Cheval Magazine

Mathieu Vincent

Coache l’équipe chinoise de CCE

- Propos recueillis par Christophe Hercy.

Matthieu Vincent, dirigeant du Manège de La Chapinière (Loir-et-Cher), coache en dressage l'équipe chinoise de concours complet depuis 2015. « Il faut savoir que 90 % des cavaliers chinois sont en réalité originaire­s du Tibet. Cela est dû à la forte culture équestre de cette région. Pour être détecté, puis espérer intégrer l'équipe chinoise, il faut déjà s'être fait remarquer dans l'équitation traditionn­elle tibétaine. En Chine, tous les sportifs, dont les cavaliers font partie, sont salariés de l'État. Mon implicatio­n en Chine s'est faite grâce à la cavalière internatio­nale de complet Pascale Boutet qui s'occupait là-bas de sa discipline depuis quelques années. Elle se charge du cross et Alexis Champion, du CSO. Voilà comment je suis parti à Pékin pour y retrouver l'équipe du Tibet. Depuis une dizaine d'années, tous leurs chevaux de complet sont achetés en France. Les cavaliers viennent chez moi (Manège de La Chapinière, ndlr), où ils font connaissan­ce avec leurs chevaux. On les engage sur des épreuves pour qu'ils puissent les appréhende­r dans des conditions de concours. Au terme de ce séjour, un avion est affrété pour les chevaux direction Pékin. Il faut savoir que tout cheval quittant le territoire français pour la Chine, ne peut plus ensuite quitter la zone Asie. Je suis au minimum quatre mois par an à Pékin ou à Shangai, au gré de séjours de deux à trois semaines. Cette année ont lieu les Jeux chinois

(tous les quatre ans, et qui se télescopen­t avec les JO, suite à leur report, ndlr), et je peux y passer quasiment la moitié de l'année. Là je m'y rends pour des périodes de 15 jours à un mois. Ces

Jeux chinois sont très importants pour eux, puisque les meilleurs (dans tous les sports, ndlr) intègrent l'équipe nationale en vue de la qualificat­ion des JO. J'entraîne d'autres cavaliers étrangers, mais la spécificit­é de l'Asie, c'est la barrière de la langue, c'est un vrai défi quotidien. On use plus ou moins de l'anglais mais j'ai avec moi un interprète. Je me souviens que les premières reprises que je leur ai fait dérouler, j'ai dû mimer à pied chaque figure par rapport à des lettres qui pour eux ne signifient rien. En France nous avons un vocabulair­e, des expression­s équestres assez riches, mais rien de cela ne se traduit ! Tout doit être interprété tout le temps, c'est une vraie difficulté. On est obligé d'inventer des mots, ce qui conduit quelquefoi­s à des situations assez comiques. Le rapport à la hiérarchie est très différent du nôtre, occidentau­x. Si dans l'écurie un groom ne pose pas correcteme­nt des bandes, vous ne pouvez pas lui dire “Attends, je vais te montrer”. Il faut aller trouver son responsabl­e qui lui-même a un responsabl­e, etc. C'est très compliqué. Malgré tout, en une décennie, l'équitation chinoise est passée d'un niveau amateur, à un bon niveau profession­nel. »

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