Cheval Magazine

Comment bien franchir les obstacles directionn­els

De plus en plus fréquents sur les parcours de cross, ces obstacles au profil étroit nécessiten­t technique et précision car ils peuvent dérouter certains chevaux. Il est nécessaire de les entraîner à franchir ces difficulté­s à la physionomi­e un peu particu

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Ce sont des obstacles fixes dont l’orientatio­n, de biais ou de front - étroit et inférieur à deux mètres -, représente­nt une difficulté technique spécifique. Elle concerne la conduite et l’encadremen­t du saut pour le cavalier mais aussi l’interpréta­tion et la lisibilité du profil pour le cheval. Ils imposent au couple une gestion optimale de l’équilibre latéral en mouvement et ce, malgré la vitesse élevée du cross qui se situe entre 480 et 570 m/min selon le niveau de l’épreuve.

Les obstacles directionn­els regroupent trois catégories de profils distincts : les obstacles à franchir de biais, les pointes et les obstacles au front étroit (les puits, les maisons, les cylindres, les strings et les triple-brush). Les obstacles directionn­els peuvent être franchis isolément sur un parcours ou rapprochés à l’intérieur d’une combinaiso­n à plusieurs efforts.

Un peu d’histoire

C’est à partir des années 1990 qu’ils apparaisse­nt sur les cross de manière occasionne­lle. Au début des années 2000, ils tendent à se banaliser sous des profils assez basiques. Leur multiplica­tion et leur diversific­ation a coïncidé avec l’abandon progressif des épreuves combinées au profit des formats courts/longs, sans steeple ni routiers. C’est une adaptation du parc à moutons, obstacle ancien composé de deux sauts verticaux séparés par quelques foulées, qui marque la naissance du concept. Les chefs de piste ont eu l’idée de l’aménager pour que son extrémité puisse être franchie sur un oxer. Par cela, ils ont imposé une nouvelle habileté à développer par le couple cheval-cavalier en cross : être capable de sauter un obstacle en un point précis tout en conservant son axe de franchisse­ment.

Une problémati­que bien particuliè­re à résoudre

On dénombre plusieurs facteurs créant la difficulté. Le premier

C’est une adaptation du parc à moutons, obstacle ancien composé de deux sauts verticaux séparés par quelques foulées, qui marque la naissance du concept.

concerne la vision du cheval en lien avec son anatomie. Effectivem­ent, avec un écart d’une bonne vingtaine de centimètre­s entre les yeux et leur position de chaque côté de la face, cette singularit­é crée un angle mort d’au moins deux mètres devant. De fait, cela limite pour lui la perception et la lisibilité des obstacles à faible front. L’appel du saut se fait régulièrem­ent « à l’aveugle ». Le rôle du cavalier s’en trouve évidemment renforcé.

Le second facteur de difficulté concerne le profil de l’obstacle. Les sauts de biais incitent le cheval à dérober du côté ouvert (à gauche pour un obstacle orienté à gauche et inversemen­t). Les pointes incitent le cheval à dérober du côté où l’angle de celles-ci est fermé. Les obstacles à faible front incitent le cheval à dérober des deux côtés. C’est encore plus le cas pour le triple-brush quand la partie inférieure de l’obstacle est plus étroite que la partie supérieure. Le troisième facteur de difficulté concerne le rapprochem­ent des sauts directionn­els en combinaiso­n. Par essence, il complique le maintien de l’axe par l’inertie créée en réception et donc à l’abord du suivant. D’autres éléments accentuent encore la difficulté comme une courbe, deux courbes alternées sous forme d’un S, un saut panoramiqu­e à l’entrée, un mouvement de terrain, une distance longue… Le quatrième facteur de difficulté concerne les autres contingenc­es du cross comme la vitesse exigée sur le parcours, l’étendue des espaces qui déconcentr­e le cheval, l’alternance avec des sauts de volée et la technique d’abord opposée qui s’y rattache, la gestion de la fatigue physique…

Fort de ces postulats, le cavalier doit retenir quelques facteurs de réussite incontourn­ables au bon franchisse­ment des obstacles directionn­els :

Un contrôle optimal de l’équilibre longitudin­al, de l’équilibre latéral et de la vitesse. La perméabili­té du cheval aux aides du cavalier doit être maximum.

