Cultivez son envie !
Au départ, le cheval montre de la bonne volonté. Il veut faire et bien faire. Mais parfois, il devient froid, voire rétif. À vous de ranimer la flamme et d’entretenir ce précieux désir de se porter en avant.
Vous le pensez fainéant. En réalité, il n’est pas intéressé. Blasé ? Il s’ennuie. Il ralentit dès que vous vous dirigez vers le manège ? Il est découragé. Il ne répond pas aux jambes ? Il a été trop sollicité. Il se défend, il est stressé…
Entraînez-le !
Le cheval est un sportif. Plus il fait du sport et plus il a envie d’en faire. Son corps déclenche des hormones de bien-être. Il en redemande. Il devient endurant, résistant, souple. Il prend du plaisir à se déplacer harmonieusement. L’entraînement doit être progressif et régulier. Mieux vaut une demi-heure tous les jours que deux heures d’affilée le dimanche. L’essentiel est qu’il se retrouve dans une dynamique de travail. Les exercices demandés doivent être préparés et correspondre à son niveau. On a souvent tendance à trop demander, trop vite.
Variez le travail
Le cheval a besoin de routine notamment s’il est stressé. Mais une fois qu’il est décontracté, il faut le sortir de cette routine pour ne pas l’endormir. Montez en exigence. Emmenez-le à l’extérieur. Faites-lui voir de nouvelles choses. Vous pouvez faire votre balade à l’envers, dessiner une serpentine autour des arbres, faire des transitions dans l’allure sur le chemin du retour… En carrière, changez l’ordre de vos enchaînements, coupez un exercice en plein milieu... Bref, trouvez des idées !
« À cheval, on n’a pas trois vitesses mais neuf, note Renaud Subra, comportementaliste spécialisé dans la relation homme-cheval. Chaque allure peut être normale, rassemblée ou allongée. Quand on passe de l’une à l’autre dans n’importe quel ordre, c’est… miraculeux ! »
À la longe, même topo. Faire tourner un cheval en rond en le motivant sans arrêt à la chambrière n’a aucun intérêt. Avec un enrênement mal réglé ou des élastiques, cela peut avoir des conséquences néfastes sur son physique. Regardez les vidéos de Philippe Karl. Le cheval s’étire, allonge, se rassemble. Il fait un cercle, une diagonale, un cercle à l’autre main parcourant toute l’étendue du manège. Il enchaîne des transitions entre les allures ou dans la même allure. C’est beau à voir, cela semble facile, c’est juste.
Faites des pauses
« Toutes les dix minutes, j’offre au cheval deux minutes de pause, explique Renaud Subra. Sa capacité mentale est réduite. Il ne peut pas emmagasiner beaucoup d’infos. Lui laisser se vider la tête régulièrement lui permet de repartir de plus belle. On oublie souvent qu’un cheval ne peut pas apprendre dans le stress ou en suractivité intellectuelle ». Les anciens écuyers du Cadre Noir le savaient. Ils s’arrêtaient le temps de fumer une cigarette quand ils avaient trop de difficultés avec un cheval. Aujourd’hui, il n’est plus question de fumer à cheval ! Reste la pause. Pour Renaud Subra, les problèmes surgissent parce que le cavalier ne se rend pas compte que le cheval est stressé. Il ne voit pas les signes avant-coureurs. « Stressé, le cheval ne peut plus travailler. Il se rassemble sur son instinct de survie. Il n’entend
plus rien ! » Quand le travail est mal demandé, les chevaux se durcissent à la pression ! « Leur réponse, c’est la fuite, poursuit Renaud Subra. Soit le cheval se sauve, soit il se gèle, se durcit. » Le stress se manifeste par de l’agitation, une hyperactivité, des postures d’alerte (contraction de la bouche, encolure relevée, oeil blanc…), une sudation importante, la multiplication des crottins, des hennissements, des ronflements...
