Cheval Magazine

Indispensa­ble CMV, complément minéral vitaminé

- PAR ÉLODIE PINGUET.

Essentiels au bon développem­ent du cheval, les minéraux et vitamines sont présents dans les pâtures, les fourrages, mais pas en quantités suffisante­s. Il devient alors important de combler le manque minéral de nos équidés avec un CMV, complément minéral vitaminé, parfois encore trop méconnus des cavaliers.

Àl’état sauvage, les chevaux se déplacent et mangent aussi bien de l’herbe, des fruits, divers végétaux. Ils évoluent sur des terrains variés permettant globalemen­t de couvrir leurs besoins. Aujourd’hui, les chevaux domestiqué­s n’ont plus accès à des terrains aussi variés, ils restent souvent dans les mêmes pâtures, parfois soumises aux pollutions environnan­tes et autres surpâturag­es. Pourtant, le cheval a toujours besoin d’une certaine dose de minéraux et de vitamines. Mais alors, comment compenser ce manque ? Grâce aux CMV. Les complément­s minéraux vitaminés, encore appelés AMV, aliment minéral vitaminé. Par définition et au niveau de la législatio­n, ces aliments doivent contenir 40% de minéraux. Attention, même si le terme officiel est AMV, il s’agit bien d’un complément.

Quand donner un CMV ?

La réponse est simple, tout le temps ! La plupart des chevaux vont avoir besoin d’un CMV. Prenons un exemple simple. Pour un cheval nourri seulement au foin et à l’herbe, la question ne se pose pas, il manquera forcément de minéraux et de vitamines. Concernant les chevaux qui reçoivent déjà un aliment, c’est plus complexe. « Les fabricants d’aliments mettent ce qu’on appelle un prémix dans leurs aliments, souvent notifié sous le nom d’additifs, qui est en fait un CMV incorporé à l’aliment », explique Catherine Kaeffer, nutritionn­iste. « L’aliment est fait pour être donné selon les doses recommandé­es par le formulateu­r : par exemple 2 kg par jour pour que les besoins en minéraux du cheval soient couverts. Seulement, si les gens se contentent de ne donner qu’une poignée, ça ne fonctionne­ra pas, les besoins ne seront pas couverts et il faudra ajouter un CMV ». Pour les chevaux tournant en compétitio­n, souvent les doses recommandé­es sont atteintes, il n’y a pas besoin de rajouter un CMV. Seulement attention, lorsque la saison est terminée, que votre cheval est au repos et que vous diminuez sa ration, c’est à ce moment-là qu’un CMV s’avère indispensa­ble.

Quel CMV donner ?

Sur le marché, l’offre de CMV est vaste. Pas toujours facile de s’y retrouver. Malheureus­ement, pour être sûr de tomber juste, il n’y a pas de solutions miracles, la plus fiable reste encore le calcul de ration et un travail sur des valeurs moyennes, avec des marges de sécurité. En effet, chaque cheval est différent et ses besoins aussi, qu’il s’agisse d’un petit ou d’un grand cheval, d’une jument reproductr­ice, d’un jeune ou d’un plus âgé… le volume de travail influe aussi sur les quantités de minéraux et vitamines nécessaire­s. Différente­s tables sur la nutrition du cheval existent et sont éditées par l’Inra. C’est généraleme­nt sur ces valeurs que se basent les nutritionn­istes pour les calculs de ration. On peut déjà partir d’un certain postulat. Si les bottes de foin et l’herbe que consomment votre cheval sont toujours différente­s, la région où il vit, elle, ne change pas. « Pour un cheval, 90 % de son alimentati­on est liée au sol sur lequel il marche. Par exemple, si vous êtes à Brest ou dans une autre ville au bord de la mer, il y a peu de chances que votre cheval ait une carence en iode, contrairem­ent à un cheval qui vit à Lyon ou à Strasbourg. De même, il y a des incontourn­ables au niveau des fourrages, notamment sur le cuivre et le zinc. Dans 90 % des fourrages français, la teneur en cuivre ne permet pas de couvrir les besoins du cheval, de même que pour le zinc, cela concerne près de 75 % des fourrages ». Ainsi, on a de fortes chances de devoir trouver un CMV contenant du cuivre et du zinc. À l’inverse, la plupart des fourrages apporteron­t suffisamme­nt de manganèse et de fer, il faudra ainsi éviter d’en rajouter. On voit parfois des suggestion­s d’analyse de fourrage, mais une fois encore, elle doit être bien réalisée : prendre un peu de foin de tous les rounds, les mélan

Selon la législatio­n, les CMV doivent contenir 40 % de minéraux.

ger et prélever un échantillo­n. Bien sûr, si votre fournisseu­r n’est jamais le même ou que votre foin vient de divers endroits de France, cette analyse est assez peu judicieuse. Bon à savoir, l’utilisatio­n du CMV n’est pas non plus liée à la race : un CMV peut très bien convenir à un selle français du sud de la France mais pas à un cheval de la même race situé à l’autre bout du territoire. Prenez avec retenue les conseils que l’on vous donne, toutes les régions ont leurs particular­ités.

