LA DÉTENTE DU CROSS
En concours complet
La détente est un facteur clé de la performance. Indispensable en CSO et en dressage, la détente l’est aussi pour la discipline du complet dans la pratique du cross. Démonstration.
Un sportif doit toujours accorder une attention particulière à son échauffement. En équitation, le cavalier doit l’envisager pour les deux acteurs, son cheval et lui-même. La détente fait partie des éléments qui impactent directement le résultat d’une compétition. Elle est en cela un facteur de performance. Elle précède systématiquement une prestation sur le plat ou à l’obstacle et s’apparente donc à l’échauffement de l’athlète tel qu’il est planifié en amont d’une séance d’entraînement ou de compétition. Pour le cross, l’objectif à viser tourne autour de deux axes. Premièrement, il s’agit de préparer physiquement et mentalement le couple cheval-cavalier à enchaîner le parcours. Deuxièmement, il s’agit d’obtenir, voire d’optimiser la sécurité et la performance. En général, la détente requiert une bonne gestion du timing (préparation, déroulement) car il s’agit d’être opérationnel à un moment précis qui est l’horaire de départ. Pour le cross, vu l’intensité de l’effort à fournir, son contenu est plus volumineux que pour les deux autres disciplines.
Le but et les principes de l’échauffement
Il met le sportif en sécurité dès le début d’un effort. Pour le cheval, c’est donc dès la sortie de la boîte de départ en évitant de mettre son coeur, ses artères, ses muscles et ses articulations en difficulté d’adaptation. Pour le cavalier, le but est similaire afin d’agir au mieux en fonction des situations proposées par le parcours. Pour le couple, il permet également d’entrer psychologiquement dans l’effort singulier du cross avec ses prises de risque et d’être plus efficace à moindre coût énergétique. Sur le plan physiologique, il s’agit d’élever progressivement et temporairement la température des muscles et des tendons du cheval. Elle est d’environ 36°C au repos et doit monter jusqu’à environ 39°C. On observe à ce stade une baisse de la viscosité des muscles, une augmentation de l’élasticité des tendons, de la souplesse et de la vitesse de contraction musculaire, du débit de l’oxygène sanguin ainsi que des réactions plus rapides aux impulsions électriques. Il faut entre 15 et 30 minutes pour obtenir une telle élévation de température. Il faut la conserver jusqu’au départ sur le cross. Pour le cavalier, le principe est identique avec un niveau d’exigence inférieur car l’effort physique n’est pas aussi intense que pour sa monture. Si la détente respecte ces principes de base, la fatigue et les éventuels trauma
tismes (musculaires, articulaires ou autres) diminuent et la technique est optimisée.
La détente doit être planifiée
Elle est généralement menée d’une seule traite. Si l’horaire du cross est tardif dans la journée, on peut envisager un premier échauffement quelques heures en amont. Idéalement, elle est composée de trois phases qui s’enchaînent : l’échauffement du cavalier à pied, une détente dite « générale » et une autre dite « spécifique ». La durée totale va de 45 minutes à une heure et varie bien sûr selon le cheval, le cavalier, les conditions et le niveau du parcours de cross.
À pied d’abord, le cavalier doit prévoir un temps dédié aux étirements, à un travail dit de « cardio » et à la visualisation de son parcours pour la partie mentale. Il s’agit de préparer les régions corporelles exposées sur le plan musculaire (dos, adducteurs, épaules…) à l’effort qui vient en pratiquant un stretching adapté. Il s’agit également de solliciter progressivement le système cardio-vasculaire par un peu de course à pied ou de flexions des genoux. Enfin, le cavalier entame un travail de concentration qui peut reposer sur la visualisation positive de la performance qu’il s’apprête à fournir.
Il entame ensuite la détente générale, à cheval, qui dure entre 15 et 20 minutes à partir de l’arrivée au paddock. C’est un échauffement général et progressif. Elle est constituée de trois temps. Un enchaînement de séquences aux trois allures de courte durée (trois ou quatre minutes) et de faible intensité (vitesses « de travail », environ 350 m/mn pour le galop). Une phase à l’obstacle composée de trois à six sauts sur du mobile (idéalement un croisillon, un vertical et un oxer). Un retour au calme au pas, rênes longues d’environ deux minutes. La durée et le contenu sont revus à la baisse si le sol, le matériel sont de mauvaise qualité ou si le cheval est nerveux, stressé. Ils sont augmentés si le cheval ne se montre pas prêt par un manque de réactivité, de tonicité ou que sa technique de saut n’est pas adéquate. Le cavalier aborde ensuite la détente spécifique. Elle suit la première séquence et prépare au cross. Elle dure environ 15 minutes. Elle est constituée de quatre temps. Une phase à l’obstacle d’environ 10 sauts sur des obstacles fixes. Le cavalier doit veiller à être progressif sur la technicité. Il peut envisager successivement un obstacle de volée, puis une combinaison, puis des sauts de biais, puis enfin un ou plusieurs
La durée totale de la détente va de 45 minutes à une heure et varie selon le cheval, le cavalier, les conditions et le niveau du parcours de cross.
directionnels. La vitesse est celle du CSO (environ 350-400 m/min). Il finit par un ou deux franchissements à une vitesse supérieure (environ 500-550 m/min) pour se rapprocher du contexte du cross. Suit une pause de quelques minutes au pas. Vient ensuite une séquence d’environ une ou deux minutes au galop plus rapide avec quelques accélérations pour « faire monter le coeur » (jusqu’à 150-180 battements/min). Enfin, c’est le retour au calme d’environ trois minutes, pas davantage au risque que la température des muscles ne baisse trop. La durée et le contenu de la détente spécifique doivent être adaptés si besoin pour les mêmes raisons que la détente générale.
Une détente réussie
Le cavalier de complet doit s’interroger avant, pendant et après la détente sur certains points fondamentaux et observables pour évaluer son travail. Elle est réussie à certaines conditions. Si elle prépare le cheval de manière optimale sur le plan physique et renforce son capital confiance. Si elle est construite et donc anticipée sur le plan du déroulement (la veille ou quelques heures avant avec des notes éventuellement). Si elle est rigoureuse dans la conduite. Le cavalier reste pour cela concentré sans céder aux éléments de distraction ou de stress qui peuvent détourner son attention. Si elle est progressive sur l’intensité des efforts demandés à la manière d’une montée en puissance jusqu’à l’heure du départ. Si elle est organisée « à rebours » en fonction de l’horaire exact. Si elle est bien dosée. Si elle est adaptée au cheval et aux normes du parcours. Si le cavalier fait preuve d’une grande écoute de sa monture et de la manière dont elle encaisse les efforts. Ainsi, ce dernier retrouve un scénario connu et gagne en sérénité.