Donnez du relief à vos séances de travail
Le cheval doit être relâché mais énergique. Inutile de le faire tourner en rond pendant une heure en discutant avec un ami ou en regardant votre portable. Travaillez avec intensité par petites séquences et relâchez. « Le cheval comprend très bien. On lui demande d’être là, on le lâche, on lui demande d’être là, on le lâche…, reprend Renaud Subra. Il doit bien faire la différence entre le travail et la pause. Ne le saturez pas. Jamais plus d’un nouvel enseignement par séance. »
Laissez-lui le temps de répondre
En début d’échauffement, surtout si votre cheval sort du box, ne lui demandez rien. Il n’est pas prêt physiquement à répondre. Si, en cas de non-réponse, vous le sanctionnez, il va perdre le moral. Si vous ne le sanctionnez pas, il va comprendre qu’il peut ne pas répondre. Laissez-le échauffer ses muscles tranquillement. Vous lui demanderez de la réactivité après. Prévenez-le. Par exemple vous dites « attention » ou bien vous l’appelez par son nom, puis vous demandez avec une très légère intensité. S’il ne répond pas, augmentez la demande. « C’est très payant aussi dans le travail à pied, explique Renaud Subra. Je préviens par un petit bruit de langue. Puis je fais une micro demande. J’attends. Je laisse au cheval une chance de répondre. Si besoin, je vais crescendo, avec une pression de plus en plus grande jusqu’au stick qui vient toucher. Très vite, le cheval participe. Il se concentre sur moi et mes micro-demandes. Au fond, on est trop souvent excessif dans nos demandes. Le cheval perçoit tout ! Il est beaucoup plus fin que nous. » La légèreté dans les demandes n’est pas synonyme de mollesse. « S’il ne répond pas, je déploie mes demandes jusqu’au bout. Au bout d’un moment, il va réagir à mon pré signal (un simple bruit). Il devient de plus en plus fin. »
Rendez-le créatif
Laissez-lui de l’espace pour s’exprimer. Quand le cheval a envie, il va proposer des choses. Acceptez-les comme des cadeaux. Ne vous dites pas : « Mais c’est moi le chef ! », au contraire récompensez. Parfois, il propose parce qu’il n’a pas compris votre ordre. Par exemple, sans le faire exprès vous vous asseyez dans votre selle, votre cheval prend cela pour un départ au galop, c’est très bien. Laissez-le faire quatre ou cinq foulées avant de repartir sur l’exercice que vous aviez décidé. De cette façon, il garde intacte son envie de faire. Il ne se sent pas bridé ou puni pour rien.
Trouver des biais
En cas de conflit, cherchez à savoir si votre cheval a bien compris l’exercice. Peut-être qu’il a mal, il n’a pas confiance en vous, il n’est pas prêt… N’hésitez pas à vous remettre en cause. Votre demande est-elle claire ? Et votre position ? Votre regard ? Mieux vaut trouver un biais que d’aller jusqu’au conflit. Par exemple, baissez l’obstacle ou bien décomposez l’exercice. En PNL (programmation neuro linguistique) on dit qu’on peut tout apprendre, il
suffit de fractionner son apprentissage, c’est valable pour les chevaux. Finissez la séance par un exercice qu’il connait et qu’il réussit très bien. Récompensez. Cela va le rassurer et le laisser sur une bonne impression.
De la joie !
Passez du temps avec lui. Montrez que vous êtes heureux d’être en sa compagnie. Souriez. Soyez à son écoute. Récompensez. Soyez présent ! Si vous avez des oreillettes pour écouter de la musique ou si vous êtes en conversation téléphonique vous n’êtes pas avec votre cheval, vous êtes dans deux mondes séparés. Travaillez votre condition physique. Un cheval préfère porter un cavalier souple, joyeux et bien équilibré.
Visualisez
Faites-vous un petit film dans la tête de ce que vous souhaitez obtenir. C’est une habitude à prendre et une éducation pour le cheval. Petit à petit, il perçoit le moindre signe. « Il faut éduquer les jeunes chevaux dans cette idée, poursuit Renaud Subra. Cela les rend malins, curieux, attentifs. » Vous pouvez également vous imaginez vous-même en cavalier idéal, de haut niveau, tout en finesse et en légèreté. Progrès garantis !