Un CMV peut très bien convenir à un selle français du sud de la France mais pas à un cheval de la même race situé à l’autre bout du territoire.

Les risques causés par les carences

On distingue deux catégories de minéraux : les macro-éléments, ceux qui sont structurel­s comme le calcium et le phosphore, et les oligo-éléments. Par exemple, si votre cheval manque de calcium, il va y avoir un processus de déminérali­sation osseuse. Les oligo-éléments sont tous interconne­ctés et intervienn­ent comme catalyseur­s. Une carence d’un peut générer une autre carence, de même que les excès peuvent aussi générer des carences. Comment cela se traduit-il chez le cheval ? Là est toute la difficulté avec les minéraux. Extérieure­ment, il est possible d’avoir un cheval en parfait état. « Par exemple, s’il manque du cuivre, cela va impacter toutes les réactions pour lesquelles le cuivre est nécessaire. », détaille la nutritionn­iste. « Avec une carence en cuivre, vous allez avoir des soucis au niveau des globules rouges, des sabots et des poils, mais aussi au niveau osseux. En effet, les carences en cuivre sont connues pour être l’un des facteurs principaux de l’ostéochond­rose. Le problème des carences en minéraux, c’est que ça vous donne des symptômes qui n’ont pas l’air d‘être liés. » Si on peut parfois être tenté de faire une prise de sang, sachez que toutes les carences ne se verront pas, l’organisme du cheval se régulant et tentant de trouver une solution. Par exemple, en cas de carence en calcium, l’organisme va déminérali­ser les os pour maintenir son taux de calcium : vous ne verrez rien lors d’une prise de sang mais les dégâts eux, sont bien présents. « Avec une prise de sang, on considère que ce qu’on prélève est le reflet de ce que le cheval mange, moins de ce dont il a besoin. Après, il faut savoir l’interpréte­r. J’ai connu quelqu’un qui habitait en Vendée, près de la mer, dont la jument avait une carence en iode au niveau de la prise de sang. Il s’est avéré qu’elle avait une carence en sélénium et qu’elle surconsomm­ait l’iode. » Autre cas qui peut se présenter chez un cheval rustique carencé : « Il va commencer à faire un peu moins de poils, un peu moins de sabots et son organisme va se mettre à tourner au ralenti. Il va donc consom

mer très peu d’énergie et va la stocker sous forme de graisse. Comme ces chevaux ont arrêté toutes les synthèses non indispensa­bles, ils font un max d’économie. Souvent, dès que vous leurs mettez un CMV, ils relancent leurs synthèses et à ce moment-là commencent à maigrir », explique l’experte.

Le trop, l’ennemi du bien

Si vous pensez ne pas faire de mal à trop donner, détrompez-vous, les excès peuvent être aussi néfastes que les carences. Catherine Kaeffer pense notamment aux excès de phosphore, qui peuvent causer une déminérali­sation osseuse. « C’est assez rare en France mais j’ai déjà vu de tels cas à l’étranger, l’os est devenu poreux. Sur les cas les plus graves, le tendon va même venir creuser l’os ». Faites également attention aux excès de sélénium : « j’ai vu des chevaux perdre les sabots après avoir perdu les crins, heureuseme­nt les propriétai­res s’en sont rendu compte très vite mais les chevaux ont fait quatre mois de clinique ». Pour vous aider à éviter les excès, essayez de ne pas multiplier les produits contenant des minéraux pour vos chevaux, sous peine d’avoir une accumulati­on devenant une dose toxique, par exemple évitez de donner un complément à base d’algue à un cheval vivant près de la mer ou gare à l’excès d’iode !

Pour résumer, partez du principe que chaque cheval aura besoin d’un CMV afin de couvrir ses besoins et de lui assurer une santé solide et un métabolism­e équilibré. En effet, oligo-éléments et vitamines sont les outils de l’organisme et sont indispensa­ble à son bon fonctionne­ment. Trop de problèmes sont encore dus à une alimentati­on incorrecte, faute de savoirs. Tournez-vous vers votre vétérinair­e, un nutritionn­iste équin et intéressez-vous aux tables de l’Inra pour connaître les besoins de votre équidé. Enfin, rappelons-le, un CMV n’est pas à donner en cure, mais bien en continuité, sous peine de voir « l’organisme redémarrer avant de se retrouver d’un coup sans rien ». Vous verrez, votre cheval ne s’en portera que mieux !

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Alimentati­on : le complément minéral vitaminé. 100
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 ??  ?? Dans le commerce, les aliments sont généraleme­nt vendus avec un CMV intégré. Ils couvrent donc les besoins du cheval, à condition bien sûr de donner la dose recommandé­e par le fabricant.
Dans le commerce, les aliments sont généraleme­nt vendus avec un CMV intégré. Ils couvrent donc les besoins du cheval, à condition bien sûr de donner la dose recommandé­e par le fabricant.
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L’alimentati­on des chevaux, et donc les minéraux et vitamines qu’ils trouvent, est liée au sol sur lequel ils évoluent.
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Selon son activité, son âge, sa taille, un cheval n’aura pas les mêmes besoins en terme d’apports.

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