MÉRENS Petit prince des cimes
Des témoignages rupestres datant de 13 000 ans avant notre ère évoquent ce petit cheval, mais il faudra attendre le milieu du Second Empire pour qu’apparaisse l’appellation officielle de « cheval de Mérens », du nom du village de Mérens-les-Vals, dans les armoiries duquel il est représenté. PAR CHRISTOPHE HERCY. PHOTO : THIERRY SÉGARD.
Cheval à la robe noir zain, il est l'or noir des Pyrénées. Depuis la nuit des temps, il regagne les estives aux premiers beaux jours. La transhumance est un temps-fort dans la vie des éleveurs de cette race rustique, dont le berceau est un vaste terroir qui s'étend de l'Atlantique à la Méditerranée, en passant par l'Ariège. Dès avril, et jusqu'au mois de juin, des troupeaux entament la transhumance ascendante. L'occasion de se « déconfiner » en s'offrant une tranche de vie pastorale version grand angle. Plusieurs voyagistes spécialisés mais également grands élevages vous la proposent. Selon la distance à couvrir, la chevauchée dure de trois à six jours au milieu de paysages d'une beauté à couper le souffle. Par des chemins escarpés, des rivières traversées à gué, des cols, des hêtraies, on atteint, à quelque 1 500 m d'altitude, les zones où les chevaux menés par une « merenguese », jument chef du troupeau, passeront l'été. Si vous ne pouvez les accompagnez lors de leur prochaine ascension, prenez date pour les « démontagner ». Entre fin septembre et novembre, selon les conditions météo, la transhumance d'automne effectue le chemin en sens inverse. D'autres lumières, d'autres ambiances autant d'inoubliables moments vécus auprès de ces petits chevaux dont certains sont semi-sauvages. Le petit cheval à l'attitude débonnaire fait rêver bien des cavaliers de sport. Un professeur-écuyer, nous a même confié : « Je lui trouve une morphologie formidable. On peut aller avec lui en tous lieux et par tous les temps, en sécurité. Le Mérens constituerait un bel épilogue à ma vie de cavalier. » Tout est dit.
- mai 2021 - n° 592