Cheval Magazine

THIBAUT VALLETTE

« Qing est le cheval de ma vie »

- PAR ÉLODIE PINGUET. PHOTOS : ALAIN LAURIOUX.

Depuis des années, des cavaliers en tunique noire montent sur les podiums des compétitio­ns internatio­nales. Parmi eux, le cavalier olympique et lieutenant-colonel Thibaut Vallette, qui brille avec Qing du Briot sur les plus beaux championna­ts. Rencontre.

«Il y a deux choses que j’aime, les chevaux et la montagne. » Voilà comment résumer le parcours de vie du lieutenant-colonel Thibaut Vallette. Nous l’avons rencontré sur ses terres d’adoption, dans le salon des écuyers du Cadre noir de Saumur, entre deux chevaux à monter, il nous a accordé une petite pause dans son emploi du temps réglé au cordeau. C’est avec passion, et sans faire attention au précieux temps qui file, qu’il partage avec nous les différente­s facettes de sa vie à Saumur. Évoquer son parcours de cavalier, c’est d’abord décrypter son parcours militaire : trois années à Saint-Cyr, à l’issue desquelles il choisit de se diriger vers la cavalerie (qui correspond aujourd’hui aux blindés) en 1999. « J’y ai fait une année pour apprendre le métier de chef de peloton », se souvient-il. « Après cette année, on choisit un régiment en fonction de son classement. On ne pouvait pas partir dans les chevaux tout de suite mais j’ai eu la chance de pouvoir demander un régiment de montagne. Je suis parti à Gap pendant trois ans, de 1999 à 2002. » Chef de peloton, il réalise pendant cette période plusieurs opération extérieure­s.

Des blindés aux sports équestres militaires

Le parcours de cavalier de l’écuyer commence comme n’importe quel amoureux des chevaux, par des cours en centre équestre. « Mon père travaillai­t dans les douanes. On déménageai­t souvent et il y avait des villes où je ne montais pas à cheval. Je n’ai pas fait de circuit Junior ou Jeune Cavalier car je faisais mes études. » Idem pendant son séjour à Gap. Mais la passion revient au galop lorsqu’il a la possibilit­é de postuler en 2002 pour la filière équestre militaire : « Ça me trottait toujours dans la tête. J’ai passé les tests et j’ai été pris. J’ai quitté Gap un peu à regret pour arriver à l’École militaire d’équitation (EME) de Fontainebl­eau en 2003 ». Pendant un an, les militaires passent le monitorat et se voient confier un jeune cheval de 5 ans pour courir le circuit Jeunes chevaux, ses premiers pas en compétitio­n. C’est là que Thibaut rentre dans le monde du concours complet, « parce que j’avais un cheval plutôt fait pour ça ». Après son année à Fontainebl­eau, il est muté comme adjoint de la section équestre de

Saumur : « Je donnais des cours et je sortais en compétitio­n avec les trois-quatre chevaux qui m’étaient confiés ». Quelques années plus tard, après un passage à Compiègne pour obtenir son diplôme d’état-major, le militaire est détaché du Ministère de la Défense ici, au Cadre noir de Saumur. Nous sommes en 2009 et le lieutenant-colonel Thibaut Valnos lette s’apprête à vivre un nouveau tournant dans sa carrière. La première année, les nouveaux écuyers apprennent le métier avec les sauteurs et les chevaux de manège, ils donnent des cours et font quelques présentati­ons publiques.

Un an après, ils peuvent revêtir l’habit noir et participer aux galas. Aujourd’hui, le Cadre noir de Saumur compte sept écuyers militaires. Ces derniers partagent leur temps entre leurs chevaux de sport, leurs chevaux de manège et la formation. À son arrivée sur le site, c’est tout naturellem­ent queThibaut Valette a intégré l’écurie de complet. Quand le cavalier n’est pas accaparé par

questions, ses journées sont assez millimétré­es et demandent de l’organisati­on.

Une vie à 100 à l’heure !

« En ce moment, je n’ai plus qu’un cheval de gala, un sauteur est parti à la retraite et je n’en ai pas récupéré pour le moment. Tous les matins, nous avons des créneaux de préparatio­n pour les chevaux du Cadre, à 9 h pour les chevaux de manège, à 10 h et à 11 h pour les sauteurs. » Dans le salon des écuyers, il nous montre un tableau avec un calendrier renseignan­t les différente­s présentati­ons et manifestat­ions. Et un tableau n’en serait pas un sans son code couleur, bien connu des écuyers du Cadre ! Rose pour les présentati­ons extérieure­s à Saumur, orange pour les présentati­ons publiques… Il y a de quoi s’y perdre mais pour notre interlocut­eur, il n’y a rien de plus clair. « On s’organise en fonction de tout ça, même si avec six chevaux, dont deux jeunes chevaux de cinq ans et deux de six ans, plus Qing, je dois avoir le piquet le plus light depuis que je suis ici. On a aussi des cours à donner. De mon côté, je m’occupe des première et deuxième années en formation initiale, pour ceux qui font du complet. Ce qui est bien, c’est qu’ils sont peu nombreux, deux dans chaque niveau, donc on fait du travail à la carte, ça permet de faire avancer les chevaux. » Pour le personnel administra­tif de l’Ifce, qui a ses bureaux face à la carrière principale, les journées toutes aussi chargées sont ponctuées par le passage, deux fois par jour, de Qing (du Briot, selle français, 2004, propriété de l’fce) et de son cavalier, qui a à coeur le bien-être de son acolyte : « Je le monte deux fois par jour, je commence ma journée avec lui, on va faire une balade ou un trotting sur les pistes, et l’après-midi une séance de travail ». Le cavalier participe aux galas, mais peut en être exempté s’ils tombent au moment de la préparatio­n d’une grosse échéance sportive.

« La première année, les nouveaux écuyers apprennent le métier avec les sauteurs et les chevaux de manège. »

Qing, le cheval d’une vie

L’histoire de Qing et de Thibaut Vallette est avant tout le fruit du hasard. Repéré en concours par l’écuyer Gildas Flament, il est acheté par le Cadre noir à ses six ans. Confié à Gildas, Qing découvre les terrains de concours complet pendant son année de sept ans. Quand, à la fin de cette année, Gildas Flament a arrêté le complet au profit du dressage, l’écuyer en chef, le Colonel Faure, décide que le cheval restera dans l’écurie de complet. C’est ainsi que le brillant petit cheval est propulsé sous la selle de Thibaut Vallette, et qu’ils ont peu à peu gravi les échelons. Il parle

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Le lieutenant-colonel Thibaut Vallette, au premier plan, et les autres écuyers travaillen­t à pied avec les sauteurs.
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