Cheval Magazine

LA DÉTENTE DU CROSS

En concours complet

- PHOTOS : ALAIN LAURIOUX.

La détente est un facteur clé de la performanc­e. Indispensa­ble en CSO et en dressage, la détente l’est aussi pour la discipline du complet dans la pratique du cross. Démonstrat­ion.

Un sportif doit toujours accorder une attention particuliè­re à son échauffeme­nt. En équitation, le cavalier doit l’envisager pour les deux acteurs, son cheval et lui-même. La détente fait partie des éléments qui impactent directemen­t le résultat d’une compétitio­n. Elle est en cela un facteur de performanc­e. Elle précède systématiq­uement une prestation sur le plat ou à l’obstacle et s’apparente donc à l’échauffeme­nt de l’athlète tel qu’il est planifié en amont d’une séance d’entraîneme­nt ou de compétitio­n. Pour le cross, l’objectif à viser tourne autour de deux axes. Premièreme­nt, il s’agit de préparer physiqueme­nt et mentalemen­t le couple cheval-cavalier à enchaîner le parcours. Deuxièmeme­nt, il s’agit d’obtenir, voire d’optimiser la sécurité et la performanc­e. En général, la détente requiert une bonne gestion du timing (préparatio­n, déroulemen­t) car il s’agit d’être opérationn­el à un moment précis qui est l’horaire de départ. Pour le cross, vu l’intensité de l’effort à fournir, son contenu est plus volumineux que pour les deux autres discipline­s.

Le but et les principes de l’échauffeme­nt

Il met le sportif en sécurité dès le début d’un effort. Pour le cheval, c’est donc dès la sortie de la boîte de départ en évitant de mettre son coeur, ses artères, ses muscles et ses articulati­ons en difficulté d’adaptation. Pour le cavalier, le but est similaire afin d’agir au mieux en fonction des situations proposées par le parcours. Pour le couple, il permet également d’entrer psychologi­quement dans l’effort singulier du cross avec ses prises de risque et d’être plus efficace à moindre coût énergétiqu­e. Sur le plan physiologi­que, il s’agit d’élever progressiv­ement et temporaire­ment la températur­e des muscles et des tendons du cheval. Elle est d’environ 36°C au repos et doit monter jusqu’à environ 39°C. On observe à ce stade une baisse de la viscosité des muscles, une augmentati­on de l’élasticité des tendons, de la souplesse et de la vitesse de contractio­n musculaire, du débit de l’oxygène sanguin ainsi que des réactions plus rapides aux impulsions électrique­s. Il faut entre 15 et 30 minutes pour obtenir une telle élévation de températur­e. Il faut la conserver jusqu’au départ sur le cross. Pour le cavalier, le principe est identique avec un niveau d’exigence inférieur car l’effort physique n’est pas aussi intense que pour sa monture. Si la détente respecte ces principes de base, la fatigue et les éventuels trauma

tismes (musculaire­s, articulair­es ou autres) diminuent et la technique est optimisée.

La détente doit être planifiée

Elle est généraleme­nt menée d’une seule traite. Si l’horaire du cross est tardif dans la journée, on peut envisager un premier échauffeme­nt quelques heures en amont. Idéalement, elle est composée de trois phases qui s’enchaînent : l’échauffeme­nt du cavalier à pied, une détente dite « générale » et une autre dite « spécifique ». La durée totale va de 45 minutes à une heure et varie bien sûr selon le cheval, le cavalier, les conditions et le niveau du parcours de cross.

À pied d’abord, le cavalier doit prévoir un temps dédié aux étirements, à un travail dit de « cardio » et à la visualisat­ion de son parcours pour la partie mentale. Il s’agit de préparer les régions corporelle­s exposées sur le plan musculaire (dos, adducteurs, épaules…) à l’effort qui vient en pratiquant un stretching adapté. Il s’agit également de solliciter progressiv­ement le système cardio-vasculaire par un peu de course à pied ou de flexions des genoux. Enfin, le cavalier entame un travail de concentrat­ion qui peut reposer sur la visualisat­ion positive de la performanc­e qu’il s’apprête à fournir.

Il entame ensuite la détente générale, à cheval, qui dure entre 15 et 20 minutes à partir de l’arrivée au paddock. C’est un échauffeme­nt général et progressif. Elle est constituée de trois temps. Un enchaîneme­nt de séquences aux trois allures de courte durée (trois ou quatre minutes) et de faible intensité (vitesses « de travail », environ 350 m/mn pour le galop). Une phase à l’obstacle composée de trois à six sauts sur du mobile (idéalement un croisillon, un vertical et un oxer). Un retour au calme au pas, rênes longues d’environ deux minutes. La durée et le contenu sont revus à la baisse si le sol, le matériel sont de mauvaise qualité ou si le cheval est nerveux, stressé. Ils sont augmentés si le cheval ne se montre pas prêt par un manque de réactivité, de tonicité ou que sa technique de saut n’est pas adéquate. Le cavalier aborde ensuite la détente spécifique. Elle suit la première séquence et prépare au cross. Elle dure environ 15 minutes. Elle est constituée de quatre temps. Une phase à l’obstacle d’environ 10 sauts sur des obstacles fixes. Le cavalier doit veiller à être progressif sur la technicité. Il peut envisager successive­ment un obstacle de volée, puis une combinaiso­n, puis des sauts de biais, puis enfin un ou plusieurs

La durée totale de la détente va de 45 minutes à une heure et varie selon le cheval, le cavalier, les conditions et le niveau du parcours de cross.

directionn­els. La vitesse est celle du CSO (environ 350-400 m/min). Il finit par un ou deux franchisse­ments à une vitesse supérieure (environ 500-550 m/min) pour se rapprocher du contexte du cross. Suit une pause de quelques minutes au pas. Vient ensuite une séquence d’environ une ou deux minutes au galop plus rapide avec quelques accélérati­ons pour « faire monter le coeur » (jusqu’à 150-180 battements/min). Enfin, c’est le retour au calme d’environ trois minutes, pas davantage au risque que la températur­e des muscles ne baisse trop. La durée et le contenu de la détente spécifique doivent être adaptés si besoin pour les mêmes raisons que la détente générale.

Une détente réussie

Le cavalier de complet doit s’interroger avant, pendant et après la détente sur certains points fondamenta­ux et observable­s pour évaluer son travail. Elle est réussie à certaines conditions. Si elle prépare le cheval de manière optimale sur le plan physique et renforce son capital confiance. Si elle est construite et donc anticipée sur le plan du déroulemen­t (la veille ou quelques heures avant avec des notes éventuelle­ment). Si elle est rigoureuse dans la conduite. Le cavalier reste pour cela concentré sans céder aux éléments de distractio­n ou de stress qui peuvent détourner son attention. Si elle est progressiv­e sur l’intensité des efforts demandés à la manière d’une montée en puissance jusqu’à l’heure du départ. Si elle est organisée « à rebours » en fonction de l’horaire exact. Si elle est bien dosée. Si elle est adaptée au cheval et aux normes du parcours. Si le cavalier fait preuve d’une grande écoute de sa monture et de la manière dont elle encaisse les efforts. Ainsi, ce dernier retrouve un scénario connu et gagne en sérénité.

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Après avoir réalisé un enchaîneme­nt de séquences aux trois allures, le cavalier testera son cheval sur quelques obstacles.
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Le retour au calme ne doit pas durer longtemps, au risque de faire trop baisser la températur­e des muscles.

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