuples en sept langues ! À cet égard, ta fraternité avec l’âme russe contribua à établir des passerelles entre Paris et Moscou.
Fin gastronome, féru de musique, d’art et d’histoire, j’étais le premier à savourer ton immense culture générale, ton extrême gentillesse, ta générosité et ton sens profond de l’amitié, de la loyauté et de l’équité.
Tu nous as quittés à la fin du brame du cerf, cette voix des âges qu’il nous revient aujourd’hui de protéger sans toi. Adieu mon ami ! ■