Cheval Magazine

L’incroyable Arqana de Riverland

Sacrée jument de l’année par de nombreux cavaliers et profession­nels, Arqana de Riverland ne passe pas inaperçue sur les terrains de concours de CSO. Cette future crack des parcours est estimée à plusieurs millions d’euros, mais sa propriétai­re n’entend p

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C’est sans nul doute une histoire aussi invraisemb­lable que magnifique. Et qui débute de façon presque ordinaire. Propriété du Haras des Princes, Arqana de Riverland est confiée au travail, comme de nombreux autres chevaux, à Juliette Faligot une cavalière pro de CSO, qui évolue au sein de la structure familiale des Ecuries de la Blanche à Bailleul, dans le Nord. Un jour, le haras décide de mettre la belle grise en vente. Dès que la mise sur le marché est annoncée, Juliette Faligot n’hésite pas une seconde et se propose pour l’acheter. La cavalière décide ainsi de l’acquérir dans l’hiver de ses 6 à 7 ans (en co-propriété avec sa mère, spécialist­e en équithérap­ie et passionnée de chevaux comme toute la famille). Un coup de poker pour la Nordiste qui ne connaissai­t pas l’élevage de Riverland (voir encadré) où est née Arqana, et qui récupérait une jument qui « n’avait pas fait grand-chose », même si elle avait tourné à 4 et 5 ans, puis progressé au quotidien avec elle. Mais son instinct, des sensations lui font quand même penser qu’il y a quelque chose d’hors-norme chez cette jument. « Après quelques semaines de travail, on s’est vite rendu compte qu’elle n’était pas comme les autres chevaux, quand on faisait un petit parcours, tout de suite, c’était la grande classe », se souvient Juliette. À ce moment-là pourtant, ni la cavalière, ni son entourage, ne se doutent des réelles capacités de la jument, même si cette dernière révélait déjà de grandes qualités : intelligen­ce, respect de la barre, bon caractère, très attachante. « Je ne savais pas ce qu’elle allait faire mais j’étais sûre qu’elle allait bien le faire », confie encore Juliette.

Une incroyable compétitri­ce

Aujourd’hui, Arqana a 11 ans et a prouvé « qu’on ne s’est pas trop trompé ». Comme en témoigne sa régularité : la jument est montée

de niveau de saison en saison. Elle a commencé les premiers Grands Prix 2* à 1,45 m à 8 ans, parce que le cheval de tête de la cavalière pro était blessé, elle a dû prendre le relais un peu plus vite que prévu. « Elle a tout de suite été compétitiv­e, elle n’a pas raté grand-chose », souligne sa nouvelle propriétai­re. « Après les 2*, elle a rapidement réalisé ses trois premiers 3* à 9 ans, lors desquels elle a été classée trois fois, puis elle a entamé les 4* dont un en 2019, qui était notre premier à toutes les deux. Lors de mon 2e Grand Prix à Saint-Tropez, elle a fait deux fautes mais elle s’est tout de suite mise au diapason la semaine suivante, où elle a fini 2e du Grand Prix. Elle prend vite la mesure des choses, elle sait pourquoi elle est là, et en piste, elle veut tout donner ». Si, à 35 ans, la cavalière peut compter sur un bon piquet de chevaux, c’est sur sa prodigieus­e jument grise qu’elle s’est faite remarquer ces derniers mois. Et il y a de quoi, vu la spectacula­ire progressio­n de cette fille de Cornet Obolensky. « C’est une jument exceptionn­elle », dit-on parmi les profession­nels du jumping, « elle a une explosivit­é rare, une élasticité, une frappe, un rebond, tout pour aller très loin ! ». Formidable compétitri­ce, si, en piste, c’est un vrai lion qui dévore les barres, à la maison, la belle est aussi sage qu’une image. « Même si elle ne manque pas de sang, elle a appris à le canaliser. C’est un vrai plaisir à monter ! », détaille encore Juliette. Gentille à l’attache, la belle se laisse manipuler facilement, elle a l’intelligen­ce des grands, « elle sait ce qu’elle doit faire, quand on la met au paddock, elle sait que c’est le moment de détente ; quand on lui met la selle, qu’elle devra aller travailler. Elle a un bon état d’esprit pour tout ».

Une jument en or

Si les qualités de la jument ne sont plus à prouver, le plus dur à présent pour la cavalière est de garder la tête froide. Le moindre de ses parcours est évidemment examiné à la loupe par ses concurrent­s et forcément sujets à commentair­es. « Je n’y prête pas attention, j’essaie de me concentrer sur ma ligne de travail. Je me fais plaisir avant tout. J’ai la chance d’avoir cette jument, la chance de pouvoir la garder grâce à mes parents et à toutes ces années de travail », expliquet-elle en toute modestie. Qu’on se le dise, Arqana n’est pas à vendre malgré les nombreuses - voire incessante­s ! - propositio­ns de rachat que Juliette reçoit. Pourtant, les sommes proposées ont de quoi faire réfléchir, voire même de faire perdre la raison… Il serait question de plusieurs millions d’euros. « Au deuxième million, c’est vrai, on a commencé à moins bien dormir… Cela peut changer une vie mais est-ce que l’on veut vraiment qu’elle change ? », confesse Juliette. Et d’ajouter :

« Quand on a des offres de prix comme cela, évidemment cela peut nous faire perdre la tête, mais on a décidé de la garder et de ne rien changer à notre quotidien. On est des amoureux des chevaux. J’ai toujours gardé tous mes chevaux, Arqana est vouée à avoir le même destin ». Si ça, ce n’est pas une belle preuve d’amour pour son cheval ! La belle Arqana va ainsi poursuivre son ascension sous

« C’est une jument exceptionn­elle. (...) Elle a une explosivit­é rare, une élasticité, une frappe, un rebond... Tout pour aller très loin ! »

la selle de Juliette Faligot. Elle devrait reprendre le chemin des concours au Portugal à Vilamoura, avant d’enchaîner quelques parcours du Sunshine Tour en Espagne, où le couple a d’ailleurs réalisé sa première Coupe des Nations fin 2020, retenu par le sélectionn­eur de l’équipe de France Thierry Pomel. « J’essaie de garder la tête sur les épaules, et de ne pas me laisser griser par tout cela, même si j’ai envie d’hurler : hourra ! Mon but est de continuer de progresser en étant la plus performant­e possible. Cette jument m’a ouvert les portes de l’Équipe de France, et si on me rappelle pour refaire une Coupe des Nations, ce serait évidemment génial ! », confie encore Juliette qui vit un rêve grandeur nature. Une chose est sûre, ce n’est que le début de cette grande histoire.

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 ??  ?? Issue d’une très bonne lignée maternelle (par Diamant de Semilly), la belle grise est en train d’accéder au plus haut niveau avec sa cavalière Juliette Faligot.
Issue d’une très bonne lignée maternelle (par Diamant de Semilly), la belle grise est en train d’accéder au plus haut niveau avec sa cavalière Juliette Faligot.
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