3 QUESTIONS À…
LE CHEVAL EST SON PARTENAIRE DE TRAVAIL. DEPUIS QUATRE ANS, MATHILDE CARMONA ACCOMPAGNE PRÈS DU MANS DIFFÉRENTS PROFILS, PETITS, GRANDS, ET JEUNES EN DIFFICULTÉ.
Cheval magazine : Quelles sont les différentes étapes de votre travail ? Mathilde Carmona : La première étape est de clarifier la demande et la situation auprès du parent, de l’éducateur, de l’accompagnant, mais aussi du jeune. Lorsqu’il est question d’activités avec des chevaux, l’imaginaire s’envole. Mon activité s’inscrit dans un accompagnement thérapeutique de la relation au cheval, et de le distinguer de l’apprentissage de l’équitation. Très rapidement, nous allons aborder la relation au cheval, dans le champ du plaisir et du respect. Plein de choses apparaissent : des freins, des croyances, des peurs. C’est là-dessus que je vais travailler. Je vais travailler sur ce qui vient bloquer la relation. Cela passe par les mots, mais pas seulement. Parfois ça ne se dit pas. Avec le cheval, on est dans le langage animal. Il ne s’agit pas de mots entre le patient et l’animal. On est pleinement dans le savoir être. Que l’enfant soit habile dans la communication verbale ou non, il va prendre conscience de toutes ses qualités auprès du cheval. L’enfant va profiter de la présence bienveillante du cheval. Je vais mettre en place des activités parfois plus participatives avec le cheval : le travail sur les sensations corporelles, sur la respiration, sur la concentration mentale… Et aussi des activités collaboratives pour que les enfants développent leurs compétences psychosociales. En faisant sortir les gens de leur zone de confort, on vient agir sur les peurs, les freins, et on arrive à apporter de la souplesse et du bien-être. Le cheval est mon partenaire, il a différentes missions, différentes fonctions. Dans sa présence, dans le portage ou même dans le travail à pied, il apporte beaucoup.
CM: Avez-vous davantage de demandes ces derniers temps ?
Comment est perçu votre travail ? MC: Je n’ai pas un très grand recul, mais je trouve que ces pratiques sont de plus en plus ancrées. J’ai régulièrement des parents qui me contactent sur les conseils de psychologues et d’autres professionnels. Ce qui est intéressant, c’est la façon dont les professionnels médico-sociaux orientent les patients vers nous. Cela vient apporter de la légitimité à notre travail. Il y a quelques années, notre travail pouvait paraître aux yeux de certains comme un peu obscur. C’est aujourd’hui quelque chose de plus clair pour les gens. Non, le cheval n’a pas une baguette magique. Mais ses bienfaits sont reconnus. Les gens sont aussi davantage engagés, ils sont plus prêts à travailler sur euxmêmes. Ils ont envie d’être avec la nature, d’être avec le cheval.
CM: Avec quels types de chevaux travaillez-vous ?
MC: J’ai cinq chevaux, du shetland au grand cheval. J’ai des chevaux froids et porteurs pour les activités dans le champ du handicap. J’ai aussi des chevaux qui sont demandeurs de contact, d’interactions, qui sont curieux, qui parlent. Le cheval qui accepte tout et qui ne dit rien n’est pas forcément toujours adapté. J’ai besoin aussi d’un cheval qui puisse dire non, qui sait poser ses limites sans bien sûr aucun danger.