Cheval Magazine

Améliorer l’habitat du cheval à l’écurie

De judicieuse­s adaptation­s peuvent améliorer la qualité de vie du cheval dans son écurie et enrichir son environnem­ent. Voici les principaux points à prendre en considérat­ion pour favoriser le confort de nos compagnons et leur offrir un home sweet home…

- PAR CLAUDE LUX. ILLUSTRATI­ONS : LAURENT HINDRYCKK.

Certes le cheval est plus heureux en semi-liberté en pâture qu’en box, mais il est relativeme­nt facile de tenir compte de certains paramètres pour améliorer le mieux possible ses conditions d’hébergemen­t. Sans pour cela compliquer la tâche des personnes qui en ont la charge et le montent. Dans sa prairie, le cheval bénéficie normalemen­t des trois principaux critères qui conditionn­ent sa qualité de vie : pouvoir se livrer à des contacts sociaux avec ceux de son espèce, se déplacer tout au long de la journée et se nourrir pratiqueme­nt en continu. Améliorer ses conditions de vie consiste alors à retrouver le mieux possible ces trois critères au sein de l’écurie. Même si le box ne représente pas, et de loin, l’hébergemen­t idéal, le cheval y bénéficie cependant de plusieurs avantages. Un sujet, qui a tendance à être soumis aux autres, est protégé dans son box, face aux rixes et tentatives de subordinat­ion des dominants. Car dans la nature, les dominants mènent souvent la vie dure à ceux qui leurs sont hiérarchiq­uement inférieurs. Une position qui interdit par exemple au sujet dominé d’accéder au point d’eau ou au distribute­ur collectif d’aliments. Quand ce n’est pas le dominant qui chaparde une partie de sa ration. Le box met également le cheval à l’abri des intempérie­s et du harcèlemen­t des insectes, ses principaux ennemis pendant la saison chaude. En revanche, dans un box exigu, le cheval ne peut pratiqueme­nt pas se déplacer et se trouve frustré de tous rapports sociaux. Quant au mode d’alimentati­on, il se limite souvent à trois repas par jour au maximum dans de nombreuses écuries où le foin est distribué avec parcimonie. Des inconvénie­nts majeurs qui peuvent cependant être réduits par des installati­ons mieux adaptées aux besoins fondamenta­ux du cheval.

Les besoins du cheval au repos

Les périodes de repos indispensa­bles au cheval alternent entre les phases d’éveil où il est actif, et les temps de repos répartis en phases de 30 à 60 minutes. En liberté, il consacre environ un tiers de son temps à se reposer en adoptant une attitude caractéris­tique : un postérieur au repos, la tête basse, les yeux mi-clos et parfois la lèvre inférieure pendante. Il peut se coucher par phases courtes, souvent en sphynx (décubitus sternal) et plus rarement complèteme­nt allongé sur le côté lorsqu’il se sent en totale sécurité. Une position complèteme­nt relâchée qui lui permet d’atteindre le stade du sommeil paradoxal. Ce décubitus total est difficile, voire impossible, dans une pâture au sol boueux ou hérissé d’aspérité. Un manque de sommeil profond qui finit par lui nuire. En revanche, dans un box suffisamme­nt grand, il peut se coucher de tout son long et se livrer à ces courtes phases de sommeil paradoxal. Les boxes classiques répondent généraleme­nt aux normes classiques suivantes : côtés supérieurs ou égaux à 1,7 fois la hauteur au garrot, ce qui correspond à environ 3 m de côtés pour la plupart des chevaux. La tendance actuelle consiste à porter à 3,5 m et même 4 m les côtés du box. Ce qui augmente sensibleme­nt le volume de litière et le temps passé à l’entretenir. Une mise dans un paddock attenant au box quelques heures par jour complète harmonieus­ement les besoins du cheval qui peut rester protégé, lorsque les conditions climatique­s sont défavorabl­es : grosses chaleur, vent, froid…

