Priscilla Navillod
La jeune femme au caractère de battante a plus d’une corde à son arc. Issue de l’équitation western, elle gravite dans d’autres univers équestres via la physiothérapie et la dentisterie équines.
«J'ai toujours aimé les disciplines de soins, je voulais être assistante-vétérinaire. » Dans ce but, à tout juste 18 ans, Priscilla décroche un diplôme d’auxiliaire de santé animale. Elle a le cheval dans ses gènes. « Je ne sais pas à quel âge j'ai appris à monter, j'ai dû poser mes fesses sur un cheval avant de savoir marcher. » Cavalière pour l’élevage paternel, un problème de genou la prive du plaisir de monter, et puis des bouleversements familiaux l’incitent à prendre du champ. Elle se lance dans l’immobilier, une parenthèse qui durera dix ans, mais le cheval l’accompagne toujours. « J'allais monter tous les matins et j'enchaînais le boulot. » Chassez le naturel, il revient au galop. « Puis j'ai craqué, j'en avais fait le tour. » La trentenaire plaque tout, vie professionnelle, compagnon, et part dans le sud-ouest de l’Angleterre effectuer des stages au sein d’écuries de complet et de CSO, et là c’est l’évidence, c’est sa vie. « Je voulais être dans les soins pour chevaux mais côté sport, ayant toujours eu une âme de compétitrice. » Priscilla va dorénavant s’employer à allier les deux. Elle entame une formation en physiothérapie équine, puis un cursus en dentisterie équine. La jeune Normande ne s’arrête pas là. Après une autre formation effectuée à la Jumenterie du haras du Pin à Exmes (Orne), elle obtient en 2019 son diplôme d’inséminateur équin. Si au départ son univers se cantonnait aux chevaux western, elle s’est intéressée à d’autres disciplines. « J'ai mon coeur dans le reining mais j'ai tout essayé, j'ai beaucoup aimé le CSO, le trot (les courses de trot, ndlr) me passionne, et maintenant je drive mon cheval en amateur. »
Intrépide, curieuse et bosseuse
L’activité de physiothérapeute à laquelle elle consacre la moitié de son temps place Priscilla essentiellement en présence d’une clientèle de sport et de courses. « J'interviens de façon ponctuelle lorsque l'intervention d'un ostéopathe n'a pas suffi à résoudre le problème, ou dans le cadre d'un suivi vétérinaire lorsque le praticien m'envoie sur place pour de la rééducation post-traumatique ou post-opératoire. » Elle intervient sur certains chevaux de sport toutes les semaines, surtout pendant la saison de concours, en revanche dans le milieu des courses hippiques, c’est toute l’année. Parmi ses patients célèbres figurent Face Time Bourbon, double vainqueur du Prix d’Amérique (2020 et 2021), mais aussi Drôle de Jet, Express Jet, deux protégés de
Pierre Vercruysse. « Dans le Galop, ils n'aiment pas que l'on en parle »
mais l’un des plus grands entraîneurs cantiliens fait appel à elle.
« Je soigne actuellement les chevaux de Mario Lurashi sur le tournage d'un film », ajoute-t-elle. En dentisterie, à quelques exceptions près, les chevaux qu’elle suit ne sont pas les mêmes qu’en tant que physiothérapeute. Il y a de tout, de l’âne au shetland au fond d’un champ au trotteur et galopeur super star des hippodromes, en passant par le cheval de concours.
« J'aime aller à la rencontre des gens, leur expliquer l'obligation de montrer la bouche de leur équidé au moins une fois l'an au dentiste. » Son rayon d’action ? L’Hexagone ! « La semaine dernière j'étais à Avignon où mon frère
(John Navillod, cavalier international de reining, ndlr) a son écurie. Bientôt je dois aller en Corse. Et lorsque je vais voir mes amis en Alsace, j'en profite pour “faire” des chevaux. » Priscilla a été élevée dans une famille où « l'on vit à 400 à l'heure » et où les vacances restent un concept abstrait. Ses déplacements mêlent temps libre et travail. Avec son compagnon, Priscilla a l’idée de créer un centre de thalassothérapie et d’insémination
« soit en Normandie ou dans le Sud de la France ». Tous nos voeux l’accompagnent dans cet ambitieux projet.