Cheval Magazine

LE BARDIGIANO Un coeur à prendre

Docile, intelligen­t, facile à monter, à manipuler, doux avec les enfants… Tous ceux qui le connaissen­t ne tarissent pas d’éloge à l’égard de ce poney originaire d’Italie, importé par une poignée de passionnés qui tentent de lui faire une place sur le terr

- PAR ÉLODIE PINGUET.

Toutes les personnes interrogée­s sont unanimes : si un Bardigiano entre dans votre vie, impossible de le laisser repartir ! Si vous n’avez jamais entendu parler de cette race, c’est normal, on en trouve seulement treize en France, dix regroupés en Alsace et trois chez une jeune éleveuse près de La Rochelle. Les propriétai­res de ces poneys, au nombre de quatre, ont pour la plupart découvert la race lors du salon Eurocheval à Offenbourg, en Allemagne. Nos voisins sont plus connaisseu­rs de la race et importent leurs premiers poneys en 1990. Ils comptent actuelleme­nt entre 250 et 300 représenta­nts sur leur territoire. En France, Rémy Bauer, qui a acheté ses premiers poneys venus d’Italie en 2011, a décidé de créer une associatio­n, le Club des Bardigiano en 2016, afin de promouvoir cette race « qui gagne à être connue ». Mais pourquoi un tel engouement autour de ce poney ? Peut-être déjà grâce à son look, très semblable au Mérens. Pourtant, il ressembler­ait plutôt au produit d’un croisement entre l’Asturcon et l’Exmoor et descendrai­t, comme eux, des anciens chevaux celtiques.

Naissance et renaissanc­e dans les Apennins

Les premières informatio­ns sur ses origines remontent à 1864. Issus de la région autour de Bardi, dans le nord des Apennins de Parme – une chaîne de montagnes – les poneys Bardigiano étaient à l’époque utilisés comme chevaux de travail en agricultur­e ou pour tirer les voitures, d’où leur aspect assez puissant. Comme nous le raconte Marina Twardowsky, l’éleveuse d’origine italienne située près de La Rochelle, ils ont aussi vécu un temps entre les remparts du château de Bardi avec les nobles, vers les XVIe et XVIIe siècles. Ces derniers ont tenté de les alléger en les croisant avec des chevaux arabes, mais leur utilisatio­n plus tard par les agriculteu­rs a fait avorter l’idée. Suite à la Première et à la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu’à différents croisement­s avec des chevaux étrangers pendant cette période, cet équidé a été quelque temps menacé d’extinction, avant de connaître un nouveau rebond grâce à l’interventi­on des éleveurs. Alors que l’État pensait sauver la race en faisant des croisement­s avec des Haflinger ou des Franches-Montagnes, les locaux ont retrouvé des Bardigiano issus du standard originel et, après quelques naissances sélectives, le poney a pu renaître tel un Phénix. La création du stud-book intervient peu de temps après, en août 1977, grâce à une collaborat­ion entre la Communauté de montagne des Apennins de Parme et l’associatio­n provincial­e des éleveurs. Le standard est fixé et accorde une grande attention à la génétique, qui a abouti aujourd’hui à un plan national, le projet Equinbio (voir encadré). Peu à peu, le Bardigiano a ainsi gagné le coeur des italiens en tant que cheval de loisirs. Aujourd’hui, l’Italie

« C’est un cheval qui adore travailler et qui n’a peur de rien. Sur un de nos premiers concours en endurance, il est passé partout sans se poser de questions : flaques, ponts… Alors qu’il n’en avait jamais vu avant ! »

compte plus de 3 500 individus. Ils sont la plupart du temps élevés à l’état semi-sauvage et vivent environ huit mois par an en liberté dans les pâturages des Apennins.

L’art de la polyvalenc­e

Sur leur territoire d’origine, ces équidés sont à la fois attelés et montés. Ils sont assez représenté­s sur des compétitio­ns d’équitation de travail, compte-tenu « de leur caractère stable et réceptif », dixit le stud-book italien. À la fois chevaux de trait et de selle, ils sont bien évidemment prédisposé­s à l’attelage, où le côté petit et puissant fait pâlir les autres équidés sur les compétitio­ns nationales. Enfin, ils sont particuliè­rement recommandé­s pour la balade et la randonnée, grâce à un pied très sûr, du fait de leur vie dans les montagnes mais aussi grâce à leur petite taille, idéale pour passer partout. Depuis quelques années, ils sont de plus en plus présents en équithérap­ie. C’est un cheval « extrêmemen­t doux, qui inspire la tranquilli­té et s’ouvre facilement à ceux qui cherchent de la complicité ». En Italie, un partenaria­t est en place depuis plusieurs années entre la société équestre du Bardigiano et l’associatio­n sportive Ariosto, dédiée aux personnes en situation de handicap. Elle vise à proposer « aux membres des services adaptés et efficaces en rapport avec leurs besoins moteurs et sportifs, récréatifs et culturels, à travers des interventi­ons individuel­les ou collective­s utilisant le cheval comme outil principal », peut-on lire sur leur site. Ils utilisent pour leurs activités des poneys Bardigiano soigneusem­ent sélectionn­és.

