Ascendance artistique
La grand-mère paternelle de Joël Person avait pour cousin Paul Magne de La Croix. Celui-ci, cavalier, fut un peintre animalier réputé du début du XXe siècle, notamment pour ses oeuvres de chevaux et de vènerie. Cependant, c’est Le supplice de Brunehaut, un tableau gigantesque qui ornait l’un des murs de la maison familiale en Bretagne, qui a profondément marqué Joël Person. Il le décrit. « Une femme nue (Brunehaut, qui sera reine des Francs, ndlr) est attachée par les cheveux à la queue d’un cheval qui nous arrive dessus. La scène se déroule au milieu de rochers, dont j’ai découvert récemment qu’ils dissimulaient des formes érotiques. » Son travail semble s’en nourrir car de Joël Person superpose le cheval, la sexualité et l’interdit. « En plus d’être un symbole de liberté, conclut-il, le cheval me rappelle la nudité des corps. »
érotique et dramatique, surtout au niveau de la tête du cheval effrayé. » Sur une étagère trône une terre cuite protégée par une vitrine. « C’est un cheval Tang qui vient de Chine », où sa branche maternelle a longtemps vécu au siècle dernier. « Mon rapport au cheval est familial, mais moi je ne suis jamais monté à cheval », souligne le dessinateur. Cet objet d’art a joué dès l’enfance un rôle déterminant. Côté paternel, c’est l’Afrique qui domine, continent où d’ailleurs Joël Person est né. Dès l’enfance, la pratique innée du dessin, notamment du cheval, est sa bouée de secours, sa propre écriture, lui le gaucher, le dyslexique. Il se sent marginal dans sa manière de ressentir les choses, mais prend conscience qu’à travers le dessin, il comprend le monde qui l’entoure. Il dit avoir une mémoire précise de ses premiers croquis réalisés sur le vif des animaux de la ménagerie du Jardin des Plantes. Jeune ado, Joël Person découvre l’univers de la BD grâce à son père, universitaire et homme de gauche, très ouvert sur tous les arts. « Il m’achetait des revues pour adultes que je n’avais pas le droit de lire comme Métal Hurlant, cela m’a beaucoup influencé. » À cette époque, il voulait imiter Blueberry et il réalise à l’encre de Chine une bande dessinée où figurent des chevaux. Le scénario s’inspire de L’auberge de la Jamaïque, un roman offert par sa mère. S’étant consacré d’abord au portrait, il privilégie les thèmes du cheval et les poses érotiques, autre thématique de son oeuvre. Dès les années 90, dans le petit cercle des artistes équestres, Joël Person se fait très vite une place. Il est primé à plusieurs reprises au Festival Art’Cheval de Saumur, avant de devenir à son tour membre du jury. Des galeristes ainsi que des esthètes, dont le grand collectionneur Jérôme Guerrand-Hermès, remarquent son travail. Ce dernier acquiert nombre de ses dessins, qui sont aujourd’hui exposés soit dans les boutiques ou les ateliers de la prestigieuse maison, au sein de la collection Émile Hermès. Il fut aussi artiste en résidence en Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Irlande, Chine et en France, à Saumur, des pays où le cheval conserve une dimension patrimoniale. Dès la fin du mois et jusqu’au 13 août, Joël Person sera invité en résidence au Festival musical de Prades (Pyrénées-Orientales). Durant cette quinzaine, il va s’immerger dans un autre univers et dessiner sur le vif les musiciens et le public, son travail sera exposé d’un jour sur l’autre. Pour clore ce portrait empruntons à Philippe Godin, critique d’art, ce qu’il écrit à propos du travail de Joël Person. « La force de son oeuvre est de nous emporter avec le seul recours du dessin vers le mystère de l’art ; son insatiable désir d’ailleurs... »
À voir :
Jusqu’au 31 juillet, exposition de dessins , Loo&Lou Gallery, à Paris.
Du 19 septembre 2021 jusqu’en janvier 2022 au Musée Jenisch à Vevey (Suisse). Thème XXL, consacrée aux grands formats, et où deux panneaux des Chevaux de l’Apocalypse seront présentés.