Cheval Magazine

Gotilas du Feuillard

Généreux, talentueux, « un look d’enfer », disent même certains, Gotilas est de ces chevaux qui marquent une vie. À 10 ans, ce fils du célébrissi­me Totilas, récemment disparu, associé à Corentin Pottier, enchaîne victoires et podiums. Rencontre avec celui

- PAR ÉLODIE PINGUET.

- avril 2021 - n° 591

Depuis quelques temps (quand c’est possible), il brillait sur les carrés de dressage sous la selle de Corentin Pottier, de l’écurie Pamfou Dressage. Issu de la première génération des fils du célèbre Totilas, avec Ferro pour grand-mère maternelle, Gotilas du Feuillard est de ces chevaux qu’on peut considérer comme une étoile montante de la discipline. Né aux Pays-Bas en 2011, ce KWPN a été importé en France par l’élevage du Feuillard et a fait ses premiers pas avec Barbara Clément Klinger. Cette dernière contacte Camille Judet Cheret et Corentin Pottier en 2017 pour leur parler de ce fils de Totilas

à vendre. « Elle m’a envoyé une vidéo et j’ai tout de suite dit à Corentin qu’on devait aller le voir », se souvient Camille. « C’est vrai qu’il n’était pas démonstrat­if sur la vidéo mais il avait ce quelque chose en plus. Toute la famille y est allée, Corentin l’a essayé et j’ai tout de suite dit que c’était son cheval et qu’on devait l’acheter. Il avait quelque chose de spécial. » Spécial. C’est le mot tout trouvé pour qualifier Gotilas, surnommé Gus : « Gotilas, ça ne lui va pas du tout ! », s’exclame Camille. « Il toise à 1,64 m, c’est un petit poney. En plus, il est coquin et très joueur et pour moi Gotilas fait plus penser à un grand cheval costaud et baraqué. Le nôtre se rapproche plus de notre mini

Jooplaboom que d’un dinosaure. » Ce sera Gus !

Du coeur à l’ouvrage

À son arrivée en Seine-et-Marne, Gus s’adapte peu à peu à la vie de Pamfou, où tous les équidés profitent du paddock, de balades, du marcheur et d’un programme sur-mesure digne des chevaux de haut niveau qu’ils sont : quatre séances de monte par semaine, entrecoupé­es de journées off, une vraie vie de cheval ! « Au début, il ne collait pas tout à fait à notre moule », se souvient Camille.« Quand on le remontait après quelques jours de repos, il était tout le temps à fond. Je pense que notre système lui a aussi appris à se relâcher et ça c’est vraiment important. » Une pensée partagée par Corentin, qui évolue en compétitio­n avec le beau bai brun. Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui rend Gus si spécial ? « La plupart des cavaliers citent avant tout les qualités techniques. Moi je répondrais que c’est sa tête. Bien sûr, il a des capacités pour le dressage au plus haut niveau mais ce qui fait la différence, c’est son caractère et sa bonne volonté. Il n’y a pas une fois où l’on monte dessus et où il va dire non. Il va avoir envie, il va faire, ou essayer du mieux qu’il peut, pour moi c’est son trait de caractère le plus déterminan­t et le plus important. » En 2018, il apparaît sur les carrés en épreuves 7 ans et termine sa saison par le Championna­t du monde des jeunes chevaux à Ermelo (NED), où son résultat (7e) vient couronner une année pleine de régularité, auréolée d’un titre de champion de France au Mans. En 2019, il évolue sur le Petit Tour et sur des reprises niveau Saint Georges. Les victoires et belles performanc­es s’accumulent, aussi bien en épreuves nationales qu’internatio­nales : Waregem (BEL), Nice, 2e au Crozet, 2e à Jiva Hill… avec des scores à 70 % et plus. Rien ne semble pouvoir arrêter Gotilas : « Il est assez complet, très homogène avec des points forts qui sont le galop et une capacité pour le rassembler. Ce n’est pas un cheval qui a une impasse sur un mouvement spécifique », détaille son cavalier. Petite particular­ité qu’ont rencontrée Camille et Corentin dans son apprentiss­age :