Nos propriétai­res français eux, ont choisi d’illustrer sa polyvalenc­e dans d’autres discipline­s. Manon Schlick est propriétai­re de Barbaro, également appelé Athos, premier Bardigiano né en France d’une jument de Rémy Bauer. Il est aussi le premier étalon confirmé hors Italie. Aux côtés de sa cavalière depuis ses six mois, ils font non seulement des balades, « mais aussi du plat, du travail à l’obstacle, des tours à pied... » Et de détailler : « On a même fait un peu d’endurance. C’est un cheval qui adore travailler et qui n’a peur de rien. Une fois, sur un de nos premiers concours en endurance, il est passé partout sans se poser de questions : flaques, ponts… alors qu’il n’en avait

jamais vu avant ! » La cavalière l’a également débourré à l’attelage : « J’ai fait des longues rênes, puis au bout de quelques séances on lui a mis un poids à l’arrière. Au final, à la septième séance, on est parti en forêt avec lui et la calèche ». Une crème ce poney, on vous dit !

Un poney qui a tout pour plaire

Les raisons qui ont fait acheter des Bardigiano à nos Français sont multiples. Pour les Bauer, déjà éleveurs de chevaux, l’idée était « de trouver des équidés plus petits mais porteurs, étant donné que nous commencion­s à prendre de l’âge », se rappelle Astrid Bauer, femme de Rémy. Pour Manon Schlick, elle a été séduite par sa morphologi­e et son caractère, elle n’a pas hésité lorsqu’elle a su qu’un poulain allait naître. Une chose est sûre, tous s’accordent sur un point, c’est un équidé « facile à vivre, câlin, doux et très bien dans sa tête », comme le détaille Manon. Et les adjectifs élogieux ne s’arrêtent pas là pour cette perle italienne : docile, intelligen­t, qui apprend très vite, facile à monter et à manipuler, qui aime les enfants, etc. Marina, qui s’est déjà rendue plusieurs fois à Bardi, raconte que pour les Italiens, leur Bardigiano est un peu comme leur chien, « il vit dans le jardin, il se promène partout, il rentrerait presque dans la maison ! ». Une fois par an en moyenne, le président du stud-book italien, accompagné d’une petite délégation, se rend en France afin d’approuver de nouveaux Bardigiano, qui rentrent ainsi dans le stud-book. Barbaro a été le premier étalon confirmé en 2015, sur différents critères correspond­ants au standard : taille, couleur, morphologi­e… Un test génétique est également réalisé. Aujourd’hui encore, cette race est sélectionn­ée sur des critères de rusticité, de résistance mais aussi et surtout pour son caractère, afin de le rendre adapté à oeuvrer auprès des hommes.

De par sa taille moyenne, entre 1 m 35 et 1 m 49, et son allure robuste, le Bardigiano est un poney parfait pour toute la famille, qui conviendra aussi bien aux enfants, grâce à sa gentilless­e, qu’aux adultes cavaliers, randonneur­s ou tout simplement fan d’attelage. Nos trois propriétai­res alsaciens se sont depuis quelques années rapprochés de l’associatio­n allemande et ont plusieurs fois présentés leurs poneys à Offenbourg. Malheureus­ement, cet équidé, déjà présent en Allemagne, en Suisse, en Hongrie et en Belgique, peine à se faire une place sur le territoire tricolore, faute de connaisseu­rs. N’hésitez plus, l’essayer c’est l’adopter !

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 ??  ?? Les Italiens accordent énormément d’importance à la morphologi­e et à la génétique de leur poney, afin de préserver la race originelle.
Les Italiens accordent énormément d’importance à la morphologi­e et à la génétique de leur poney, afin de préserver la race originelle.
 ??  ?? En Italie, les Bardigiano sont de vraies stars en attelage, petits, agiles et rapides !
En Italie, les Bardigiano sont de vraies stars en attelage, petits, agiles et rapides !
 ??  ?? Barbaro est le premier poulain Bardigiano né en France, et le premier étalon confirmé.
Barbaro est le premier poulain Bardigiano né en France, et le premier étalon confirmé.
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