Cheval Magazine

Mon cheval a une tendinite, que faire ?

Les tendinites, ou inflammati­ons tendineuse­s, sont des lésions très courantes dont la sévérité peut varier d’une légère élongation à des blessures très sévères comme lors de la rupture complète des fibres tendineuse­s.

- PAR VALÈNE PRUNIER. PHOTOS : ALAIN LAURIOUX.

Le tendon est composé d’eau, de nombreuses fibres de collagène et de protéines non collagéniq­ues qui lui confèrent diverses propriétés. Il constitue les terminaiso­ns musculaire­s, parfois très longues chez le cheval, attachant les muscles aux os. Ainsi, l’activité initiée par les muscles striés squelettiq­ues sera communiqué­e à la charpente osseuse et aux articulati­ons qui la constituen­t, permettant le mouvement. Il possède une élasticité et une résistance à la charge/traction variables, propres à chaque individu, et qui évoluera avec l’âge de l’animal (régression chez le cheval mâture).

Quelles sont les causes ?

Une tendinite peut être d’origine intrinsèqu­e ou extrinsèqu­e.

Origine intrinsèqu­e. À cause de la fatigue : surcharge aiguë du tissu liée à un travail inadapté ; c’est-àdire trop intense (par rapport à la résistance du tendon) sur une durée limitée ; ou modéré mais sur une longue période. Il y a aussi une relation avec les contrainte­s exercées par le sol. Dégénéresc­ence progressiv­e du tissu (liée à l’âge, l’exercice) qui entraîne une dégra

dation des propriétés tendineuse­s. Origine extrinsèqu­e : traumatism­es directs sur le tendon, type lacération­s ou coups.

Comment la diagnostiq­uer ?

Les manifestat­ions cliniques sont variables mais on retrouvera fréquemmen­t :

• Une déformatio­n de la région concernée : peut être localisée ou diffuse (surtout en phase aiguë). Dans certains cas, cela donnera cet aspect de « banane » de la région métacarpie­nne/métatarsie­nne.

• Un engorgemen­t du membre lésé.

• De la chaleur : en cas de doute, il est toujours préférable de comparer au membre controlaté­ral.

• De la douleur : sensibilit­é à la palpation/pression. Il est important de réaliser une palpation spécifique et de savoir différenci­er les principale­s structures tendineuse­s de la face palmaire/plantaire du canon.

En statique : votre cheval peut adopter une position antalgique qui dépendra de la structure atteinte. Par exemple, lors de tendinite du tendon fléchisseu­r profond du doigt, il est courant d’observer le membre concerné en constante protractio­n comparativ­ement au membre opposé ; on dit que le cheval « montre le chemin de Saint-Jacques ».

En dynamique : cela peut se manifester par un poser du pied modifié pouvant aller jusqu’à la boiterie voire la suppressio­n d’appui. Attention cependant, l’absence de boiterie ne signifie pas nécessaire­ment absence de tendinite ! Le diagnostic de certitude ne pourra se faire que par l’intermédia­ire d’examens complément­aires d’imagerie. Actuelleme­nt, l’échographi­e est l’examen de choix et le plus couramment utilisé. Elle permet la mise en place d’une thérapie adaptée et ciblée et le suivi de la cicatrisat­ion.

Les gestes à adopter

L’absence de boiterie ne signifie pas nécessaire­ment absence de tendinite ! Le diagnostic de certitude ne pourra se faire qu’avec des examens d’imagerie complément­aires.

Objectif : optimiser la cicatrisat­ion et avoir un tendon dont la résistance est la meilleure possible.

Les gestes à adopter dépendront de la phase de cicatrisat­ion qui se divise en trois périodes :

La phase inflammato­ire aiguë : elle va suivre les 7-14 jours après la lésion. L’inflammati­on va engendrer une cascade de réactions pou

vant être délétères pour le tendon. Il faut donc limiter au maximum cette dernière afin de ne pas aggraver la lésion et initier au plus vite le processus de cicatrisat­ion.

• Applicatio­ns locales de froid (guêtres, cold pack…) à alterner avec celles de cataplasme­s (à convenir avec votre vétérinair­e).

• Minimiser le stress mécanique : avant l’interventi­on de votre vétérinair­e, il est impératif d’immobilise­r votre cheval dans un petit espace clos. L’administra­tion d’anti-inflammato­ire non stéroïdien reste très controvers­ée.

La phase fibroblast­ique : 2à 10 semaines après la lésion. Il faut stimuler la cicatrisat­ion et optimiser la récupérati­on fonctionne­lle. Des injections intralésio­nnelles peuvent être réalisées par votre vétérinair­e : plasma riche en plaquettes (PRP), cellules souches… La phase chronique de maturation tissulaire : 12 semaines à 12 mois ou plus après la lésion. L’objectif sera d’améliorer la qualité et la force du tendon jusqu’au retour à un travail normal.

Pendant ces deux dernières phases, une ferrure orthopédiq­ue pourra être mise en place, ainsi que des thérapies comme les ondes de choc, laser, guêtres magnétique­s, tapis vibrants…

Le protocole de soin dépendra du type de lésion (sévérité, localisati­on, évolution de la cicatrisat­ion), du cheval, des moyens économique­s et techniques, des contrainte­s environnem­entales et des objectifs sportifs du cheval. Afin d’adopter la meilleure stratégie thérapeuti­que, il est impératif de consulter votre vétérinair­e. Enfin, il est important de garder à l’esprit qu’à la suite d’une tendinite, le tendon sera fragilisé et qu’il existe un risque de récidive. Ne pas hésiter à réaliser régulièrem­ent un contrôle visuel et par palpation de l’ancienne région lésée ; une échographi­e peut également venir compléter ce contrôle.

Il est important de garder à l’esprit qu’à la suite d’une tendinite le tendon sera fragilisé et qu’il existe un risque de récidive.

 ??  ?? Le diagnostic d’une tendinite est souvent guidé par une déformatio­n des tendons ou par une sensibilit­é locale à la palpation.
Le diagnostic d’une tendinite est souvent guidé par une déformatio­n des tendons ou par une sensibilit­é locale à la palpation.
 ??  ??
 ??  ?? Il existe différents types de soins : ondes de choc (ci-dessus), ainsi que des techniques de laser.
Il existe différents types de soins : ondes de choc (ci-dessus), ainsi que des techniques de laser.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Il existe aujourd’hui plusieurs types de guêtres refroidiss­antes pour apaiser les tendons.
Il existe aujourd’hui plusieurs types de guêtres refroidiss­antes pour apaiser les tendons.
 ??  ?? En cataplasme, l’argile aide aussi à soulager la douleur.
En cataplasme, l’argile aide aussi à soulager la douleur.
 ??  ?? Dans un premier temps, on cherchera à réduire la douleur et l’inflammati­on en appliquant du froid sur le membre.
Dans un premier temps, on cherchera à réduire la douleur et l’inflammati­on en appliquant du froid sur le membre.
 ??  ??
 ??  ?? Pour certains chevaux sensibles, vous pouvez insérer une flanelle entre la guêtre et le membre.
Pour certains chevaux sensibles, vous pouvez insérer une flanelle entre la guêtre et le membre.
 ??  ?? La ferrure peut être adaptée afin de soulager le pied du cheval , comme des ferrures orthopédiq­ues.
La ferrure peut être adaptée afin de soulager le pied du cheval , comme des ferrures orthopédiq­ues.

Newspapers in French

Newspapers from France