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« Bien sûr, il a des capacités pour le dressage au plus haut niveau mais ce qui fait la différence, c’est son caractère et sa bonne volonté. »

« Gus, quand il ne comprend pas, est un peu comme un enfant, qui rature sa copie quand il fait une faute ». Exemple est donné avec l’apprentiss­age du changement de pied au temps, en vue des Grands Prix. « Il faisait très bien les quatre temps, les trois temps et les deux temps », se souvient Camille. « Quand on a essayé sur lui notre méthode habituelle pour les changement­s au temps, il s’est totalement embrouillé, blackout complet. Il ne faisait même plus les changement­s de pied isolés. Puis, un jour, il a eu un déclic et depuis il nous fait de beaux changement­s de pied. Il est encore jeune, mais une fois que quelque chose est acquis, plus besoin de revenir dessus. »

En constante progressio­n

Gus fait figure de bon élève, à la maison comme en concours, où il fait preuve d’un enthousias­me débordant.« À la maison, c’est facile, tout va bien mais en concours il devient une vraie bombe à retardemen­t. Il adore ça, il a une énergie formidable, un petit truc en plus. Il semble vouloir montrer à tout le monde que c’est lui le patron. J’adore, ce n’est plus le même cheval », sourit son cavalier. Sa saison 2020 sera à l’image des deux années précédente­s, constante et couronnée de résultats : 1er en Saint Georges et en Inter I au Mans, second au Championna­t Pro 2 à Vierzon. Il fait ses débuts en Pro 1 sur le Medium Tour à Ygrande en septembre où, encore une fois, il charme les juges, avec deux reprises notées à plus de 70 %. Il enchaîne au Mans, lors du CDI2* où termine 2e derrière l’Allemand Christoph Koschel. Il sera 1er sur la Pro 1, toujours au Mans, un mois après. « On fonde beaucoup d’espoirs en lui. Pour le moment, il n’y a pas de contre performanc­e, il est dans une progressio­n linéaire, forte et on espère que ça ne va pas s’arrêter là », développe Corentin. Après avoir tout raflé sur le Petit Tour, Gus continue tranquille­ment son chemin sur le Medium Tour, au moins jusqu’à la fin de l’hiver. « On a le temps et on a toujours pris le temps, explique Camille, il tourne en Medium tour entre 71 et 73 %, on se dit qu’on a encore une bonne marge de progressio­n. C’est un cheval qui peut avoir des 8 et des 9 sur certaines figures. Évidemment, c’est sa première saison sur ce niveau-là, ce n’est pas régulier. Mais s’il a un jour un 9 sur une pirouette, on sait qu’il peut le dupliquer. Dans notre système, le cheval est monté quatre fois par semaine, on ne le met jamais dans le rouge, il a une très bonne santé. C’est un cheval super généreux, ce qui est délicat avec les chevaux de cette qualité, c’est qu’ils se donnent à 200 % tout le temps. On essaye vraiment d’être à son écoute, c’est aussi pour ça qu’on l’a laissé sur le Medium Tour. On veut que ça soit facile pour lui, qu’on obtienne déjà ça exactement comme on veut avant de le mettre sur le Grand Prix. »

D’après le calcul de l’indice de performanc­e 2020 par l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, Gotilas se classe en 3e position, derrière Sir Donnerhall II et Actuelle de Massa. Avec son physique ravageur et des capacités dignes des plus grands, Gus est assurément un cheval à suivre de près dans les prochains mois, et même les prochaines années. Il a par ailleurs été sélectionn­é sur la première liste de la Fédération Française d’Equitation pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Un chose est sûre, il n’est qu’au début de son parcours, vous allez entendre parler de lui !

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« À la maison, c’est facile, tout va bien, mais en concours il devient une vraie bombe à retardemen­t. Il adore ça, il a une énergie formidable, un petit truc en plus. »

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Le galop est l’un des points forts de ce cheval atypique, aux glorieuses origines.
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À la maison, le beau bai brun évolue aussi sous la selle de Camille Judet, la compagne de Corentin Pottier.
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Gus ne cesse de progresser et n’affiche aucune contre-performanc­e.

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