Mon cheval a une tendinite, que faire ?
Les tendinites, ou inflammations tendineuses, sont des lésions très courantes dont la sévérité peut varier d’une légère élongation à des blessures très sévères comme lors de la rupture complète des fibres tendineuses.
Le tendon est composé d’eau, de nombreuses fibres de collagène et de protéines non collagéniques qui lui confèrent diverses propriétés. Il constitue les terminaisons musculaires, parfois très longues chez le cheval, attachant les muscles aux os. Ainsi, l’activité initiée par les muscles striés squelettiques sera communiquée à la charpente osseuse et aux articulations qui la constituent, permettant le mouvement. Il possède une élasticité et une résistance à la charge/traction variables, propres à chaque individu, et qui évoluera avec l’âge de l’animal (régression chez le cheval mâture).
Quelles sont les causes ?
Une tendinite peut être d’origine intrinsèque ou extrinsèque.
Origine intrinsèque. À cause de la fatigue : surcharge aiguë du tissu liée à un travail inadapté ; c’est-àdire trop intense (par rapport à la résistance du tendon) sur une durée limitée ; ou modéré mais sur une longue période. Il y a aussi une relation avec les contraintes exercées par le sol. Dégénérescence progressive du tissu (liée à l’âge, l’exercice) qui entraîne une dégra
dation des propriétés tendineuses. Origine extrinsèque : traumatismes directs sur le tendon, type lacérations ou coups.
Comment la diagnostiquer ?
Les manifestations cliniques sont variables mais on retrouvera fréquemment :
• Une déformation de la région concernée : peut être localisée ou diffuse (surtout en phase aiguë). Dans certains cas, cela donnera cet aspect de « banane » de la région métacarpienne/métatarsienne.
• Un engorgement du membre lésé.
• De la chaleur : en cas de doute, il est toujours préférable de comparer au membre controlatéral.
• De la douleur : sensibilité à la palpation/pression. Il est important de réaliser une palpation spécifique et de savoir différencier les principales structures tendineuses de la face palmaire/plantaire du canon.
En statique : votre cheval peut adopter une position antalgique qui dépendra de la structure atteinte. Par exemple, lors de tendinite du tendon fléchisseur profond du doigt, il est courant d’observer le membre concerné en constante protraction comparativement au membre opposé ; on dit que le cheval « montre le chemin de Saint-Jacques ».
En dynamique : cela peut se manifester par un poser du pied modifié pouvant aller jusqu’à la boiterie voire la suppression d’appui. Attention cependant, l’absence de boiterie ne signifie pas nécessairement absence de tendinite ! Le diagnostic de certitude ne pourra se faire que par l’intermédiaire d’examens complémentaires d’imagerie. Actuellement, l’échographie est l’examen de choix et le plus couramment utilisé. Elle permet la mise en place d’une thérapie adaptée et ciblée et le suivi de la cicatrisation.
Les gestes à adopter
L’absence de boiterie ne signifie pas nécessairement absence de tendinite ! Le diagnostic de certitude ne pourra se faire qu’avec des examens d’imagerie complémentaires.
Objectif : optimiser la cicatrisation et avoir un tendon dont la résistance est la meilleure possible.
Les gestes à adopter dépendront de la phase de cicatrisation qui se divise en trois périodes :
La phase inflammatoire aiguë : elle va suivre les 7-14 jours après la lésion. L’inflammation va engendrer une cascade de réactions pou
vant être délétères pour le tendon. Il faut donc limiter au maximum cette dernière afin de ne pas aggraver la lésion et initier au plus vite le processus de cicatrisation.
• Applications locales de froid (guêtres, cold pack…) à alterner avec celles de cataplasmes (à convenir avec votre vétérinaire).
• Minimiser le stress mécanique : avant l’intervention de votre vétérinaire, il est impératif d’immobiliser votre cheval dans un petit espace clos. L’administration d’anti-inflammatoire non stéroïdien reste très controversée.
La phase fibroblastique : 2à 10 semaines après la lésion. Il faut stimuler la cicatrisation et optimiser la récupération fonctionnelle. Des injections intralésionnelles peuvent être réalisées par votre vétérinaire : plasma riche en plaquettes (PRP), cellules souches… La phase chronique de maturation tissulaire : 12 semaines à 12 mois ou plus après la lésion. L’objectif sera d’améliorer la qualité et la force du tendon jusqu’au retour à un travail normal.
Pendant ces deux dernières phases, une ferrure orthopédique pourra être mise en place, ainsi que des thérapies comme les ondes de choc, laser, guêtres magnétiques, tapis vibrants…
Le protocole de soin dépendra du type de lésion (sévérité, localisation, évolution de la cicatrisation), du cheval, des moyens économiques et techniques, des contraintes environnementales et des objectifs sportifs du cheval. Afin d’adopter la meilleure stratégie thérapeutique, il est impératif de consulter votre vétérinaire. Enfin, il est important de garder à l’esprit qu’à la suite d’une tendinite, le tendon sera fragilisé et qu’il existe un risque de récidive. Ne pas hésiter à réaliser régulièrement un contrôle visuel et par palpation de l’ancienne région lésée ; une échographie peut également venir compléter ce contrôle.
Il est important de garder à l’esprit qu’à la suite d’une tendinite le tendon sera fragilisé et qu’il existe un risque de récidive.