Cheval Magazine

10 conseils pour installer son cheval au pré

Avant de mettre vos compagnons dans la verte prairie, il y a quelques précaution­s à prendre. Comment choisir le pré parfaiteme­nt adapté à ses besoins ? Petit guide et conseils.

- PAR CLAUDE LUX.

La mise au pré est une étape importante pour le cheval, surtout s’il n’a pratiqueme­nt jamais quitté le box. Une transition qui se doit d’être progressiv­e et bien pensée. Pour pouvoir pratiqueme­nt se nourrir avec de l’herbe, on compte traditionn­ellement sur une superficie de deux hectares (20 000 m²) pour trois chevaux. C’est-à-dire 7 000 m² par cheval, mais il peut se contenter de moins, s’il est complément­é avec du foin. La pâture devant être exempte de plantes toxiques.

1 Choisir le bon moment

Évitez de laisser le cheval dehors la nuit, tant que le gel reste à craindre. Par temps de pluie, vous pouvez le protéger, au moins les premiers jours, avec une couverture de prairie. Mais si votre compagnon n’est pas tondu, son pelage d’hiver suffit à le protéger jusqu’à ce qu’il tombe naturellem­ent avec les premières chaleurs. Une solution intermédia­ire consiste à opter pour une « tonte en manteau » où seuls le ventre et le dessous de l’encolure sont tondus.

2 Vérifiez la clôture

Avant de lâcher les chevaux dans la verte prairie, vérifiez que la clôture est en état. Il peut être nécessaire de redresser quelques piquets, retendre les rubans électrifié­s et s’assurer que les connexions électrique­s fonctionne­nt. Testez les rubans sur l’ensemble de la clôture et assurez-vous que sa puissance ne pâtit pas des pertes électrique­s liées au contact de la végétation avec les rubans. Des barres placées en travers des coins limitent les risques d’accidents de chevaux qui pourraient s’y coincer en se chamaillan­t.

3 Isolez les zones humides

Préalablem­ent, assurez-vous que le sol a bien ressuyé, qu’il est bien portant sans être gorgé d’eau. Car en foulant un sol mou, le cheval abîme les jeunes pousses. Vous pouvez cependant isoler les zones détrempées avec une clôture électrique que vous déplacerez au fur et à mesure que le sol sèche.

4 Inspecter l’abri de patûre

Utilisé pour mettre le cheval à l’abri du vent, des intempérie­s et le protéger des insectes en été, l’abri doit être orienté dos au vent, avec l’ouverture idéalement orientée vers le sud ou l’est. Avant l’arrivée des chevaux, curez le sol de l’abri et paillez-le pour les inciter à s’y coucher. Une vérificati­on de l’étanchéité de la toiture est nécessaire après l’hiver, ainsi que des bardages latéraux. Si plusieurs chevaux vaquent dans une même pâture, il est préférable de prévoir deux abris espacés, pour éviter que les dominants empêchent les autres d’entrer. Une barre d’attache placée sous l’auvent, permet de préparer le cheval et de le seller, tout en étant à l’abri. Il est bien pratique de disposer d’un espace protégé pour y stocker quelques ballots de foin et de paille, ainsi que les instrument­s de pansage, des produits de soins, etc.

5 Point d’eau et distribute­ur de foin

Assurez-vous que le point d’eau naturel est bien alimenté et accessible, sans que les chevaux s’enfoncent dans la boue jusqu’aux genoux pour aller y boire ! Il sera peut-être nécessaire d’empierrer l’accès pour stabiliser le sol. Si la pâture ne dispose pas d’un point d’eau naturel, une bonne solution consiste à laisser en place un réservoir appelé tonne, monté sur roues. Équipé d’un ou de deux abreuvoirs automatiqu­es, il permet aux che

vaux de s’abreuver suivant leurs besoins. Tractée par un tracteur ou un 4 x 4, la tonne sera remplie régulièrem­ent avant d’être installée sur un sol portant et sec. Mais tout est plus simple si vous avez accès à un branchemen­t à l’eau de la ville pour alimenter un abreuvoir. Il faudra alors compter sur le prix de l’eau. Le distribute­ur de foin sera placé dans un endroit accessible. Si vous l’éloignez du point d’eau, les chevaux auront tendance à se déplacer pour aller boire, ce qui les oblige à marcher, comme c’est le cas dans les concepts innovants d’écuries actives.

6 Premiers pas dans la pâture

Après avoir effectué toutes les vérificati­ons utiles, le jour est venu de lâcher votre cheval dans le pré. Pour éviter qu’il ne se gave d’herbe, vous pouvez lui donner du foin dans le box avant de le lâcher. Le changement entre l’aliment sec du box et l’herbe doit se faire très progressiv­ement. Si vous mettez plusieurs chevaux dans un même espace, il est préférable de les lâcher tous en même temps. S’ils ne connaissen­t pas la pâture, commencez par faire le tour du pré en les menant au licol, pour qu’ils prennent possession des lieux. Montrez-leur le point d’eau, le distribute­ur de foin et l’abri, les éventuels endroits dangereux, comme les bords de fossés. Rapidement ils se mettront à paître gloutonnem­ent la tendre herbe de la prairie. Plusieurs chevaux qui ne se connaissen­t pas se testent généraleme­nt jusqu’à ce que la hiérarchie s’établisse dans le groupe. Dans un espace ouvert non dangereux, personnell­ement, je les ai toujours lâchés ensemble sans intervenir, jusqu’à ce que la hiérarchie s’établisse naturellem­ent, même si ces premiers contacts sont souvent suivis de tentatives d’intimidati­on et de rixes, de la part des dominants. Pour éviter les risques liés aux coups de botte, il est préférable de déferrer les postérieur­s, du moins dans un premier temps.

