Cheval Magazine

Charlotte Fustec

Chargée de projet pour le Label Equures

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Destiné aux structures profession­nelles, le label Equures est en recherche permanente de solutions concrètes pour concilier bien-être animal et préservati­on de l’environnem­ent. Une source d’infos pour les particulie­rs ! Pour un particulie­r qui n’est pas en permanence chez lui, nourrir ses chevaux est chronophag­e au quotidien. Quels sont vos conseils pour à la fois répondre aux besoins fondamenta­ux des chevaux et optimiser le temps de travail du propriétai­re ?

Il faut avoir en tête que le fourrage est la base de l’alimentati­on de tous les chevaux. Pour répondre à ses besoins fondamenta­ux, et pour optimiser le temps de travail du propriétai­re, il est pratique de donner du foin à volonté aux chevaux. Pour les chevaux au pré, il existe de nombreux types de râteliers permettant de garder le foin au sec et d’éviter le gaspillage. Pour les chevaux qui sont une partie du temps au box, il peut être intéressan­t de créer des systèmes d’affourrage­ment communs pour deux boxes contigus permettant de mettre un round de foin pour deux chevaux. Les chevaux ont ainsi accès au foin à volonté, et le propriétai­re n’a pas à remettre du foin tous les jours au box. Des filets ou autres slowfeeder­s peuvent être utilisés pour ralentir l’ingestion du foin et prévenir le surpoids chez certains chevaux.

Comment faire pour éviter que la belle parcelle d’herbe ne se transforme en champ de boue l’hiver et ne soit envahie par les refus l’été ?

L’organisati­on des parcelles et de la boue est l’un des principaux problèmes de la gestion des chevaux chez soi. Il est tout à fait possible de garder les chevaux dehors l’hiver, à condition d’adapter leur gestion aux surfaces en prairies disponible­s. On peut les laisser pâturer si les surfaces en herbe sont suffisante­s et que le sol est assez portant. S’il y a besoin de complément­er les chevaux en fourrages lorsque l’herbe se raréfie, l’idéal est de stabiliser le sol sur un rayon de 10 m autour du râtelier. Cela évite la dégradatio­n liée au piétinemen­t et l’apparition de zones boueuses. Si les surfaces en herbe sont insuffisan­tes, il faut laisser les chevaux sur une aire stabilisée avec abri et foin à volonté durant toute la période hivernale. Pour les chevaux vivant au box, il est possible de leur aménager des paddocks stabilisés pour les sortir au maximum, même l’hiver. Il est conseillé d’enlever régulièrem­ent les crottins qui contribuen­t à une dégradatio­n rapide du sol. Les zones de piétinemen­t (entrée, abord des abreuvoirs et des râteliers) ou les paddocks entiers peuvent être stabilisés afin d’améliorer la portance du sol à l’aide de dalles alvéolées, de sable ou encore de plaquettes de bois. Quelle que soit la solution choisie, il est important de ramasser les crottins sur les zones stabilisée­s pour éviter tout écoulement des jus et toute pollution des sols. Pour une gestion durable de la prairie et donc des refus, il est recommandé de faire du pâturage tournant. Cette technique consiste à diviser la surface offerte en trois à cinq sous-parcelles. Il faut alors faire pâturer chaque sous-parcelle successive­ment pour exploiter le cycle de l’herbe au meilleur stade, avant l’épiaison des graminées. Si cela est possible, il peut être intéressan­t de broyer les refus afin d’éviter que les plantes montent à graine et se multiplien­t (rumex, chardons…). Le hersage, en étalant les crottins, permet également de limiter l’apparition de refus.

Un cheval produit plusieurs kilos de crottins par jour. Existe-t-il des solutions pratiques et accessible­s pour les particulie­rs pour gérer au mieux ces « déchets » ?

Le crottin de cheval fait partie des effluents d’élevage dont le stockage et l’épandage sont régis par le Règlement Sanitaire Départemen­tal (RSD). L’accumulati­on de crottins ou de fumier doit respecter les modalités de stockage sur une surface étanche et les règles de distance vis-à-vis des tiers. Les particulie­rs ont rarement de grosses quantités de fumier, plusieurs solutions sont envisageab­les. La première est de proposer le fumier à un agriculteu­r voisin pour qu’il puisse le composter lui-même et l’épandre dans ses champs. Une autre solution est de le proposer à des jardiniers profession­nels ou amateurs pour enrichir leurs potagers. Autant il est conseillé de ramasser les crottins sur les zones d’affouragem­ent des chevaux, où il y a une certaine concentrat­ion, autant le ramassage systématiq­ue des crottins sur les pâtures n’est pas une solution durable quant au maintien de la fertilité des sols.

- mai 2021 - n° 592

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