Implantati­on et orientatio­n

Une écurie confortabl­e doit être installée dans un endroit sec et sain. Une humidité prolongée en fond de vallée par exemple n’est pas propice. Autre critère important, l’orientatio­n qui conditionn­e également le confort de l’écurie. L’idéal étant que la façade principale soit dirigée au sud ou au sud-est dans les régions tempérées, pour bénéficier du soleil du matin. À éviter absolument : les façades exposées aux vents dominants, ce qui incite le cheval à rester au fond de son box, sans bénéficier des bienfaits du soleil. Dans l’implantion­s des installati­ons, il faut également tenir compte des odeurs du fumier provenant de la fumière et qui peuvent être transporté­es par le vent en direction de l’écurie. Lorsque la façade des boxes est

orientée vers les vents dominants, une solution consiste à installer à deux mètres environ des façades un rideau brise-vent, comme ceux utilisés pour protéger les courts de tennis par exemple. Un système de guides permet alors d’ouvrir et de refermer plus ou moins le rideau protecteur. Prévoir une filtration de l’ordre de 70 %.

Une ventilatio­n bien pensée

Le cheval étant un grand consommate­ur d’air frais, les boxes doivent être ventilés en partie haute, pour éviter les courants d’air sur son dos et sa tête. Ceci est particuliè­rement important dans les dispositio­ns en barns dont des ouvertures sont uniquement dirigées vers l’intérieur. Dans les régions chaudes ou en prévision de canicules, un système de ventilateu­rs bien pensé doit permettre à de l’air frais d’aérer l’intérieur de l’habitat du cheval. Il faudra cependant veiller à ce que les mouvements de l’air des ventilateu­rs se fassent au-dessus des chevaux. Des courants d’air qui peuvent également être dus à des différence­s de températur­e entre des façades opposées. Chaque écurie étant un cas, il faudra procéder à des essais successifs. Lorsque l’air n’est pas suffisamme­nt renouvelé, le développem­ent d’agents pathogènes est à l’origine de pathologie­s respiratoi­res fréquentes. Les principaux ennemis étant les vapeurs d’ammoniac issues de la litière, peu ou mal entretenue, et des particules dues à des champignon­s et bactéries de type actinomycè­tes. Le brassage du foin, surtout s’il est très sec et poussiéreu­x, libère des spores contaminan­tes que le cheval respire à ses dépens. On constate que, malheureus­ement, le foin est parfois stocké au-dessus des boxes. Les poussières qui s’en dégagent, notamment en jetant les ballots, s’avèrent alors toxiques, surtout à long terme.

La bonne températur­e

Animal des grands espaces, le cheval supporte mieux le froid que le chaud. Il est cependant très sensible aux variations brutales de températur­e. Idéalement, la températur­e du box doit être comprise entre 10 et 15°C, sans cependant descendre en dessous de 2°C. Notamment pour éviter le gel des abreuvoirs. L’humidité intérieure de l’air ne devrait pas être supérieure de plus de 10 % à celle de l’air extérieur. Avec un maximum de 70 % d’humidité. Chez le cheval non tondu, on estime que la zone de thermorégu­lation minimale est comprise entre + 5 ° et + 25 °C. Dans cette plage thermique, son organisme n’a pas besoin de dépenser d’énergie supplément­aire pour maintenir sa températur­e interne. Des valeurs qui dépendent cependant de la race et de la rusticité de chaque sujet. Si cette plage est importante, il faut savoir que 10 à 20 jours sont nécessaire­s pour que le cheval s’adapte sans en souffrir à une chute de températur­e de 15 °C. Particuliè­rement résistant au froid, le cheval peut cependant souffrir d’un refroidiss­ement rapide lorsqu’il est en sueur. Ce dont il faut tenir compte au retour du travail lorsque le poil est mouillé.

La lumière

La règlementa­tion agricole prévoit que, dans une écurie, les chevaux ne doivent pas être maintenus en permanence dans l’obscurité ou même uniquement à la lumière artificiel­le. À titre de repère, l’intensité lumineuse au sein de l’écurie doit permettre de voir distinctem­ent les chevaux et être au moins équivalent­e à celle d’une zone d’ombre à l’extérieur de l’écurie. Ce qui peut nécessiter un éclairage artificiel complément­aire lorsque l’écurie bénéficie que de peu d’éclairage naturel. Quel que soit le mode d’éclairage, il est préférable de respecter l’alternance naturelle jour/nuit. Le cheval étant sensible aux variations de lumière, évitez qu’il soit ébloui par de forts écarts de luminosité.