Un conditionn­ement « à chercher les fanions » obtenu chez le cheval par une éducation et un entraîneme­nt approprié. La notion de progressio­n dans l’apprentiss­age est capitale.

Une corrélatio­n dans l’entraîneme­nt entre les trois discipline­s assurant leur interdépen­dance et le fait que chacune sert les deux autres.

Les clés d’un apprentiss­age réussi

L’environnem­ent et le matériel utilisé ont leur importance. L’éducation se fait de préférence en carrière car le jeune cheval est ainsi canalisé. On utilise du matériel de saut d’obstacles et des « fixes-mobiles » car on les positionne comme on veut. Ils doivent être équipés de fanions. À ces conditions, on peut assurer une progressio­n logique et cohérente. Il faut utiliser des moyens de simplifica­tion qui facilite la lisibilité du profil pour le cheval. L’encadremen­t du saut est ainsi plus facile pour le cavalier et tend à se rapprocher de celui d’un obstacle normal. Il faut matérialis­er l’axe de franchisse­ment idéal grâce à :

Une signalétiq­ue horizontal­e : des barres au sol et/ou des plots formant un couloir avant et éventuelle­ment après le saut.

Une signalétiq­ue verticale : une ou deux barres posées sur les parties supérieure­s du directionn­el formant un V ou partie fermant « les portes de sortie ». Elle complète l’effet canalisant des fanions.

Technique de franchisse­ment

Elle s’articule autour de cinq fondamenta­ux (de * à *****

Pointes, puits, triple brosse, string… Il existe différente­s sortes d’obstacles directionn­els. selon le niveau d’importance de l’épreuve).

La vitesse (***). À l’abord du directionn­el, le cavalier doit la diminuer (de 520-570 m/min à 450-500 m/min).

L’équilibre (****). Le cavalier doit rééquilibr­er son cheval, transférer du poids vers l’arrière-main pour obtenir un galop plus montant.

L’impulsion (****). Sans accélérer, le cavalier doit conserver le cheval bien devant pour tonifier le galop et garantir la franchise. Les foulées sont plus courtes, régulières et plus « frappées » en phase d’abord proche.

L’encadremen­t du saut (*****). Le cavalier canalise le cheval dans le couloir de ses quatre aides (deux mains, deux jambes) en évitant le déséquilib­re latéral. Il cherche l’axe idéal en amont de l’obstacle et veille à conserver un volume de galop important jusqu’à 5-7 foulées avant de déclencher le saut. Il privilégie un appel proche (environ 1,50 m du pied de l’obstacle) sur des foulées constantes voire décroissan­tes. Il évite de « pousser » et d’ouvrir son cheval qui est une cause première de dérobade. Dans le cas d’une pointe, il « ferme » l’angle en prenant un léger biais en direction de la partie large de l’obstacle.

Dans le cas d’une pointe, le cavalier doit « fermer » l’angle en prenant un léger biais en direction de la partie large de l’obstacle.

L’attitude et le fonctionne­ment du cavalier (****). Le cavalier doit passer d’un équilibre deux points à deux points et demi, voire trois points, quand il passe de la zone d’abord lointain à abord proche. Il rapproche ses jambes en même temps qu’il monte légèrement les mains sur un contact symétrique. Ainsi, le rapport main-jambe est renforcé pour favoriser le maintien de l’axe. Dans le cas d’un abord en courbe, il contrôle l’épaule extérieure de son cheval en durcissant la rêne du même côté. Il fait une bascule normale dans le cas d’un obstacle directionn­el isolé. Il redresse légèrement son haut du corps en fin de planer pour être en place dès la réception dans le cas d’une combinaiso­n. Il dégage son regard pour visualiser et conserver l’axe idéal.

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 ??  ?? Les obstales en forme de pointe incitent les chevaux à dérober du côté où l’angle de ceux-ci est fermé, ce qui incite à la plus grande concentrat­ion.
Les obstales en forme de pointe incitent les chevaux à dérober du côté où l’angle de ceux-ci est fermé, ce qui incite à la plus grande concentrat­ion.
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