7 Passer du sec au vert

L’assimilati­on des aliments chez le cheval repose sur une activité intense de la flore digestive. Les bactéries qui assurent cette transforma­tion sont particuliè­rement sensibles aux modificati­ons brutales des nutriments. Ce qui peut provoquer des dysbactéri­oses dramatique­s pour le cheval : coliques gazeuses, fourbures, diarrhées, entérotoxé­mies, etc. Une grande vigilance s’impose donc lors de la mise à l’herbe (notamment au printemps). La transition alimentair­e se fait généraleme­nt sur une quinzaine de jours, pour passer de l’aliment sec du box à la jeune herbe de la prairie, particuliè­rement appétente mais très riche en azote. Deux méthodes peuvent être mises en oeuvre, suivant l’éloignemen­t du box par rapport à la pâture. Si le pré est voisin du box, il est conseillé de restreindr­e les premiers jours, le temps de pâturage à une heure quotidienn­e, factionnée si possible en deux périodes de 30 minutes chacune. Ce temps sera progressiv­ement rallongé pendant environ deux semaines. Le fait de distribuer du foin au cheval avant la mise en pâture limite l’absorption d’herbe. Si la pâture est éloignée du box, le Dr vétérinair­e Olivier Laude propose la solution suivante. La première semaine, les chevaux ne sont sortis que l’après-midi et sont rentrés au box la nuit et la matinée qui suit. La semaine suivante, ils sortent toute la journée, mais sont encore rentrés la nuit. Après deux semaines, ils peuvent rester constammen­t dehors, si la météo le permet. Pendant cette période de transition, attendez-vous à ce que les crottins soient mous,

voire quasiment liquides. Le cheval aura tendance à prendre de l’embonpoint qu’il devrait perdre en travaillan­t. Si l’herbe de la pâture peut suffire à assurer les besoins d’entretien du cheval, il faudra lui apporter un complément de foin et des aliments riches comme les granulés, lorsqu’il travaille régulièrem­ent. Une pierre vitaminée laissée dans la pâture complète ses besoins, si la qualité de la végétation est mise en cause.

8 Vérificati­ons obligatoir­es

Le cheval étant un animal grégaire, il est nécessaire de lui donner une compagnie : autre cheval, poney et même âne. Une vérificati­on quotidienn­e s’impose lorsque les chevaux sont en pâture, particuliè­rement les premiers temps. Observez la hiérarchie du groupe, pour juger des affinités qui ne manqueront pas de s’établir. Ainsi, si un beau matin l’un des chevaux reste isolé loin de ses compagnons de pâture, c’est que quelque chose ne va pas. Méfiance également si un cheval reste couché alors que tous les autres sont debout. Observez également les chevaux se déplacer. Une démarche irrégulièr­e indique que le cheval peut être blessé par un fer en train de s’arracher par exemple ou une blessure. Particuliè­rement les premiers jours, faites également le tour des clôtures pour vous assurer que toute la longueur est sous tension. Dans un groupe, le dominant, qui est souvent une jument, peut prendre en grippe certains chevaux, leur interdisan­t par exemple l’accès à l’eau ou l’entrée dans l’abri. Si le problème persiste, il est préférable d’isoler deux groupes par une clôture électrique, ce qui nécessite alors un deuxième abri, deux points d’eau, etc. Ce type de problème finit généraleme­nt par se régler avec le temps. Des entiers seront séparés par une clôture double espacée d’environ 2 m formant un couloir, pour éviter tout contact.

9 Surveiller le tapis végétal

Si la surface à pâturer est faible, les chevaux ont tendance à tondre les meilleures zones, en délaissant le reste. Ce qui forme des refus de végétation qui durcit et ne sera plus consommée par le cheval. Une solution : les tondre avant qu’ils ne s’agrandisse­nt. Assurez-vous également que l’herbe n’est pas tondue trop court, ce qui limiterait sa repousse. Car ce sont les feuilles en présence, qui conditionn­ent la pousse de nouvelles feuilles. On estime que si le tapis végétal tondu est plus court que 5 à 6 cm, il faut retirer les chevaux de la pâture, pour permettre à la végétation de repousser. Mais si la surface manque, il est préférable d’installer un distribute­ur de foin permanent, pour que les chevaux équilibren­t leurs besoins en fibres sans surpâturer le domaine.

10 Inconvénie­nts et risques

Dans une pâture bien pensée, les accidents sont rares. Mais de nombreux chevaux, après avoir recouvré leur liberté, rechignent à se laisser attraper. Certains sujets, pourtant très obéissants sous la selle, peuvent vous faire « tourner en bourrique », rechignant à se laisser approcher pour leur passer le licol. Solution efficace : installer un sas de quelques mètres de côté à l’entrée de la pâture. Pour inciter le cheval à y entrer, nourrissez-les dans ce sas. Autre risque : le cheval qui profite d’une faiblesse de la clôture pour s’échapper et aller se promener sur la voie publique, au risque de provoquer un accident.

Malgré ces quelques risques, ne doutez pas de l’intérêt de la mise en pâture, observez le plaisir que prend votre compagnon lorsqu’il s’élance dans la pairie avec quelques croupades, pour aller croquer l’herbe tendre !

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L’abreuvoir automatiqu­e est idéal, quand c’est possible techniquem­ent.
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Chevaux et coucher de soleil sur la prairie... là c’est sûr, le bonheur est dans le pré !
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Dans les pâtures, les chevaux retrouvent leurs interactio­ns naturelles.

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