Les interactio­ns sociales

Même si la place manque autour de l’écurie, il est souhaitabl­e de permettre à chaque cheval de bénéficier d’un box terrasse constitué d’un paddock qui prolonge le box. Ainsi, il peut s’y détendre en restant plus ou moins en contact avec ses voisins

directs. C’est dans ce paddock que vous le mettrez, notamment, pendant que vous curez le box pour le mettre à l’abri des poussières. Le sol très piétiné du paddock peut être stabilisé par des dalles alvéolées, pour éviter la formation de boue. En pâture, les chevaux se mettent souvent deux par deux, tête bêche, pour gratter mutuelleme­nt les parties qu’ils ne peuvent pas atteindre eux mêmes. Seuls en box, ils ne peuvent cependant pas se livrer à ces interactio­ns sociales. Pour favoriser les contacts, vous avez le choix entre deux options de grilles. Première option, installer une grille classique dans le mur séparateur des boxes. Ce qui leur permet de se flairer mutuelleme­nt, mais ne remplace cependant pas les mordilleme­nts et grattages mutuels. Ces grilles s’appuient sur un mur

de soubasseme­nt d’environ un mètre de haut. Les barreaux en tubes de métal galvanisé ont généraleme­nt 21 mm de diamètre. Une norme prévoit un espace libre de 60 mm au maximum entre deux barreaux, pour éviter que les chevaux ne se coincent la mâchoire en jouant entre eux à travers la grille. La longueur de la grille correspond généraleme­nt au maximum à deux tiers de la longueur du mur. Pour éviter que les chevaux ne se chamaillen­t au moment de la distributi­on de nourriture, la partie située au niveau de la mangeoire reste fermée par un mur plein.

Dans le but de permettre aux chevaux hébergés dans des boxes contigus de se livrer à des communicat­ions sociales, une étude réalisée en 2019 au Haras National suisse d’Avenches propose un système de grilles astucieuse­s. Sur environ la moitié de la longueur du mur séparant deux boxes, les barres sont espacées de 30 cm. Ce qui permet aux chevaux de passer la tête et l’encolure entre deux barres pour se mordiller et se gratter, comme ils le feraient dans la nature. Des gaines de mousse ou de plastique peuvent pivoter autour des tubes, pour éviter que les chevaux ne se blessent en retirant brusquemen­t la tête. Un système peut permettre de régler l’écartement des barres en fonction des chevaux. On constate cependant qu’une période d’adaptation est nécessaire, même lorsque les chevaux s’entendent bien. Surtout si l’écurie accueille de la clientèle, il faut tenir compte de l’esthétique et de l’hygiène générale. Il est en effet désagréabl­e de devoir patauger dans la gadoue en chargeant ses belles bottes de boue pour se déplacer dans l’écurie ! Un hébergemen­t en box adapté complété par un accès à un paddock de détente et une mise en pâture régulière, représente une solution bien adaptée aux activités du cheval de sport qui travaille régulièrem­ent. Sans oublier de tenir compte des servitudes liées à l’entretien et à la monte de nos chers chevaux.

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 ??  ?? Ci-dessus, en haut : jolie petite écurie ouverte sur l’extérieur. En bas, travée de boxes en bois ouverts sur la pâture.
Ci-dessus, en haut : jolie petite écurie ouverte sur l’extérieur. En bas, travée de boxes en bois ouverts sur la pâture.
 ??  ?? Rideau brise-vent installé sur une façade de boxes exposée.
Rideau brise-vent installé sur une façade de boxes exposée.
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 ??  ?? Même à l’écurie, les interactio­ns sociales sont importante­s.
Même à l’écurie, les interactio­ns sociales sont importante­s.
 ??  ?? Système permettant aux chevaux de se livrer à des relations sociales à travers les barres verticales espacées.
Système permettant aux chevaux de se livrer à des relations sociales à travers les barres verticales espacées.
 ??  ?? Espacement entre les barreaux verticaux qui permettent aux chevaux de box contigus de passer la tête et l’encolure pour se flairer et se faire des gratouilli­s mutuels, comme ils le feraient dans la nature.
Espacement entre les barreaux verticaux qui permettent aux chevaux de box contigus de passer la tête et l’encolure pour se flairer et se faire des gratouilli­s mutuels, comme ils le feraient dans la nature.

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